Claude Julien a rarement été élogieux envers son quatrième trio cette saison. On sentait la plupart du temps que c'était ce qui le chicotait le plus quand il analysait sa formation, son épine dans le pied.

Pourtant, hier, malgré la défaite de 3-1 contre les Predators de Nashville, l'entraîneur était heureux. Il n'a eu que de bons mots pour un trio qui, soyons honnêtes, a été loin d'être parfait. Mais pour la première fois, peut-être qu'il avait (enfin) un trio à son image. 

Ces derniers temps, Kenny Agostino et Michael Chaput avaient vécu un ralentissement évident, après quelques beaux moments. Matthew Peca perdait ses batailles et manquait de robustesse. Charles Hudon se retrouvait trop souvent sur la glace quand l'adversaire marquait. 

Claude Julien en faisait d'ailleurs de l'urticaire. Tout ce qu'il demandait de son quatrième trio, c'était qu'il ne soit pas sur la glace quand l'adversaire marquait. Il l'avait clairement exprimé. C'est pourtant sur ce plan, plus que tout autre, que ses joueurs l'ont laissé tomber. 

Ces derniers temps, il avait donc pris soin d'envoyer un message clair à son patron: il n'aimait pas son quatrième trio. Peu importe la manière d'interpréter ses déclarations, c'était la seule conclusion possible. Et Marc Bergevin l'a compris en lui offrant Nate Thompson et Dale Weise. 

Contre les Predators, Claude Julien a donc dévoilé la nouvelle mouture de son quatrième trio. Nicolas Deslauriers a gardé sa place. On lui a greffé les deux nouveaux. 

«Ils ont bien joué ce soir. Ils ont connu une belle progression, ont donné une belle énergie, des chances de marquer. Ils nous ont donné ce qu'on voulait. Dale Weise a bloqué un tir en deuxième période, ça a motivé les gars sur le banc. On n'a pas vu ça souvent de ce trio-là, cette saison. Nate a été bon au cercle des mises en jeu. J'ai vu plusieurs bonnes choses pour ce premier match.» 

Ce tir bloqué de Weise est venu en deuxième période quand il s'est jeté sur la glace devant Ryan Ellis. Un geste courageux, certes. Thompson a terminé la soirée avec 55% (6 en 11) de succès aux cercles, en plus d'être parfait en plus de trois minutes en désavantage numérique. 

Leur match 

Deslauriers, Weise et Thompson ont été très mauvais pendant leurs premières présences ensemble. Après une période, les Predators les dominaient largement. C'était de l'ordre du 9 pour 1 après consultation de leur Corsi, cette statistique avancée qui quantifie cet aspect du jeu. Puis, dans les dernières secondes de la période, Weise a rejoint Delauriers près du filet de Pekka Rinne et, enfin, on a vu quelque chose. Rien de brillant, mais c'était quelque chose, au moins. 

«Les deux ou trois premières présences, on devait apprendre à jouer ensemble, a dit Deslauriers. On a eu quelques chances. Il faut continuer à mettre des gars au filet. On va essayer de continuer comme ça.» 

En deuxième période, le Canadien est sorti en lion. Chaque trio a contribué à changer le rythme. À son tour d'embarquer sur la glace, le quatrième trio a maintenu la pression. Puis on a vu Thompson démontrer une belle explosion pour se rendre au filet. Weise est habile patineur, on s'est en souvenu un peu plus. Deslauriers a donné quelques coups d'épaule. Deslauriers et Weise ont eu une autre occasion en fin de période. 

Surtout, le trio n'a été sur la glace pour aucun but contre. 

On le répète, le match du quatrième trio ne passera pas à l'histoire. Ils n'ont rien fait d'exceptionnel, ils n'ont pas révolutionné le hockey. Le Canadien a perdu un match brouillon, et ils n'ont certainement pas clos le débat sur l'identité à donner à ce trio. Hudon et Peca sont d'ailleurs encore dans l'entourage de l'équipe. Mais ils en ont fait assez pour que Claude Julien s'endorme heureux. 

Hier matin, on demandait à Claude Julien l'importance de l'expérience. Il a dit ceci: «C'est évident pour moi. Quand tu as du vécu, tu gères les situations beaucoup mieux. Des fois, tu vis des situations difficiles, mais des années plus tard, ça te sert bien.» 

Weise est un vétéran de 30 ans qui en a vu d'autres. Qui a joué presque 500 matchs dans la LNH, qui connaît Montréal et qui s'est révélé fort utile lors des séries de 2014. Il sait la chance qu'il a de pouvoir tourner la page sur un passage pénible avec les Flyers de Philadelphie. Thompson a 34 ans, presque 700 matchs derrière la cravate, dans sept uniformes. Il a combattu avec succès le démon de l'alcoolisme. Ces joueurs ont du vécu. C'est ce que Claude Julien voulait ajouter à son groupe. 

Le Canadien est une jeune équipe dont le noyau est en plein développement. Malgré tout, la voici en bonne position à l'approche des séries. Marc Bergevin s'est dit : pourquoi pas ? Ce trio en est la preuve.

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En hausse: Tomas Tatar

Non seulement il a obtenu le seul but du Canadien, mais il a aussi été une source constante d'énergie contre les Predators.

En baisse: Jonathan Drouin

Il y a deux Jonathan Drouin. Hier, on a vu la moins bonne version sur la glace. Sa passe interceptée sur le premier but résume la soirée.

Le chiffre du match: 21

Nombre de fois que le Canadien a tiré vers Pekka Rinne en deuxième période.