Guy Carbonneau se trouvait sur le banc du Canadien lors du fameux match de séries contre les Flames de Calgary, en juin 1989, lorsque Claude Lemieux a vécu l'humiliation de rester allongé sur la glace sans avoir la visite du thérapeute sportif.

«Pat Burns avait retenu notre soigneur Gaétan Lefebvre qui s'apprêtait à aller sur la glace», se remémore l'ancien capitaine du CH.

L'entraîneur du Canadien en avait assez de voir son ailier droit feindre des blessures ou encore plonger pour inciter les arbitres à décerner des pénalités à l'adversaire.

«Il y a eu une période où c'était répandu, justement à la fin des années 80, au début des années 90, souligne Carbonneau. Mais on en voit moins aujourd'hui. Si on fait une niaiserie, on la revoit à la télé au moins mille fois par jour. À l'époque, on pouvait en passer pas mal plus...»

À l'époque où il jouait, Carbo n'a jamais osé reprocher à un coéquipier ses plongeons.

«C'est difficile, entre les joueurs, de se faire des reproches parce que tout le monde l'a fait à un certain moment. On ne veut pas commencer à s'écoeurer entre coéquipiers. C'est difficile à juger, car on est sur patins et les lames ne sont pas très larges. C'est à la direction de l'équipe d'imposer des règles en ce sens.»

Stéphane Quintal, qui a porté le titre d'assistant au capitaine à Montréal, affirme que tout est dans le dosage.

«C'est bien une fois de temps à autre quand ça fonctionne et que ça nous donne une occasion de marquer en supériorité numérique, mais ça fonctionne une fois sur 15 et ceux qui le font à répétition sont mal perçus dans le vestiaire.»

Quintal n'aimait pas jouer avec des «plongeurs».

«Ils ne font pas que plonger, ça vient avec tout un bagage. Ce type de joueur se plaît aussi à narguer l'adversaire et il faut souvent aller les défendre pendant qu'ils se cachent derrière les arbitres...»

Quintal n'a cependant jamais ramené un plongeur à l'ordre.

«On les prend à la légère et on les laisse faire parce qu'on sait que pour eux, cette manière de faire est le seul moyen qu'ils ont de rester dans la Ligue nationale. Même si on les ramenait à l'ordre, ils recommenceraient de toute façon: ils n'ont pas le choix pour survivre dans la LNH.»

Quand Guy Carbonneau est devenu entraîneur, il n'a imposé aucune limite en ce sens, mais il a parlé à certains de ses joueurs, comme Maxim Lapierre.

«Je ne trouvais pas que Max plongeait trop, mais qu'il parlait trop. C'est une chose de parler et de déranger l'adversaire, c'en est une autre de parler et de SE déranger. Je voulais qu'il se concentre plus sur ce qu'il avait à faire sur la patinoire.»

À titre de bras doit du VP hockey de la LNH, Brendan Shanahan, Quintal n'entrevoit pas d'imposer des mesures pour enrayer complètement le fléau.

«Ça fait partie du jeu et ça va toujours exister. On n'aime pas quand c'est poussé à l'extrême et qu'il y a des gestes ou commentaires obscènes.»