Mikko Rantanen et Nathan MacKinnon constituent sans aucun doute l'histoire de l'année dans la Ligue nationale.

Chaque matin de match, la routine: des journalistes couvrant l'équipe adverse s'amènent dans le vestiaire de l'Avalanche et interrogent les joueurs pour connaître le secret derrière le duo le plus excitant, dangereux, productif de la LNH.

Mais comme Rantanen, MacKinnon et leur ailier Gabriel Landeskog sont de chics types, ils font rarement sentir leur irritation, si irrités ils sont. Rantanen a bien paru aigri lundi soir, mais son équipe venait de perdre 4-1. On peut le comprendre de ne pas avoir été d'humeur à discuter de la fin de sa séquence de 14 matchs avec au moins un point!

Mais le matin de ce match contre les Islanders, les deux comparses ont pris du temps pour les médias, même si les questions peuvent devenir répétitives.

«C'est comme si c'était l'année où tout le monde découvre Mikko, répond MacKinnon, rencontré lundi matin au Pepsi Center. On savait tous à quel point il était bon l'an passé, mais peut-être parce qu'il est Européen, il passait un peu inaperçu. Mais il est spécial. C'est bien de le voir obtenir autant de couverture médiatique.»

Il y a cette grande classe des trois joueurs, mais aussi une certaine retenue quand vient le temps de parler de leurs exploits.

«Il reste une cinquantaine de matchs, c'est beaucoup de hockey, rappelle Rantanen. Il est encore trop tôt pour regarder mes statistiques.»

Puisque c'est ainsi, regardons-les à sa place!

Des chiffres démentiels

Si l'Avalanche est aujourd'hui en position de participer aux séries, malgré une profondeur pas idéale, c'est beaucoup grâce au travail de MacKinnon et de Rantanen.

Comme MacKinnon le souligne, Rantanen ne débarque pas non plus de la planète Mars. L'Avalanche a vu en lui un talent certain pour l'avoir repêché au 10e rang en 2015. Auteur de 38 points à sa première saison complète dans la LNH, le colosse de 6 pi 4 po et 215 lb en a amassé 84 la saison dernière.

MacKinnon, lui, a survolé la LNH l'an dernier en amassant 83 points à ses 60 derniers matchs de la saison. À Denver, on murmure que le départ de Matt Duchene a contribué à assainir son environnement de travail. Il faut toutefois rappeler que MacKinnon avait totalisé neuf points dans les quatre derniers matchs de Duchene avec l'Avalanche. Quoi qu'il en soit, MacKinnon n'est de toute évidence plus le joueur qui suscitait les doutes après des campagnes de 38, 52 et 53 points.

Rantanen et MacKinnon, flanqués de Landeskog, continuent donc à produire à un rythme infernal cette saison et occupent en continu les deux premiers rangs de la LNH depuis près d'un mois.

> Mikko Rantanen: 15 buts, 41 passes, 56 points en 34 matchs

> Nathan MacKinnon: 21 buts, 32 passes, 53 points en 34 matchs

Un exemple d'un exploit fou à la portée de Rantanen: le plateau des 100 passes. S'il maintenait son rythme actuel sur 82 matchs, il en totaliserait... 99! Les seuls autres joueurs de l'histoire de la LNH à avoir amassé 100 passes en une saison? Wayne Gretzky, Mario Lemieux et Bobby Orr. Rien de moins!

«Peut-être après 78 matchs, quand il n'en restera que quatre à la saison, j'y penserai. Mais là, c'est l'équipe qui compte. On joue dans une division relevée et on doit se battre tous les soirs», répond Rantanen.

Par ailleurs, tant Rantanen que MacKinnon produisent à une cadence qui leur permettrait de connaître les saisons les plus productives dans la LNH depuis... Lemieux en 1995-1996!

Une année dans la Ligue américaine

On connaît bien le parcours de MacKinnon, repêché au 1er rang en 2013 après deux saisons du tonnerre sous les ordres de Dominique Ducharme à Halifax. On connaît toutefois moins celui de Rantanen, qui n'est pas inintéressant pour ceux qui s'intéressent au Canadien et à son compatriote Jesperi Kotkaniemi.

L'an passé, le défenseur Miro Heiskanen avait choisi de passer une saison de plus à la maison, en Finlande, pour parfaire son développement, après que les Stars l'eurent repêché au 3e rang.

Olli Juolevi (5e, 2016) est quant à lui resté dans les rangs juniors après son repêchage, et est même retourné en Finlande cette saison.

Rantanen, lui, avait vite décidé que ça se passerait en Amérique du Nord. Pas question de rentrer chez le TPS Turku; ça allait être Denver ou la Ligue américaine.

«Je voulais d'abord faire ma place avec l'Avalanche, et j'y suis parvenu, mais je ne jouais pas beaucoup, donc on m'a rétrogradé», raconte-t-il. Après six matchs, il présentait un différentiel de -5, n'avait amassé aucun point et passait en moyenne huit minutes sur la patinoire. À San Antonio, il s'était offert une récolte de 60 points en 52 rencontres.

«Avec le recul, c'était une bonne décision d'aller dans la Ligue américaine, car j'ai joué beaucoup de minutes. J'aurais pu retourner en Finlande, mais j'avais décidé assez tôt que je voulais rester ici. Ça m'a permis de m'adapter à la petite patinoire, de comprendre comment on y jouait. J'ai aussi appris le mode de vie par ici.»

Rantanen disputera ce soir son 200e match dans la LNH, et totalise déjà 178 points. Aucun doute, l'Avalanche a bien géré le dossier.