On nous avait pourtant avertis. Avec tous ces nouveaux visages, avec ce nouveau système super compliqué dont seul Jacques Martin a le secret, ça va être long. Novembre, peut-être décembre. Bref, environ deux mois avant que les gars du Canadien apprennent à jouer ensemble... et récoltent des victoires à la pelle.

Voilà pourquoi ce lent début de saison ne devrait pas nous surprendre. Le CH n'a pas gagné une seule fois en temps réglementaire à ses 16 derniers matchs? Gill ne tourne plus que d'un seul côté? Spacek est confus? Normal. C'est le système. Le système et les gars qui ont besoin de temps pour se connaître, pour se «trouver» sur la glace, comme on dit entre experts.

Je ne sais pas pour vous, mais moi, je trouve que les excuses, ça commence à bien faire.

Des fois, on parle comme si le Canadien était le seul club de cette ligue à devoir composer avec des changements. Des changements, presque tous les clubs en font. C'est normal. La LNH d'aujourd'hui, c'est ça: des changements, et des clubs qui doivent souvent bouger en raison du plafond salarial.

En excluant des gars comme Weber ou Belle, qui sont avant tout des joueurs de la Ligue américaine, le CH compte huit nouveaux patineurs dans sa formation. C'est beaucoup. Mais c'est moins que les Rangers de New York, qui en comptent neuf. Est-ce que le système des Rangers est moins compliqué que le système de Jacques Martin? En tout cas, les Rangers ont la deuxième équipe de l'Est jusqu'ici.

Les gars de l'Avalanche, eux, avaient la meilleure équipe dans l'Ouest avant les matchs d'hier soir. C'est bien pour dire, ce club mise sur sept nouveaux joueurs cette saison. Peut-être que les mecs de l'Avalanche ont appris à se connaître plus vite que ceux du CH? Ça doit être ça.

Oui, c'est le début de la saison. La patience est de mise, et il serait un peu déplacé de demander à Jacques Martin s'il a déjà perdu son vestiaire. Je sais. N'empêche, je m'étouffe dans mon triple latte chaque fois que j'entends l'excuse des joueurs qui ont besoin de temps pour se connaître.

Faut croire que certaines équipes s'ajustent mieux que d'autres... «Est-ce que je suis inquiet? Non, pas du tout, m'a répondu Tomas Plekanec hier, lui qui est soudainement le vétéran possédant le plus d'ancienneté dans cette équipe. Il y a plusieurs bons joueurs ici, et c'est une question de temps avant que tout se replace. Il y a dans ce vestiaire des gars qui ont déjà gagné la Coupe... Tout va rentrer dans l'ordre.»

Selon Plekanec, le problème, ce sont ceux qui veulent déjà appuyer sur le gros bouton rouge de la panique. Genre nous autres, les chacals des médias. «On ne peut pas se permettre de se laisser influencer par ces commentaires négatifs... Il faut se concentrer sur notre travail. Mais c'est sûr que ce serait bien de gagner des matchs 4-1 ou 5-2 en temps réglementaire. Ce serait bien d'avoir deux buts d'avance un de ces jours...»

Ce serait bien, en effet.

Notre ami Serge...

Pendant ce temps, notre ami Serge, qui va de surprise en surprise, a décidé qu'il était trop fort pour la Ligue américaine. Et menacé de tenter sa chance en Russie, avant de changer d'idée et de retourner à Hamilton.

Heureux hasard, je parlais justement de Serge avec Plekanec, hier midi, quelques heures avant d'apprendre le dernier coup d'éclat du plus jeune des frères K. Quand j'ai demandé à Plekanec ce qu'il pensait de Serge, le joueur tchèque s'est mis à faire des contorsions faciales. «Euh... il faudrait que tu parles de ça à la direction», s'est-il contenté de dire.

Non, Serge n'avait pas que des amis dans ce vestiaire. Pour tout dire, j'ai l'impression qu'ils ne seront pas nombreux à pleurer sur son sort.