Une vraie montagne (biélo) russe. Sergei Kostitsyn a terminé le match de mardi opposant les Bulldogs de Hamilton au Moose du Manitoba en vidant son casier. Il a avisé la direction de l'équipe qu'il s'en allait et qu'il ne reviendrait pas.

Informé de la situation en fin de soirée, Bob Gainey a décidé de suspendre le Biélorusse de 22 ans pour la deuxième fois en trois semaines.

Puis, alors que tout le monde le croyait prêt à partir pour la Russie, Sergei aurait décidé de rentrer dans le rang et de retourner chez les Bulldogs!

«Ma compréhension est que Sergei a avisé Bob Gainey qu'il serait du prochain voyage de l'équipe», a indiqué Don Meehan, l'agent de Kostitsyn.

En effet, après avoir discuté avec Gainey, mercredi après-midi, le cadet des frères Kostitsyn semble avoir été ramené dans de meilleures dispositions.

La fameuse suspension, qui a défrayé la manchette mercredi, pourrait n'avoir duré que 24 heures. Le Tricolore attendra cependant que Sergei soit bel et bien avec ses coéquipiers des Bulldogs, lors de leur prochain voyage, avant de confirmer la nouvelle.

Un ultimatum

Le plaidoyer du jeune ailier est simple : il appartient à la LNH et il n'a pas d'affaire à végéter avec les Bulldogs.

La Presse a révélé plus tôt cette semaine que Kostitsyn avait donné un ultimatum au Tricolore. Il demandait à la direction de le rappeler ou de l'échanger dans les deux prochaines semaines, sans quoi il accepterait l'une des trois offres que lui ont présentées des équipes de la KHL.

Avant d'avoir rencontré Kostitsyn, Bob Gainey lui-même croyait bien que le jeune homme avait mis sa menace à exécution.

«Je pense qu'il va partir en Russie», a-t-il déclaré à Radio-Canada Sports.

«Ça va donner la chance à un autre jeune membre de l'organisation qui veut jouer avec nous.»

Peu de recours

La folle épopée de Sergei Kostitsyn a connu un nouveau chapitre, mercredi, et semblait au courant de la soirée le ramener à la case départ.

Mais elle nous force néanmoins à nous demander ce que seraient les recours du Canadien s'il décidait un jour de quitter pour la KHL.

À vrai dire, aucune jurisprudence ne permet au CH de forcer Kostitsyn à ne pas jouer en Russie.

L'équipe pourrait bien réclamer un dédommagement monétaire pour bris de contrat, mais il lui serait impossible d'obtenir l'argent en question.

Et elle ne pourrait pas non plus le retenir physiquement, comme on l'a vu l'an dernier dans le cas de Pavel Valentenko.

On se rappelle que le jeune défenseur avait quitté les Bulldogs après seulement trois rencontres afin de rejoindre le Dynamo de Moscou.

Si, un jour, Sergei Kostitsyn décide de boucler ses valises pour Omsk ou ailleurs, ses droits demeureront la propriété du Canadien.

Et à ce titre, il pourra très bien être échangé à une autre équipe, comme Valentenko l'a été dans le cadre de la transaction Gomez-Higgins.

Mais puisque la direction du Canadien n'a pas voulu commenter la situation à La Presse, on ne sait pas si des équipes ont manifesté de l'intérêt envers l'attaquant récalcitrant.

Kostitsyn briserait le pacte

Dieu seul sait si Gainey a assuré Kostitsyn, mercredi, qu'il allait l'accommoder dans les plus brefs délais.

Mais il lui a probablement fait valoir certains risques de quitter pour la Russie.

À la suite de l'affaire Alexander Radulov, il y a deux ans, la LNH et la KHL ont accepté un pacte de non-agression afin de respecter les contrats en vigueur dans l'un et l'autre circuit.

Plus souvent qu'autrement, ce pacte a été respecté.

C'est dans cet esprit, par exemple, que le défenseur Joel Kwiatkowski, qui désirait revenir dans la LNH avec les Thrashers d'Atlanta, a été forcé cet été d'honorer son contrat à Saint-Pétersbourg.

On l'a vu dans le cas des Jiri Hudler et Anton Babchuk : ce sont les joueurs ayant le statut de joueur autonome avec ou sans compensation qui ont pu changer de ligue.

Or, ce n'est pas le cas de Kostitsyn, qui est encore sous contrat jusqu'à la fin de la saison.

René Fasel, le président de la Fédération internationale de hockey sur glace, a d'ailleurs déjà indiqué qu'il ne permettrait pas à Kostitsyn de jouer en Russie.

Que ferait donc Kostitsyn en Russie, suspendu par le Canadien, incapable de décrocher un contrat valide là-bas, et s'étant peut-être fermé les portes de la Ligue nationale?

Retrouver Guy Boucher à Hamilton est peut-être une sage décision...