Coupe Stanley Yanni Gourde : « Vous le méritez, Saint-Narcisse ! »

C’est au son des « Yanni, Yanni, Yanni ! » que Yanni Gourde a fait son arrivée dans sa municipalité natale, Saint-Narcisse-de-Beaurivage, mardi après-midi.

Pas de doute, l’ambiance était aux célébrations dans la municipalité située à environ 40 km au sud de Québec. Sur place, plusieurs centaines de personnes – des membres de la famille Gourde, des amis du joueur et des résidants – s’étaient réunies pour célébrer la deuxième Coupe Stanley d’affilée du « p’tit gars » de la place.

Certains d’entre elles sont arrivées tôt en matinée, bien avant le joueur lui-même. Pour la plupart vêtues d’un chandail du Lightning, elles ont dansé et chanté pendant près de deux heures sous la musique d’un DJ – un haut-parleur a même pris feu, c’est pour dire !

« De pouvoir faire vivre ça au monde de la municipalité, je trippe, a laissé entendre l’athlète tout juste avant d’aller à la rencontre du public. La communauté le mérite. Je me dois de redonner à mon monde. Je suis tellement content de pouvoir lui faire vivre ça. »

« Mes proches m’ont tellement supporté dans mon hockey mineur, a-t-il poursuivi. Ils m’ont fait des lifts, m’ont amené de gauche à droite. Je leur en dois beaucoup. »

La foule, fière, s’est faite bruyante au moment où l’ex-attaquant du Lightning – qui appartient désormais au Kraken de Seattle – a fait son apparition sur la scène érigée pour l’occasion, aux alentours de 13 h. Le sourire n’a pas quitté une seule seconde le visage de l’athlète, qui n’avait pu vivre ce moment l’an passé en raison de la pandémie.

« Vous le méritez, Saint-Narcisse », a-t-il lancé au micro.

Il a ensuite pris soin de s’adresser aux jeunes de la municipalité, qui étaient nombreux dans la foule.

« Je suis tellement heureux d’être ici pour montrer que les rêves, ça arrive, a-t-il dit. Il faut travailler fort, être acharné, montrer de la détermination. Un jour, vos rêves, vous allez les atteindre. Ça, c’est dans n’importe quel domaine. »

« J’espère qu’un jour, un des jeunes, garçon ou fille, va ramener une coupe ou un trophée aussi gros que ça à Saint-Narcisse et qu’on pourra célébrer comme on fait aujourd’hui », a-t-il poursuivi.

Près de 200 personnes ont pu se faire photographier avec le champion, qui s’est ensuite promené dans la cour avec le trophée emblématique. La fête – celle publique, du moins – s’est terminée par un défilé dans les rues de la municipalité. Un spectacle émouvant.

Tissé serré

À Saint-Narcisse-de-Beaurivage, tout le monde se connaît. C’est du moins ce qu’a affirmé chaque personne interrogée par La Presse, mardi, sous le soleil de plomb. Du lot, les deux frères de Yanni, Jason et Guillaume. Ce sont eux qui, conjointement avec la municipalité, ont organisé cet évènement qui était fort attendu dans le village.

Les deux hommes de respectivement 27 et 31 ans avaient pu se rendre à Tampa Bay pour la journée de leur frère avec la coupe Stanley l’année dernière, mais le feeling est différent cette fois-ci, ont-ils affirmé.

« On a trippé épouvantable là-bas, mais ce n’est pas comme l’amener dans ton village natal. Vraiment pas, a laissé entendre le plus jeune de la famille, Jason. […] Ça fait trois semaines que j’organise ça pour que ce soit le plus parfait possible. »

« Saint-Narcisse, c’est un village tissé serré, tout le monde se connaît, a-t-il ajouté. […] Le monde se l’approprie presque à eux. Ils disent : ‟Notre Yanni a gagné ! On a gagné !” C’est comme si on avait tout fait ça en équipe. »

L’aîné de la famille a abondé dans le même sens.

« Yanni joue vraiment des grosses années, a-t-il soutenu. Ça rassemble tout le monde. On est un petit village où tout le monde se tient. »

Les deux frangins ont pu assister aux deux matchs du Lightning à Montréal pendant la finale, mais pas à ceux en Floride. Ils se sont néanmoins réunis dans la cour arrière de Jason, où ils ont pu célébrer la victoire en famille.

« Yanni m’a appelé [après le match], raconte ce dernier. Il était sur la glace, il criait : ‟Two, baby ! Two, baby !” Je pleurais, je ne le cacherai pas. »

« Son but dans la vie, c’était de se rendre là, et il a réussi », a-t-il fièrement ajouté.

C’est bien connu maintenant : le joueur de centre a eu un parcours atypique. Il n’a jamais été repêché et a dû passer plusieurs saisons dans la Ligue américaine et l’ECHL avant d’atteindre la Ligue nationale.

« Ça me rend fier, d’où je suis venu, combien j’ai travaillé fort pour m’y rendre… De pouvoir faire ça aujourd’hui… Je n’ai jamais pensé que je pourrais jouer dans la Ligue nationale, a évoqué l’ancien des Tigres de Victoriaville. J’y allais une année à la fois et aujourd’hui, j’ai une deuxième Coupe consécutive. »

Un nouveau défi

Yanni Gourde passera les prochaines semaines auprès des siens, au Québec, avant de se joindre à sa nouvelle équipe, le Kraken de Seattle, qui en a fait un de ses choix au repêchage d’expansion à la fin du mois de juillet. C’est donc dire que l’aventure du joueur de centre avec le Lightning de Tampa Bay prend fin dès maintenant.

« C’est sûr que c’est difficile parce qu’on était tellement proches avec l’équipe, l’organisation, a-t-il dit. C’est quand même difficile, mais je suis tellement excité de m’en aller avec le Kraken. »

Les trois frères ont tous parlé de ce changement d’adresse comme d’un « nouveau défi ». Et, on commence à le savoir, les défis sont loin de faire peur à Yanni Gourde !

« Je suis sûr qu’il va être capable de le relever comme il a relevé les autres », a laissé entendre Guillaume Gourde.

« Ils [les dirigeants du Kraken] ont fait un club à l’image de Yanni : tout le monde est travaillant », a pour sa part fait remarquer le benjamin.

Rappelons que Yanni Gourde a été opéré à une épaule au cours des dernières semaines. Il manquera donc le début de la prochaine saison. Une chose est sûre, toutefois : dès qu’il enfilera l’uniforme du Kraken, il aura derrière lui toute une municipalité. Celle de Saint-Narcisse-de-Beaurivage.