Martin Brodeur deviendra vraisemblablement le prochain président des opérations hockey des Devils du New Jersey. «C’est probablement un peu le rôle qui m’attend», a-t-il déclaré jeudi sur NHL.com, en référence aux Brendan Shanahan à Toronto, John Davidson à New York et Cam Neely à Boston.

Un disciple de Lou Lamoriello, son patron pendant 20 ans au New Jersey, Brodeur implore la patience.

Les défis ne manqueront pas. Le DG, Tom Fitzgerald, a été nommé par intérim, tout comme l’entraîneur Alain Nasreddine. Le responsable du recrutement, Paul Castron, dont le travail est discutable ces dernières années, a été embauché par le directeur général déchu Ray Shero.

Avant de s’attaquer à l’équipe, Brodeur devra d’abord jeter de nouvelles fondations au sein du personnel hockey. Instaurer une culture d’organisation. Le processus ne s’effectuera pas du jour au lendemain.

Brodeur accompagnait l'équipe à Washington jeudi soir. Il dit avoir besoin de temps avant d'évaluer les besoins de l'organisation. «Je ne connais pas les rouages de l'équipe parce que je n'y ai pas prêté attention, je ne m'attendais pas à plonger dans le hockey si rapidement. J'ai accompagné le club en voyage, j'analyse la situation avec un peu de recul pour mieux comprendre les choses, comment on opère, du réseau des filiales au club de la Ligue nationale.»

La clé se situera au chapitre de recrutement. L’embauche d’un nouveau dépisteur en chef, si la direction de l’équipe le juge nécessaire, ne fera sans doute pas les manchettes. Mais le repêchage sera au coeur de la relance des Devils.

Le New Jersey a déjà une bonne base. Les deux premiers centres, Nico Hischier et Jack Hughes, deux premiers choix au total, ont 21 et 18 ans respectivement.

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Jack Hughes et Nico Hischier

Si la tendance se maintient, les Devils repêcheront parmi les cinq premiers, avec 26,1% de chances de choisir parmi le top 3. Ils détiennent aussi le choix de première ronde des Coyotes de l’Arizona obtenu dans l’échange de Taylor Hall.

Brodeur et son prochain DG doivent d’abord ne pas vendre du rêve comme Shero l’a fait. La relance sera longue et sans doute pénible.

Le gardien MacKenzie Blackwood, 23 ans, a du potentiel. Il faudra mieux l’entourer. Et surtout reconstruire la défense poreuse de l’équipe. Liquider Andy Greene à la date limite des échanges. Jauger l’intérêt pour P.K. Subban. Statuer sur l’avenir de Sami Vatanen, joueur autonome sans compensation comme Greene à la fin de la saison.

Si Shero et Castron avaient choisi Zack Werenski, Ivan Provorov ou Thomas Chabot à la place de Pavel Zacha en 2015, Charlie McAvoy ou Jakob Chychrun au lieu de Michael McLeod, l’équipe n’en arracherait pas autant. Ainsi, si le jeune défenseur droitier Jamie Drysdale est disponible entre le deuxième et le sixième rang, les Devils ne doivent pas hésiter.

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Jamie Drysdale

À l’époque, lors de son embauche en 1987, Lou Lamoriello avait choisi de reconstruire la défense des Devils. Il avait exigé des Blues le défenseur Scott Stevens en compensation pour la perte de Brendan Shanahan. Les Blues leur offraient plutôt le gardien Curtis Joseph, le centre Rod Brind’Amour et deux choix au repêchage, mais Lamoriello n’en démordait pas. Il a fallu un arbitre pour trancher en faveur des Devils.

Un an et demi plus tôt, il avait échangé le défenseur Tom Kurvers, auréolé d’une saison de 66 points en 74 matchs, pour obtenir le premier choix des Maple Leafs en 1991. Lamoriello visait d’abord Eric Lindros, mais au troisième rang, il s’est «contenté» du défenseur Scott Niedermayer, l’un des grands de l’histoire.

Avec Stevens et Niedermayer, Martin Brodeur, repêché en 1990, un entraîneur de renom, Jacques Lemaire, et une succession de solides choix au repêchage, les Devils allaient dominer le hockey pendant quelques décennies.

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Scott Stevens avec la Coupe Stanley en 2003.

Lamoriello avait, et a toujours, une façon bien à lui de voir les choses. La défense passait en premier. Le côté humain aussi. «Les joueurs sont comme vos enfants. On les traite de la même façon, mais ils sont tous différents, confiait-il lors de sa mise au rancart au profit de Ray Shero en 2015. Quand tu parles de ton joueur, tu ne parles pas toujours de l’être humain et quand tu penses à l’être humain, tu ne peux pas uniquement penser au joueur.»

Cinq ans plus tard, Lamoriello, 77 ans, a relancé les Islanders de New York dès son arrivée en 2018. Shero, le nouveau messie au New Jersey, a échoué lamentablement.

Voyons si l’un des élèves les plus doués de Lamoriello, Martin Brodeur, sera un digne successeur.

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Autre grosse soirée pour Ilya Kovalchuk. Le nouvel attaquant de 36 ans du Canadien a ajouté deux buts à sa fiche. Il a désormais sept points en autant de rencontres depuis son arrivée. On comprend Richard Labbé d'avoir concentré son analyse du match de jeudi à Philadelphie sur le Russe. S'il continue à produire ainsi, Marc Bergevin sera-t-il tenté de le retenir? Si, à 44 ans, Jaromir Jagr amassait 66 points en 79 matchs en Floride, Kovalchuk peut-il aider le Canadien l'an prochain à 37 ans? Quelle surprise de taille tout de même!