Un DG procède généralement par étapes pour relancer un club en panne. Il rappellera d’abord un ou deux joueurs des mineures. Si ça ne fonctionne pas, il peut ensuite procéder à un échange. En dernier recours, il congédiera son entraîneur.

Le Canadien a remporté un seul de ses cinq derniers matchs, deux de ses sept derniers. L’heure est à l’inquiétude, mais pas encore à la panique. Une victoire mardi soir à Ottawa, avant les deux matchs à Winnipeg, pourrait permettre de retrouver un certain élan.

Marc Bergevin était un spectateur attentif au match du Rocket, lundi soir au Centre Bell. Le DG du Canadien n’a pas raté beaucoup de matchs du Rocket cet hiver. Il ne faut évidemment pas en tirer de conclusions hâtives. Le club-école dispute ses matchs à un jet de pierre de chez lui et le directeur général du CH serait mal vu de regarder un film sur Netflix ou se commander des sushis à la maison tandis que les aspirants à un poste éventuel à Montréal s’escriment sur la glace.

Et de toute façon, il n’y a pas de sauveur chez le Rocket à l’heure actuelle. Le meilleur espoir de l’équipe, et de loin, Cayden Primeau, porte des jambières, et le Canadien a deux gardiens en santé à Montréal.

Les meilleurs espoirs à long terme auront besoin de temps. Kaiden Guhle, 19 ans le mois dernier, n’a pas raté son baptême chez les professionnels lundi. Nullement intimidé par son environnement, ce jeune colosse de 6 pieds 2 pouces s’est même permis quelques solides mises en échec. Le premier choix du Canadien, 16e au total, en 2020, a des instincts défensifs impressionnants, malgré un seul entraînement avec le Rocket au préalable. Son bâton traîne toujours au bon endroit. Il est très mobile pour un joueur de son gabarit.

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Kaiden Guhle et Rafaël Harvey-Pinard

Le type de défenseur gaucher qui pourrait jouer dans la LNH pendant une quinzaine d’années contre les meilleurs trios adverses. Mais il aura besoin de temps pour parfaire son apprentissage et il devrait rejoindre son club junior sous peu. Donnons-lui deux ans au moins.

Ses deux plus grands fans sont les deux derniers à l’avoir dirigé : André Tourigny au Championnat mondial junior et Joël Bouchard avec le Rocket. Ça en dit long.

Jesse Ylonen, choix de deuxième ronde en 2018, au 35e rang, trois rangs avant Alexander Romanov, possède un flair offensif indéniable. Sa créativité lui permet d’effectuer des jeux que peu de ses coéquipiers chez le Rocket peuvent effectuer.

Après cinq matchs, cet ailier droit de 6 pieds 1 pouce compte quatre aides. Malheureusement pour lui, son seul but dans les rangs professionnels a été marqué contre sa propre équipe, lundi, mais une malchance peut arriver aux meilleurs.

Malgré son talent, Ylonen, 21 ans, a lui aussi besoin de temps. Il est encore un peu frêle et doit s’adapter aux rigueurs du hockey nord-américain.

Le meilleur attaquant du Rocket depuis le début de la saison est bien connu des fans du Canadien. Il a passé la dernière année et demie à Montréal. Au lieu de s’apitoyer sur son sort après son renvoi, Jordan Weal a choisi de jouer avec tout l’acharnement qu’on lui connaît. Mais est-il supérieur à Paul Byron ou à Artturi Lehkonen ? Poser la question, c’est y répondre. Le jeune vétéran Laurent Dauphin, obtenu en retour de Michael McCarron l’an dernier, est un autre leader à l’attaque.

Ryan Poehling ? Correct. Il a augmenté sa production offensive. Il a trois points après quatre matchs. Il est responsable défensivement. On s’attendrait évidemment à plus d’un choix de première ronde nommé joueur par excellence au Championnat mondial junior, mais peut-il vraiment en donner plus ? Dans le meilleur des scénarios, Poehling, 22 ans, sera un bon joueur de troisième trio dans la LNH. Mais ça, on commençait déjà à s’en douter.

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Ryan Poehling

À l’heure actuelle, un autre centre costaud, Lukas Vejdemo, 25 ans, un choix de troisième ronde en 2015, rappelé brièvement à Montréal l’an dernier, en donne davantage. Il a quatre points en autant de rencontres. Mais Vejdemo a un profil qui se rapproche davantage de Jacob De La Rose que de Jesperi Kotkaniemi. Lundi soir, il a raté au moins quatre chances uniques de marquer.

Choix de deuxième ronde en 2020, Jan Mysak, encore âgé de 18 ans, a beaucoup mieux paru à son second match. C’est un beau projet à long terme.

Repêché en septième ronde en 2019, Rafaël Harvey-Pinard constitue sans doute la plus grande surprise chez le Rocket depuis le début de la saison. Le jeune homme de 5 pieds 9 pouces a de la fougue à revendre. Son entraîneur l’utilise dans toutes les situations et au sein d’un trio offensif. Harvey-Pinard a trois buts en cinq matchs. Il faudra penser à lui offrir un contrat de la Ligue nationale bientôt. Les portes de la LNH pourraient s’ouvrir à lui ces prochaines années dans un rôle de soutien.

En défense, sans tambour ni trompette, le Finlandais Otto Leskinen demeure le joueur s’étant le plus amélioré. Le jour et la nuit par rapport à l’an dernier. Leskinen, 24 ans, embauché comme joueur autonome en 2019, a bien fait cet automne dans la Ligue d’élite de Finlande avec 10 points en 17 matchs, et il montre beaucoup d’aplomb chez le Rocket depuis le début de la saison. C’est un candidat à un rappel éventuel en cas de blessures.

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Otto Leskinen

Un défenseur sorti de nulle part, avec un nom sorti de nulle part, Corey Shueneman, 25 ans, commence à intriguer l’organisation. L’ancien capitaine de Western Michigan, dans la NCAA, jamais repêché, a signé un contrat de la Ligue américaine avec le Rocket cet été, après une saison au sein du club-école des Flames de Calgary. Il a marqué son deuxième but de la saison lundi. C’est sans doute le patineur le plus fluide et le plus offensif du club. Joël Bouchard nous l’a vanté dès le premier jour.

Josh Brook et Cale Fleury, deux défenseurs droitiers, ne jouaient pas lundi. Fleury est évidemment plus proche d’un rappel.

Voilà donc le portrait d’ensemble à Laval. Les meilleurs espoirs de l’organisation sont déjà à Montréal : Nick Suzuki, Jesperi Kotkaniemi et Alexander Romanov. Le plus gros potentiel à Laval s’appelle Cayden Primeau et rien ne presse. Kaiden Guhle, Jesse Ylonen et Jan Mysak semblent voués à un bel avenir mais on ne le verra pas à Montréal dans un avenir rapproché.

On pourra sans doute même voir avant eux les espoirs à l’extérieur du Québec, comme Cole Caufield, 20 ans, 37 points dont 19 buts en 24 matchs à Wisconsin. Il signera sans doute un contrat avec l’organisation montréalaise à la fin de sa saison dans la NCAA, fin mars, début avril. Si le CH continue à jouer de façon aussi médiocre en supériorité numérique, on pourrait le voir dans l’uniforme du Canadien avant celui du Rocket.

Le défenseur gaucher Jordan Harris, 20 ans également, semble lui aussi près de signer son premier contrat professionnel. Il a 16 points en 15 matchs à Northeastern. En raison des effectifs en défense à Montréal, il pourrait se joindre au Rocket en mars ou en avril.

Mattias Norlinder, Sean Farrell, Luke Tuch et Jayden Struble connaissent une bonne saison, mais il faudra les attendre encore un an ou deux.

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