(Tampa) Vous pensiez que Denis Coderre avait déclenché une tempête en suggérant au Canadien, en 2013, de céder David Desharnais dans la Ligue américaine ? La mairesse de Tampa est en train de surpasser son ancien homologue montréalais.

Jane Castor rencontrait les médias, mardi après-midi, pour faire le point sur la tempête tropicale Elsa. Et la grande amatrice de hockey qu’elle est a bien voulu sauter (de nouveau) à pieds joints dans la finale de la Coupe Stanley entre le Lightning et le Canadien.

Ça a commencé par une question bien factuelle sur la tenue du cinquième match, prévu mercredi soir. La question s’imposait, car la ville est sur le pied d’alerte et l’aéroport fermait mardi à 17 h. Des alertes d’urgence ont été envoyées sur les appareils mobiles en après-midi, demandant à la population de prévoir suffisamment d’eau, de nourriture, d’argent comptant, d’essence et de médicaments pour au moins trois jours.

Alors, le match est-il en danger d’être reporté ?

« Ooooohhhh non ! On est pas mal certains que le match du Lightning aura lieu et que le trophée sera soulevé », a répondu la mairesse Castor à la question de La Presse, en conférence de presse.

Si la tempête continue de suivre la trajectoire actuellement prévue, avec la même force de vent, et que rien hors de l’ordinaire n’arrive, on s’attend à pouvoir tenir le dernier match de la série du Lightning [mercredi] soir ici, à Tampa.

Jane Castor, mairesse de Tampa

Le « dernier » match ? Ce n’était visiblement pas un lapsus de la part de Jane Castor, qui est bien au fait de l’actualité entourant le Lightning.

Quand Tampa a pris l’avance 3-0 dans la série, la bourgmestre avait exprimé qu’elle souhaitait que son équipe favorite donne « une petite chance » au Canadien dans le quatrième match pour permettre au Tricolore de l’emporter et, surtout, pour que le Lightning puisse ensuite gagner la Coupe Stanley à domicile lors du cinquième match.

Cette déclaration nécessitait évidemment un suivi, au lendemain de la victoire de 3-2 du Canadien en prolongation.

« Je n’ai jamais souhaité que le Lightning perde ! a plaidé Jane Castor. J’ai appris ma leçon : ne jamais essayer d’être comique quand tu es la mairesse et que tu parles de sport ! Je n’ai jamais souhaité qu’il perde. J’ai simplement dit que ça serait formidable si on gagnait la Coupe Stanley à domicile, ce que l’on fera demain soir. »

Historique de gagnants

« Ce que l’on fera demain soir. » Ce n’était donc pas un lapsus.

Remarquez que l’on peut pardonner l’enthousiasme des partisans du Lightning. Cette équipe est championne en titre de la Coupe Stanley, et on n’atteint pas la finale deux années de suite en permettant à l’adversaire de revenir à la vie.

Le Lightning a remporté ses sept dernières séries, si l’on recule à l’an dernier. À partir du moment où les hommes de Jon Cooper comptaient trois victoires, ils n’ont jamais perdu plus d’un match avant d’achever leurs adversaires.

Il y a aussi la façon d’y parvenir. Cette année, Tampa a conclu chacune de ses séries par blanchissage. Les Floridiens ont aussi remporté leur quatrième victoire en finale l’an passé de cette façon, contre les Stars de Dallas. Chaque fois, on sentait l’équipe étouffer sa proie.

« Tu ne peux pas juste lancer l’expérience sur la patinoire et dire que tu vas gagner. Tu dois travailler pour gagner », a souligné Jon Cooper, entraîneur-chef du Lightning, après le match de lundi.

« Le match 6 contre Dallas l’an passé était un exemple de précision. Le match 7 cette année contre les Islanders [de New York] était une clinique. On a joué des matchs solides dans ces situations. C’est le travail qui t’amène là. Pour gagner la Coupe, tu dois la mériter. L’autre équipe ne te la donnera pas. […] Tu dois jouer avec désespoir. Si on le fait, on a de bonnes chances. »

Au fait, le Lightning a conclu ses sept dernières séries par un score total de 19-7, et ça comprend quatre buts accordés à Columbus au premier tour en 2020, dans une victoire de 5-4.

Et puis, cette même équipe n’a pas perdu deux matchs de suite en séries depuis que les Blue Jackets l’ont balayée au premier tour en 2019.

« Au bout du compte, on déteste perdre plus qu’on aime gagner. C’est notre mentalité, on est des compétiteurs et ça va jusqu’à nos entraîneurs », a fait valoir le défenseur Ryan McDonagh, mardi matin, avant que le Lightning s’envole pour la Floride.

La malchance

Sachant tout cela, il était normal que Jane Castor s’emporte de la sorte. Après tout, elle prévoit assister au match de mercredi ; raison de plus pour souhaiter une victoire de l’Éclair à domicile !

Ryan McDonagh semblait amusé quand on lui a rapporté la première déclaration de la mairesse, celle disant que le Lightning devait donner une chance au Canadien.

« Je n’étais pas au courant. Il n’y a pas vraiment de médias ici [à Montréal] qui couvrent la ville de Tampa, a répondu l’ancien espoir du Canadien, sourire en coin. Notre groupe est bon pour bloquer les distractions et nous permettre de nous concentrer sur le hockey. »

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Jeff Petry et Ryan McDonagh

Le Lightning aura d’ailleurs la chance de devenir la première équipe à soulever la Coupe Stanley devant ses partisans depuis les Blackhawks de Chicago en 2015.

« Tu as amplement le temps de fêter avec tes partisans quand tu gagnes la Coupe Stanley, a rappelé Jon Cooper, après la défaite de lundi. Mais on ne peut pas simplement se fier au fait qu’on aura l’avantage de jouer devant nos partisans et qu’ils méritent de voir cette coupe. Il n’y a pas de garanties.

« Mais c’est bizarre. Peut-être que c’est simplement notre destin que ça se finisse comme ça. Ce sont deux équipes qui savent jouer, qui se livreront une guerre de tranchées, et souhaitons que nous puissions offrir la victoire à nos partisans. »

En bref

Pas de pari… pour le moment

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Valérie Plante, mairesse de Montréal

La mairesse Jane Castor affirme avoir eu récemment une discussion d’une bonne trentaine de minutes avec son homologue montréalaise, Valérie Plante, mais qu’aucun pari n’a été conclu. Mme Castor a toutefois laissé entendre qu’il n’était pas trop tard pour en faire un, comme on le voit souvent entre maires de villes rivales. Qu’offrirait-elle à Valérie Plante si le Canadien devait effectuer une improbable remontée ? « Les bières artisanales sont vraiment en train de gagner en popularité ici, a-t-elle rappelé. Et nous avons toujours été réputés pour nos cigares, car nous avons une forte population hispanique ici. » Elle nous a ensuite demandé ce qu’elle pourrait réclamer à Valérie Plante. Nous lui avons souligné que Montréal avait aussi de bonnes bières de microbrasseries. « C’est dommage, je n’en bois pas ! », a-t-elle rétorqué.

Killorn a « une chance »

Jon Cooper était détendu comme toujours lors de sa rencontre avec les médias, mardi matin, de Montréal. Un confrère lui a demandé si Alex Killorn, absent lors des trois derniers matchs, avait des chances de revenir au jeu mercredi. Après tout, le Montréalais a participé à l’échauffement d’avant-match lundi. « Il y a toujours une chance », a lancé Cooper, avant de valider avec son relationniste que cette phrase venait bel et bien du film La cloche et l’idiot. Le retour de Killorn serait crucial pour Tampa, l’attaquant ayant amassé 17 points en 19 matchs jusqu’ici. Cooper a aussi été interrogé sur le défenseur David Savard, qui n’a pas joué dans les huit dernières minutes de la troisième période, ni en prolongation, mais l’entraîneur a omis de répondre.