Le résultat n’a pas été celui escompté pour le premier match de l’histoire des Lions de Trois-Rivières. Mais la foule, ravie de faire connaissance avec son équipe, ne l’a jamais abandonnée dans la défaite de 6-3. « Lions ! Lions ! Lions ! », a-t-elle même scandé en fin de match.

Les Lions de Trois-Rivières auraient sans doute souhaité offrir un meilleur spectacle aux quelque 4500 partisans présents dans les gradins à l’occasion de leur soirée inaugurale. Celle-ci avait plutôt bien commencé, d’ailleurs.

Une espèce de bonheur collectif flottait déjà dans l’air une heure et demie avant le match, lequel débutait à 19 h. À 17 h 15, des dizaines de personnes faisaient la file devant le Colisée.

Les Lions étant le club de l’ECHL affilié au Canadien de Montréal, on pouvait apercevoir des chandails du Bleu-blanc-rouge par-ci, par-là, dans les gradins. Quelques motivés s’étaient même déjà procuré un chandail de l’équipe locale.

La foule s’est manifestée pour la première fois lors de la présentation des joueurs, mais c’est surtout au moment d’accueillir les anciens Canadiens Réjean Houle, Jean-Guy Talbot et Léon Rochefort sur la patinoire qu’elle s’est vraiment enflammée. Il y avait de quoi frissonner quand elle a offert une ovation d’une minute à M. Talbot, qui, masque au visage, a délicatement tendu la main en signe de remerciement.

PHOTO FRANÇOIS GERVAIS, LE NOUVELLISTE

Avant la rencontre, l’organisation des Lions a présenté à la foule les anciens Canadiens Réjean Houle, Jean-Guy Talbot (17) et Léon Rochefort (21).

« Les partisans, les gens de Trois-Rivières, ç’a été incroyable », a résumé l’entraîneur-chef Éric Bélanger en conférence de presse après la rencontre.

« J’ai joué longtemps, et voir, aujourd’hui, les gens debout en début de match et les anciens joueurs du Canadien, c’était spécial. J’en avais des frissons et je sais que nos joueurs en avaient. Ils en ont eu peut-être trop longtemps… »

Peut-être, puisque les choses se sont gâtées au moment de commencer à jouer au hockey.

Débuts difficiles

Personne ne savait trop à quoi s’attendre de la part de cette toute nouvelle équipe bâtie de toutes pièces par le directeur général Marc-André Bergeron au cours des derniers mois.

Premier adversaire : les Growlers de Terre-Neuve. Il ne leur aura d’ailleurs fallu que 15 secondes pour déjouer Kevin Poulin pour la première fois. Mais la foule n’a pas laissé son enthousiasme de côté pour autant, scandant en chœur des « Let’s go, Lions ! » dans les minutes suivantes.

L’ambiance, c’était excitant. C’est sûr qu’on n’a pas eu le résultat qu’on voulait, mais les fans ont répondu présents. C’était à nous de nous lever.

Cédric Montminy, capitaine des Lions, après la rencontre

Les Growlers, visiblement peu intimidés, ont refait le coup 12 minutes plus tard, avant de tripler leur avance avec 5 minutes à jouer en première période. La troupe d’Éric Bélanger, qui manquait de cohésion, a donc retraité au vestiaire avec un retard de trois buts. Pas la meilleure entrée en matière. Probablement attribuable à l’ampleur de l’évènement, selon l’entraîneur.

« Est-ce que j’étais surpris ? Pas nécessairement, a lancé le pilote en conférence de presse. On aurait souhaité un meilleur départ, mais on a beaucoup de choses qu’on va pouvoir améliorer, regarder sur les vidéos. »

C’est en fin de deuxième période, alors qu’ils tiraient de l’arrière 4 à 0, que les Lions ont semblé sortir de leur torpeur. Le préféré de la foule, le Trifluvien Alexis D’Aoust – qui d’autre ? –, a inscrit le premier but de l’histoire du club, profitant d’une montée à deux contre un pour faufiler la rondelle sous la mitaine d’Evan Cormier d’un tir des poignets. L’amphithéâtre a presque tremblé sous les cris.

« C’était une ambiance féerique, a déclaré D’Aoust, la mine néanmoins déconfite. C’était spécial pour moi parce que je viens de la région et j’avais beaucoup de famille et d’amis qui étaient là. Je pense aussi à mes parents. Ils n’ont pas été capables de me voir jouer en personne depuis deux ans. »

Très attendu, le but de D’Aoust a carrément donné un second souffle aux félins. Shawn St-Amant a joliment déjoué le gardien en échappée deux minutes plus tard pour réduire l’écart à 4-2.

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Shawn St-Amant a joliment déjoué le gardien des Growlers lors d’une échappée en fin de deuxième période.

Les Growlers ont marqué au retour de l’entracte pour faire 5-2. Les Lions se sont finalement inclinés 6-3. Cédric Montminy a été l’auteur du troisième but.

Fatigue

À plusieurs reprises en conférence de presse, les joueurs et l’entraîneur ont abordé le fait que l’équipe n’avait pas joué de match présaison. Les joueurs semblaient d’ailleurs particulièrement fatigués en fin de match.

« Défensivement, ç’a été trop facile pour les Growlers, a dit Bélanger. Perte de couverture… Ce sont des choses qui arrivent en match préparatoire, mais nous, on le vit en début de saison. C’est corrigible. »

La formation trifluvienne a quand même fait preuve de caractère dans le match, n’abandonnant jamais, même à 4-0. Un point positif de cette première rencontre.

On a quand même fait de bonnes choses. Ça n’a pas été seulement 60 minutes de négatif. Mais ce n’était pas assez. […] On va s’ajuster en équipe.

Kevin Poulin, gardien des Lions

Les Lions auront l’occasion de se venger devant leurs partisans, alors qu’ils affronteront les Growlers de nouveau ce vendredi.

D’ailleurs, ils peuvent assurément retenir une chose dans la défaite : ils ont derrière eux toute une ville.

« Ils [les partisans] nous ont montré leur [soutien] tout de suite ce soir, a déclaré Cédric Montminy. Ce sera à nous de revenir forts [vendredi] pour leur montrer que nous aussi, on est prêts à élever notre jeu d’un cran pour eux. »