Au cours des prochaines semaines, nous vous offrirons une analyse détaillée des 31 clubs de la LNH : le travail du directeur général, le repêchage, les échanges, les joueurs autonomes, les perspectives d’avenir. Aujourd’hui, les Canucks de Vancouver.

SITUATION ACTUELLE

Après avoir atteint la finale de la Coupe Stanley en 2011, les Canucks n’ont pas remporté la moindre ronde de séries éliminatoires lors des huit saisons suivantes. Ils risquaient cette année de les rater pour la sixième fois au cours des sept dernières années.

Trop souvent déchirés entre le désir de reconstruire et de se donner des chances de gagner, piètres au repêchage jusqu’à un important changement de garde en 2015, les Canucks ont mal préparé la succession des jumeaux Henrik et Daniel Sedin. Vaut mieux tard que jamais, ils semblent enfin sur la bonne voie récemment grâce à l’arrivée d’une relève menée par Elias Pettersson, Quinn Hughes et Brock Boeser.

Le virage a été amorcé par l’embauche du directeur général Jim Benning en mai 2014, en remplacement de Mike Gillis, en poste de 2008 à 2013. Benning a été nommé par le président de l’époque, l’ancienne gloire Trevor Linden.

À son entrée en poste, les principaux leaders de l’équipe, frères Sedin, Ryan Kesler, Chris Higgins, Kevin Bieksa, Dan Hamhuis et Alex Burrows étaient tous dans la trentaine. Alex Edler et Jason Garrison s’en approchaient. Roberto Luongo venait d’être échangé aux Panthers de la Floride pour Jakob Markstrom.

Aucun joueur de 25 ans ou moins n’avait un impact, si ce n’est Zack Kassian, 23 ans, avec ses 15 buts. La relève se résumait à Bo Horvat, 9e choix au total en 2013, dont c’était la dernière saison dans les rangs juniors.

Benning a commencé à se départir de ces vétérans vieillissants comme Kesler, Higgins et Bieksa. Il a accordé au jeune Judd Brackett les pleins pouvoirs en terme de recrutement amateur.

Avec des coups de circuit en première ronde lors des dernières années, Elias Pettersson, Quinn Hughes et Brock Boeser, sans compter la présence de Bo Horvat, nommé capitaine après le départ à la retraite des Sedin, les Canucks et leur jeune équipe semblent sur la bonne voie de la relance.

Au moment de l’interruption de la saison, ils étaient à égalité avec les Predators de Nashville au dernier rang donnant accès aux séries. Parmi leurs joueurs d’impact, un seul a plus de 30 ans, Alexander Edler, et six de leurs huit premiers compteurs ont 25 ans ou moins.

REPÊCHAGE (2009-2019)

Les Canucks ont longtemps été les cancres de la LNH en matière de repêchage. Entre 2002 et 2012, seulement 10 des 75 joueurs repêchés par l’organisation ont disputé au moins 100 matchs dans la Ligue nationale et seulement cinq en ont joué 500. Assez difficile de se régénérer dans de telles circonstances.

Les choses ont changé complètement ces dernières années. En trois repêchages, la nouvelle équipe de recruteurs des Canucks a déniché un ailier droit de premier trio, Brock Boeser, un centre numéro un, Elias Pettersson, et un défenseur numéro un, Quinn Hughes. De quoi relancer un club assez rapidement !

À ses deux premières saisons dans la LNH, Boeser, 23e choix au total en 2015, a marqué 29 et 26 buts. S’il n’avait pas été blessé, il filait à un rythme de 38 et 31 buts. Pettersson, 21 ans, a produit à un rythme de presque un point par match à ses deux premières saisons dans la Ligue. Il totalise 132 points en 139 matchs.

Pettersson ne faisait pas l’unanimité au cinquième rang en 2017. Il s’est développé sur le tard. Mais les Canucks avaient de bonnes antennes en Suède, entre autres leur ancien capitaine Markus Naslund, ancien DG à Modo, et Pettersson jouait au sein d’un trio avec un espoir de l’organisation, Jonathan Dahlen. Celui-ci a été obtenu des Sénateurs contre Alexandre Burrows cinq mois avant le repêchage de 2017. Aurait-on repêché Pettersson au cinquième rang si on n’avait pas eu Dahlen à l’œil chez les Canucks ?

La direction de l’équipe l’a tout de même avoué : elle espérait repêchait le défenseur albertain Cale Makar à ce rang, mais l’Avalanche a été plus rapide. Le plan B, Pettersson, n’a pas été vilain, au contraire, et Vancouver a mis la main sur son défenseur offensif un an plus tard avec Quinn Hughes au septième rang. À sa première saison dans la LNH, Hughes, 20 ans, totalisait 53 points en 68 matchs cet hiver, en route vers une saison de 64 points.

Jim Benning doit maintenant convaincre Brackett de signer une prolongation de contrat. Son retour n’est pas encore acquis.

Meilleur coup (Judd Brackett)

Elias Pettersson, sur un pied d’égalité avec Quinn Hughes. Ces deux joueurs auraient aisément pu constituer des choix parmi les trois premiers en 2017 et 2018.

Pire coup (Judd Brackett)

Olli Juolevi, quatrième choix au total en 2016, constituait un choix unanime parmi les cinq premiers. Il ne s’est pas encore développé comme prévu, mais sa plus récente saison dans la Ligue américaine est encourageante. Il a quand même été préféré à Matthew Tkachuk, Clayton Keller, Mikhail Sergachev et Charlie McAvoy.

Meilleur espoir

Même s’il a été repêché en deuxième ronde seulement, après le choix de première ronde Vasili Podkozlin, le petit ailier suédois Nils Hoglander a survolé le Championnat mondial junior avec 11 points en 7 matchs.

ÉCHANGES

Mike Gillis a effectué les échanges les plus importants de la décennie chez les Canucks entre 2011 et 2013. Sa première grande transaction, en 2010, n’a pas été couronnée de succès. Il a cédé Michael Grabner, Steve Bernier et un choix de première ronde en 2010 pour le défenseur Keith Ballard. Une catastrophe.

Par contre, il a échangé son jeune gardien Cory Schneider aux Devils à un moment opportun en 2013. Le choix de première ronde offert par Lou Lamoriello a permis à Vancouver de repêcher Bo Horvat au dixième rang.

Gillis a aussi eu le courage d’échanger Roberto Luongo pour un gardien plus jeune, Jakob Markstrom.

Celui-ci a mis plusieurs années à s’établir, mais il est désormais l’un des bons gardiens de la Ligue. Les Canucks espèrent le mettre sous contrat à long terme avant son autonomie complète cet été. Luongo est déjà à la retraite, mais la structure de son contrat pénalise Vancouver. Son salaire a occupé 3 M$ de la masse salariale cette année et la même somme sera inscrite à la masse des Canucks pour les deux prochaines saisons.

Jim Benning a poursuivi le travail de liquidation. Dans la même journée en juin 2014, un mois après son arrivée, il a obtenu un choix de deuxième ronde pour Jason Garrison et un choix de première ronde, de même que les espoirs Nick Bonino et Luca Sbisa, pour Ryan Kesler, une star vieillissante et usée qui exigeait un échange.

L’été dernier, Benning a décidé d’obtenir du renfort pour accélérer la marche vers le succès. Il a cédé un choix de première ronde au Lightning pour J. T. Miller. Une décision payante. Miller, 27 ans, avait 72 points, dont 27 buts, en 69 matchs cette saison, de loin sa meilleure production en carrière. Il est sous contrat jusqu’à 2023 à un salaire annuel de 5,2 M$.

À la date limite des échanges, il a pris un important pari en sacrifiant l’un de ses meilleurs espoirs, Tyler Madden, 37 points en 27 matchs à Northeastern, dans la NCAA, et un choix de deuxième ronde, pour obtenir le joueur de location Tyler Toffoli. Celui-ci avait 10 points en autant de rencontres lors de l’interruption de la saison, au sein d’un trio avec Pettersson et Miller. Si on parvient à le mettre sous contrat pour les prochaines années, le risque en aura peut-être valu la peine.

Meilleur coup (Jim Benning)

Erik Gudbranson pour Tanner Pearson en février 2019.

Jim Benning cherchait à se débarrasser de Gudbranson, un défenseur dont le temps d’utilisation venait de chuter sous les 15 minutes par match, avec un salaire annuel de 4 M$ valide pour deux années supplémentaires. Il a obtenu en Pearson un ailier de premier plan pour jouer avec Boeser et Horvat. Pearson avait 45 points cette saison, en route vers une saison de 24 buts et 53 points.

Pire coup (Mike Gillis)

Keith Ballard pour Michael Grabner, Steve Bernier et un choix de première ronde en juin 2010. Ballard était un défenseur de premier plan en Floride lors de l’échange. Il a été un flop total à Vancouver. On ne l’a pas retenu après trois années difficiles. Grabner a marqué 170 buts dans la LNH par la suite et connu trois saisons de 25 buts ou plus, dont une de 34 buts. Les Panthers ont choisi Quinton Howden avec le choix de première ronde, mais Evgeny Kuznetsov, Charlie Coyle, Brock Nelson et Justin Faulk étaient encore disponibles.

JOUEURS AUTONOMES

Le propriétaire des Canucks, Francisco Aquilini, semble être un acheteur compulsif. Du moins les Canucks ont toujours été très actifs sur le marché des joueurs autonomes, peu importe le DG. En 2012, Mike Gillis offrait 27,6 M$ à un défenseur plutôt marginal, Jason Garrison. Il n’a pas duré deux ans à Vancouver. On l’a échangé à Tampa pour un choix de deuxième ronde.

Malgré un processus de reconstruction, ou de réinitialisation, Jim Benning n’a jamais hésité depuis six ans à offrir des contrats monstrueux à des joueurs surévalués, sans doute sous l’insistance du proprio. Ainsi Loui Eriksson a reçu 36 M$ pour six ans en 2016 après une saison de 30 buts à Boston. Il n’en a jamais marqué plus de 11 en quatre ans et on cherche toujours à se débarrasser de lui, sans succès.

En 2018, deux de soutien, Antoine Roussel et Jay Beagle ont reçu la même somme : 16 M$ pour quatre ans. Beagle a obtenu 21 points, dont cinq buts, en 112 matchs depuis son arrivée à Vancouver. Roussel a mieux fait avec 44 points en 106 matchs, mais il demeure au mieux un joueur de troisième trio.

Benning a fait d’autres grosses dépenses l’été dernier : Tyler Myers, cinq ans/30 M$ ; Micheal Ferland, quatre ans/14 M$ ; Jordie Benn, deux ans/4 M$.

Myers jouait au sein de la troisième paire au moment de l’interruption de la saison. Il avait amassé 21 points. À six millions par année, c’est du gaspillage d’argent. Ferland, dont les problèmes de commotions cérébrales étaient connus, a joué seulement 14 matchs. Il pourrait ne plus jouer au hockey. Benn peine à percer la formation.

Meilleur coup

Le gardien Ryan Miller, trois ans, 18 M$ en 2014. Miller a donné trois bonnes saisons aux Canucks, dans un contexte difficile, et permis au jeune Jakob Markstrom de se développer à son rythme.

Pire coup

Loui Eriksson, un gaspillage de 36 M$. Eriksson a marqué 38 buts en quatre ans à Vancouver. Faites le calcul…

Dix saisons (trois rondes remportées, cinq exclusions)

2010-2011 : 54-19-9, 1er Ouest, finale de la Coupe Stanley.

2011-2012 : 51-22-9, 1er Ouest, défaite première ronde.

2012-2013 : 26-15-7, 3e Ouest, défaite première ronde.

2013-2014 : 36-35-11, 12e Ouest, OUT.

2014-2015 : 48-29-5, 5e Ouest, défaite première ronde.

2015-2016 : 31-38-13, 13e Ouest, OUT.

2016-2017 : 30-43-9, 13e Ouest, OUT.

2017-2018 : 31-40-11, 14e Ouest, OUT.

2018-2019 : 35-36-11, 12e Ouest, OUT.

2019-2020 : 36-27-6, 9e Est, (sur un pied d’égalité avec Nashville au dernier rang donnant accès aux séries).

(Demain : les Golden Knights de Vegas)

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