Le Canadien concluait hier une première moitié de saison largement au-delà des attentes. Vingt-deux victoires, 49 points... On prend ces chiffres, on les multiplie par deux, et on se demande bien qui aurait prédit que cette équipe pouvait espérer de flirter avec la marque des 100 points.

Mais cette victoire de 2-0 sur les Canucks de Vancouver hier a également servi à rappeler que pour certaines équipes, le succès est fragile. Il n'en tient parfois qu'à un petit centimètre, une petite pièce d'équipement au bon endroit, un faux mouvement.

On précise «certaines équipes», parce que pour d'autres, cette notion de fragilité ne semble pas exister. Regardez au sommet de la division Atlantique. Le Lightning de Tampa Bay s'y trouve avec un coussin - aussi bien dire un matelas - de 10 points. Et ce, même si cette équipe a dû se priver de son gardien vedette Andrei Vasilevskiy et de son défenseur numéro 1 Victor Hedman pendant une partie de la saison.

À Toronto, les Leafs ont perdu Auston Matthews pendant 14 matchs. William Nylander a raté les deux premiers mois. Mais grâce à une profondeur enviable, cette équipe serait en tête de sa division si elle jouait ailleurs que dans l'Atlantique.

Ce qui nous amène à notre duel Canucks-Canadien. Il y a une semaine, les partisans du Tricolore étaient divisés en deux camps: ceux qui craignaient un nouveau séjour de Carey Price sur la liste des blessés. Et ceux qui croyaient à une supercherie pour permettre au gardien d'assister à la naissance de son deuxième enfant. (Selon ceux-là, Price aurait un talent digne de Ric Flair pour feindre la douleur, Price ayant semblé souffrir lors de l'entraînement du 27 décembre.)

En l'absence de Price, le Canadien a remporté deux matchs sur trois. Son auxiliaire, Antti Niemi, a livré une performance moyenne à Sunrise, une difficile à Tampa, et une presque sans faille à Dallas. Mais de façon générale, Niemi ne connaît pas une grande saison, ce qui rend la présence de Price essentielle. D'ailleurs, quelqu'un croit-il vraiment que le Canadien aurait pu l'emporter d'hier sans Price? C'était arrêt spectaculaire sur arrêt spectaculaire. Les gaffes de ses coéquipiers devenaient des occasions de plus pour le gardien de se mettre en valeur. Par exemple, cette jolie passe que Joel Armia a servie à Bo Horvat directement devant le filet.

«Je lui ai dit merci!», a admis Armia.

«Carey, c'était spectaculaire. Nous, un peu moins, a ajouté Jonathan Drouin. Il nous a gardés dans le match, surtout en fin de deuxième période, dans les cinq dernières minutes, ils ont eu de bonnes chances de marquer.»

Gallagher chanceux, Pettersson moins

Restons dans le thème de la fragilité. Brendan Gallagher est le coeur et l'âme du CH. Parce que des joueurs qui jouent avec autant de fougue, tout en étant d'habiles marqueurs, ça ne court pas les rues.

Mais Gallagher a vu sa carrière ralentie deux fois plutôt qu'une, ces dernières années, parce qu'il a reçu des tirs sur la main droite. Le genre d'accident qui arrive aux joueurs qui se tiennent là où ça chauffe, plutôt qu'en périphérie.

C'est encore arrivé hier en première période. Un tir de Ben Hutton sur une main. En voyant Gallagher retraiter au vestiaire, on croyait que cette équipe allait revivre ses malchances du passé. Le petit numéro 11 est finalement revenu au jeu.

«C'est la même chose, il s'implique, il va devant le filet. Il a joué de malchance, mais il a été capable de finir le match», a expliqué Claude Julien.

Sans dire que la saison du Tricolore serait à l'eau si Gallagher tombait au combat, disons que les Montréalais ont besoin de tous leurs soldats, s'ils veulent demeurer dans la course aux séries en deuxième moitié. L'équipe a certes survécu à 24 matchs sans Shea Weber, mais c'était grâce à une production offensive inespérée et dure à soutenir à long terme.

Les Canucks, eux, devront composer avec une nouvelle fragilité. En deuxième période, ils ont perdu les services d'Elias Pettersson, leur moteur offensif. Sans lui, c'était essentiellement Horvat, Brock Boeser et 15 joueurs qui faisaient leur possible.

Comme le CH, les Canucks ont surpris la planète LNH jusqu'ici et demeurent au plus fort de la lutte pour une place en séries. Mais une simple mauvaise chute causée par Jesperi Kotkaniemi pourrait tout foutre en l'air.

Quand on parle de fragilité... C'est le genre de scénario que les Price, Gallagher, Weber et autres piliers devront éviter pour que cette étonnante saison se prolonge.

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En hausse: Brendan Gallagher

À défaut d'avoir obtenu un point, il a livré une énième performance courageuse et a soulevé la foule du Centre Bell par son acharnement en deuxième période.

En baisse: Michael Chaput

Il est un peu plus effacé depuis quelques matchs. Seulement 25 % aux mises au jeu hier (4 en 16), et une punition en troisième période.

Le chiffre du match: 13

Jonathan Drouin a marqué son 13e but hier, à son 41e match. C'est autant de buts qu'en 77 matchs la saison dernière.