Les gens à Toronto, mais aussi ailleurs, peuvent se demander comment John Ferguson fils, après son passage désastreux chez les Maple Leafs, peut se trouver continuellement du boulot dans la LNH.

La même chose pourrait être dite de Peter Chiarelli, médiocre à Edmonton, mais néanmoins nommé VP aux opérations hockey des Blues de St. Louis la semaine dernière.

Après six ans à titre de directeur du recrutement professionnel à San Jose, sept ans à Boston comme directeur du personnel, directeur général du club-école, puis directeur général adjoint, Ferguson fils vient d’être nommé adjoint au directeur général des Coyotes de l’Arizona, Bill Armstrong.

Ferguson fils, 52 ans, a laissé de très mauvais souvenirs à Toronto. Peut-être soumis à la pression des propriétaires, il a multiplié les raccourcis pour accélérer les chances de succès des Leafs.

Mais en cinq ans sous son règne, entre 2003 et 2008, Toronto a accédé aux séries éliminatoires une seule fois, à sa première année, et il a perdu bêtement plusieurs espoirs et hauts choix au repêchage.

À la recherche d’un gardien et de robustesse à l’attaque, Ferguson fils a échangé ses choix de première et deuxième ronde en 2007 aux Sharks de San Jose pour Vesa Toskala et Mark Bell. Les deux ont constitué des échecs lamentables et les Sharks ont profité de ces choix pour obtenir un rang plus favorable en première ronde et choisir Logan Couture au neuvième rang. Couture, 32 ans, est toujours avec les Sharks, et a obtenu 577 points en 768 matchs.

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Logan Couture

Ferguson fils croyait corriger avec Toskala une erreur commise un an plus tôt. En juin 2006, il échangeait aux Bruins un gardien finlandais de 19 ans, Tuukka Rask, pourtant repêché en première ronde en 2005, pour obtenir un autre gardien, Andrew Raycroft, sensationnel un an plus tôt à son année recrue, mais misérable cet hiver-là.

Le DG des Leafs mettait néanmoins la main sur un gardien dans la force de l’âge, capable de résister aux rigueurs de la LNH, contrairement à Rask, encore trop jeune, et il croyait quand même que l’avenir du club était assuré devant le filet avec la présence de Justin Pogge, auréolé de gloire au Championnat mondial junior quelques mois plus tôt.

Raycroft a fait patate à Toronto et Rask est devenu l’un, sinon le plus grand gardien de l’histoire chez les Bruins de Boston. Rask vient au premier rang de l’histoire de l’équipe pour les matchs disputés, les victoires, et au deuxième rang pour les blanchissages. Il espère toujours revenir au jeu pour Boston une fois rétabli de sa blessure à long terme.

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Tuukka Rask

Ironiquement, John Ferguson fils s’est trouvé du travail auprès des deux organisations auxquelles il a fait les plus beaux cadeaux : San Jose avec le choix qui allait donner Couture, puis Boston avec Rask.

Il quitte néanmoins Boston la tête haute. Ferguson fils aurait en effet convaincu la direction des Bruins de repêcher Charlie McAvoy au 14e rang en 2016, racontait l’analyste de Sportsnet Jeff Marek à la balado d’Elliotte Friedman il y a quelques jours.

Les Bruins, parait-il s’apprêtaient à jeter leur dévolu sur un autre défenseur droitier, Dante Fabbro, une locomotive offensive en compagnie du centre Tyson Jost à Penticton, dans la BCHL.

« Chaque fois que je vois McAvoy sur la glace avec les Bruins, je me dis que c’est grâce à John Ferguson fils, a confié Marek à Friedman. Et je me souviens très bien de ce repêchage. Au moment de rentrer à l’hôtel le jeudi soir, à la veille de la première ronde, les membres de la direction de l’équipe étaient tous d’accord pour repêcher Fabbro. Les dépisteurs de l’Ouest l’aimaient beaucoup. Mais Ferguson et certains de ses complices ont renversé la vapeur le lendemain. »

McAvoy est vite devenu le défenseur numéro un des Bruins, et l’un des meilleurs de la LNH. Il était en voie de réussir une première saison de plus de 60 points n’eut été du calendrier écourté en raison de la pandémie. Il a obtenu plus de 40 points à ses trois premières années dans la Ligue nationale. Fabbro est un membre du top 4 à Nashville, mais dans un rôle plus effacé.

« Les McAvoy et les Ferguson entretenaient des liens étroits, poursuit Marek. Ferguson fils et le père de Charlie, Bob, étaient proches. La relation remonte à l’époque où John Ferguson père (l’ancien dur à cuire du Canadien) dirigeait les Rangers de New York et habitait Long Island. Les Ferguson avaient acheté la maison de Jean Ratelle (l’ancienne star des Rangers). John fils et Bob, le père de Charlie, prenaient l’autobus ensemble pour aller à l’école et le grand-père de Charlie faisait les travaux de plomberie chez les Ferguson… »

Coup de chance ou expérience au fil des années ? Seul le patron chez les Bruins, Don Sweeney, peut répondre à cette question.

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