Comme pour bien des Québécois, l’arrivée du printemps a toujours rimé avec le début des séries éliminatoires de la LNH pour moi. Je conserve encore de précieux souvenirs des premières années où je suivais les séries éliminatoires du circuit Ziegler (à l’époque…).

Mon premier est le fameux but de Bob Nystrom en prolongation du sixième et dernier match de la finale de 1980. C’est ce jour-là, le 24 mai pour être plus précis, que la dynastie des Islanders est née.

Le but de Nystrom est l’équivalent de l’Immaculate Reception dans la NFL. Était-il bon ? S’agissait-il plutôt d’un hors-jeu ?

On devine ce que les anciens Flyers de Philadelphie en pensent. La séquence a abruptement mis fin à leurs espoirs de remporter la Coupe Stanley pour la troisième fois de leur histoire. Ils ont perdu quatre autres finales depuis.

Pour les Islanders, ce fut le début d’une séquence phénoménale. La série contre les Flyers, qui avaient établi une marque qui tient encore à ce jour avec une série de 35 matchs sans défaite au cours de la saison, aura été leur plus grand défi jusqu’au printemps de 1984.

Les Islanders ont gagné 19 séries consécutives de 1980 à 1984, un record du sport professionnel. Dans l’histoire de la LNH, le Canadien des années 70 arrive au deuxième rang avec 13 séries victorieuses de suite.

À l’époque, les séries de premier tour étaient des « trois de cinq ». Dans de pareilles circonstances, les Islanders avaient fait face à l’élimination contre les Penguins de Pittsburgh en 1982, puis contre les Rangers de New York en 1984. Mais avant de s’incliner en finale contre Wayne Gretzky et les Oilers d’Edmonton en 1984, les Islanders avaient incroyablement remporté leurs 14 séries « quatre de sept » précédentes sans jamais faire face à l’élimination…

Les Islanders ont remporté la finale de 1981 en cinq matchs face aux North Stars du Minnesota, puis ont balayé les Canucks de Vancouver et les Oilers lors des finales de 1982 et 1983. Dino Ciccarelli, Richard « King » Brodeur, Gretzky, tout le monde tombait contre les Islanders.

Le temps des Oilers

D’ailleurs, le premier choc Islanders-Oilers avait laissé les amateurs sur leur faim. Gretzky et ses camarades réécrivaient le livre des records presque tous les soirs au début des années 80. Bien des gens s’attendaient à les voir mettre un frein à la domination des Islanders. Ils s’étaient plutôt fait servir une correction et avaient eu l’air d’une bande de gamins qui affrontaient leurs pères.

Personne n’aurait dû se surprendre du fait que les Islanders étaient pratiquement invincibles. Ils avaient tout ce dont une équipe pouvait rêver d’avoir.

Un gardien étoile qui était aussi le catalyseur du club en Billy Smith. Un général à la ligne bleue et un grand capitaine en Denis Potvin. L’un des meilleurs et plus opportunistes buteurs de l’histoire en Mike Bossy. Un centre de premier plan qui demeure l’un des joueurs les plus sous-estimés de l’histoire en Bryan Trottier.

Mais il n’y avait pas que des étoiles à Uniondale. Il y avait des attaquants polyvalents et combatifs comme Clark Gillies, John Tonelli, Bob Bourne, Butch Goring, Nystrom et les frères Brent et Duane Sutter. Il y avait des défenseurs qui comprenaient leur travail et qui l’effectuaient parfaitement comme Ken Morrow, Stefan Persson et Dave Langevin. Et il y avait Al Arbour. L’entraîneur dirigeait tout ce beau monde d’une main de maître et n’a jamais reçu le mérite qui lui revenait, lui non plus.

PHOTO ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Al Arbour avec le Coupe Stanley le 17 mai 1983

Hélas, toute bonne chose a une fin. C’est au printemps de 1984 que la passation du pouvoir s’est faite. Les Islanders avaient battu les Oilers dans le premier match de leur deuxième confrontation en finale de suite avant de perdre les quatre suivants.

Le moment était venu pour les Oilers de prendre le contrôle de la LNH, eux qui remportèrent ainsi le premier de leurs cinq championnats en sept ans. N’eût été le tristement célèbre but de Steve Smith dans son propre filet, c’est peut-être six Coupes qu’ils auraient gagnées au cours de cette période.

Gretzky, Mark Messier, Paul Coffey, Jari Kurri, Grant Fuhr, Glenn Anderson, Esa Tikkanen… Les Oilers avaient pas mal tout ce que ça prenait, eux aussi. Ce sont donc deux des grandes dynasties de l’histoire du hockey et du sport qui se sont chevauchées. Que ce soit en raison du plafond salarial, du marché des joueurs autonomes ou du nombre d’équipes qui a considérablement augmenté dans les dernières décennies, on ne reverra probablement plus de superpuissances comme les Islanders et les Oilers de l’époque dans la LNH.

Ceux qui ont pu découvrir le hockey dans les colorées années 80 peuvent s’estimer chanceux. Il y avait des buts à la pelle, des albums d’autocollants à remplir, et deux clubs légendaires.