(Montréal) Brendan Gallagher et Nick Suzuki samedi. Christian Dvorak et Jonathan Drouin vendredi. Josh Anderson l’autre soir.

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Après quatre matchs préparatoires, la tendance est lourde : ce sont les vétérans, les joueurs établis, qui animent l’attaque du Canadien. Ce fut encore le cas dans la victoire de 2-1, samedi, contre les Sénateurs d’Ottawa.

« Les gars sont compétitifs et ils veulent gagner. [Vendredi] soir, les entraîneurs ont parlé. C’était à nous de rebondir », a observé Gallagher, après la victoire.

L’envers de la médaille, c’est bien sûr que la production offensive des jeunes, de ceux qui cherchent à s’établir, est au ralenti.

Ce n’est pas à défaut d’essayer. En deuxième période, Alex Belzile refile la rondelle à Jesse Ylönen, qui a un filet ouvert. Il tire hors cible. Au dernier vingt, Ryan Poehling est oublié à l’embouchure du filet, Tyler Toffoli le repère, Poehling rate sa meilleure chance de la semaine.

Mais il reste que ce camp n’a pas, jusqu’ici, la même aura que ceux des années précédentes, où des jeunes devenaient un peu la saveur du mois, une saveur parfois durable.

PHOTO PAUL CHIASSON, LA PRESSE CANADIENNE

Filip Gustavsson

En 2019, c’était Suzuki, Cale Fleury et justement Poehling, jusqu’à ce qu’il subisse une commotion cérébrale. L’année précédente, c’était Jesperi Kotkaniemi. En 2017, Victor Mete.

Ça n’a pas toujours été positif, remarquez. Dans certains cas (Mete, Kotkaniemi), ce sera plutôt le symptôme d’un manque de ressources à court terme chez le Canadien.

Les sages paroles de Gallagher

Cela dit, un joueur peut-il faire sa place sans avoir d’impact offensif ? On pose la question parce que Poehling, celui à qui un poste semblait réservé en début de camp, est toujours sans point après trois rencontres, malgré un bon temps d’utilisation (18 minutes samedi) et des présences en avantage numérique.

Gallagher s’est porté à la défense de son jeune coéquipier.

« Les performances, dans un très court échantillon, c’est ce qui sépare bien des joueurs de la LNH, a-t-il observé. J’ai moi-même fait ma place sans marquer en matchs préparatoires. Ça m’a pris 3 ou 4 ans avant de marquer ! »

Gallagher dit vrai. Repêché en 2010, il a dû attendre un an avant de disputer des matchs préparatoires. En quatre rencontres en 2011, il a été limité à une passe. L’année suivante, c’était le lock-out, la saison a commencé en janvier, sans matchs hors-concours. Gallagher a donc gagné sa place lors du court camp d’entraînement, mais aussi grâce à ce qu’il avait accompli en une demi-saison avec le club-école de l’époque.

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Arber Xhekaj et Mark Kastelic

« Il y a d’autres façons d’impressionner, de montrer ce dont tu es capable, a ajouté le petit numéro 11. J’ai eu la chance, plus jeune, que des gars me prennent à part pour me dire de continuer à faire ce qui m’avait donné du succès pour me rendre ici. L’organisation l’a vu, m’a repêché pour une raison et on m’a dit de ne pas essayer d’être ce que je ne suis pas.

« Poehls comprend, il sait qui il est comme joueur. Il a eu une bonne saison à Laval et il a produit de l’attaque. Peut-être qu’il ne sera pas placé dans cette situation ici, mais il aura un rôle. »

Au-delà de la teneur de ses propos, la réponse de Gallagher était intéressante en ce sens où il parle comme quelqu’un qui s’attend à le voir à Montréal cette saison. « On aura besoin de lui, peu importe où il commencera la saison », a ajouté Gallagher dans une autre réponse.

On pourrait même ajouter pour preuve le fait que Poehling ait déjà son petit surnom d’amour – le rite de passage qui ne ment jamais au hockey – mais ce serait là une simplification grotesque.

Fairbrother, discrètement

Ces questions de production offensive sont souvent liées aux attentes. Il y a des attentes sur Poehling parce qu’il a été repêché au premier tour, parce qu’il a été joueur le plus utile au mondial junior, parce qu’il a marqué trois buts à son premier match dans la LNH.

À l’inverse, trouvez-nous un amateur qui attendait avec impatience l’arrivée de Gianni Fairbrother au camp. Le défenseur de 21 ans est un modeste 77e choix au total, qui n’a jamais porté les couleurs d’Équipe Canada et qui n’a jamais été réputé pour sa production offensive. Il a aussi très peu d’expérience chez les pros ; seulement trois matchs avec le Rocket.

Sauf que Fairbrother était un des quatre joueurs à qui on a demandé de disputer deux matchs en deux soirs cette fin de semaine, ce qui n’était certainement pas un hasard. Avec une avance d’un but et 40 secondes à jouer, il a enjambé la bande pour la cruciale dernière présence du match. Il a offert 18 solides minutes de jeu à son entraîneur.

Et Ducharme, qui a souvent évité les délicates questions au sujet de Poehling en parlant de l’équipe en général, ne s’est pas gêné pour parler de Fairbrother lorsqu’il a été interrogé.

« On aime ce qu’il apporte. Ce qu’il fait, ça ne saute pas aux yeux, mais il est fiable, il patine bien, n’est pas facile à affronter, il garde un bon écart avec les attaquants adverses, il ferme le jeu. »

Après le match, Fairbrother a eu droit à la plus belle récompense : il a évité le couperet, qui a fait sept autres victimes. Il serait étonnant qu’il survive jusqu’au 13 octobre, mais il a déjà excédé les attentes.

Dans le détail

En attendant Montembeault…

On ne sait trop si Cayden Primeau s’attendait à venir faire un tour à Brossard de manière régulière lors du mois d’octobre, mais il devra peut-être se contenter d’aller à Laval à la place. C’est que samedi après-midi, le Canadien a réclamé au ballottage un autre gardien, Samuel Montembeault. Le Québécois, qui a 25 matchs d’expérience dans la LNH, tous disputés chez les Panthers de la Floride, va s’amener par ici dans le but de seconder Jake Allen en début de saison. Cela vient donc signifier deux choses. En premier, que le statut de Carey Price est certes source d’inquiétude en vue du début de la saison, assez en tout cas pour ajouter un autre gardien. Ensuite, cela vient signifier que Primeau, aux yeux de la direction, n’est de toute évidence pas prêt à faire le saut dans la LNH. Primeau, au fait, a disputé le match de samedi soir en entier, et il a accordé un but sur 20 lancers aux joueurs des Sénateurs.

Revoici Gallagher

Brendan Gallagher est arrivé à ce camp d’entraînement un peu sur le tard pour des raisons familiales, et le match préparatoire de samedi soir fut donc son premier du présent calendrier de préparation. La bonne nouvelle, c’est que le petit attaquant a eu l’air de ce qu’il a l’air d’habitude, c’est-à-dire d’un joueur intense qui ne prend jamais de pause. Et puis pour bien faire, Gallagher a réussi un but lors de la deuxième période, le premier but de son équipe dans le cadre de ce match plutôt ordinaire, on va se le dire. Gallagher a réussi trois tirs, un sommet avec Jesse Ylonen chez les attaquants. Pour ceux qui suivent au sujet de Ryan Poehling, il a été plus visible que vendredi, mais il n’a obtenu aucun tir.

Plus que deux matchs préparatoires…

Il commence à se faire tard pour les jeunes du CH qui espèrent peut-être obtenir une place avec l’équipe. Il ne reste donc plus que deux matchs préparatoires au calendrier, soit celui de mardi soir à Toronto contre les Maple Leafs, et le dernier, celui de jeudi soir au Centre Bell contre les Sénateurs d’Ottawa. Ensuite, ce sera le début des choses sérieuses avec la saison du Canadien qui va s’amorcer le 13 octobre à Toronto. En attendant, d’autres coupures vont survenir au camp du Canadien, et on s’attend à ce que le club passe à un seul groupe de patineurs lorsque le camp va reprendre, lundi matin au centre d’entraînement de Brossard.

Ils ont dit

J’essayais de rester positif. Je lui ai dit que je lui ferais une autre passe… et qu’il est mieux de ne pas manquer son coup cette fois (rires) !

Alex Belxile, à propos du but désert raté par Jesse Ylönen

Il a très bien fait ça à droite. Dans son cas, on ne voit pas une grande différence dans son jeu. Évidemment, quand le niveau de jeu augmente, c’est là qu’un joueur est plus vulnérable. On veut qu’il prenne l’expérience et on verra ce qui arrivera. Mais pour le moment, que ce soit à gauche ou à droite, ça ne semble pas affecter son jeu.

Dominique Ducharme, au sujet de Fairbrother

Ce fut un match décousu de notre part, nous n’avons pas généré beaucoup d’attaque, nous n’avons pas su trouver un rythme… mais au moins on a essayé jusqu’à la fin. Il n’y avait pas beaucoup de rythme à ce match, des deux côtés il faut le dire.

D. J. Smith, entraineur0-chef des Sénateurs

Je me sens de mieux en mieux et je suis content d’avoir pu disputer ce match. J’essaie de me prouver et de me faire une place. C’est dur de devoir arriver au camp et de rater une semaine en entier à cause d’une blessure comme j’ai eu à le faire. Mais je dois apprendre à composer avec l’adversité en tant que jeune joueur.

Jacob Bernard-Docker, défenseur des Sénateurs

C’est le temps de s’attaquer aux détails et de se préparer pour la saison. C’est le temps de se préparer et ce n’est pas le moment de faire des erreurs… on va essayer de continuer à s’améliorer.

Connor Brown, attaquant des Sénateurs

En bref

Sept joueurs retranchés

Le Canadien a donc retranché sept joueurs après le match. Il s’agit des attaquants Laurent Dauphin, Brandon Baddock, Jean-Sébastien Dea et Jean-Christophe Beaudin, des défenseurs Corey Schueneman et Tobie Bisson, et du gardien Michael McNiven. Dauphin, Baddock, Dea et McNiven devront d’abord passer par le ballottage.

En hausse

Arber Xhekaj

Discrètement, ce défenseur présent au camp à simple titre d’invité semble être en voie de décrocher un contrat. Ne l’attendez pas à Montréal, mais s’il joue à Laval cette saison, ce sera un bel exploit pour lui.

En baisse 

Brandon Baddock

Il a passé presque autant de temps au banc des pénalités (7 minutes) que sur la patinoire (8 min 47 s).

Le chiffre du match

23 : 08

C’est le temps d’utilisation d’Alexander Romanov dans ce match. On veut visiblement aller jusqu’au bout de l’expérience de son duo avec Jeff Petry.

Avec Richard Labbé, La Presse