Le match des Étoiles n'est pas l'endroit rêvé pour relancer le débat sur l'abolition des bagarres, mais les dirigeants de la ligue n'ont pas eu le choix de commenter le dossier à la sortie de la réunion des gouverneurs de la LNH.

Mais, même après le décès de Don Sanderson et les convulsions dont Garrett Klotz, un hockeyeur de la Ligue américaine, a été victime vendredi, les médias semblent plus pressés que les gouverneurs de vider la question!

«La question des bagarres n'a pas été abordée plus que n'importe quel autre élément touchant notre produit sur la glace», a indiqué Kevin Lowe, président des Oilers d'Edmonton, au terme de la rencontre.

«L'appétit pour l'abolition des bagarres n'est pas là, a ajouté le patron des Leafs, Brian Burke. Ce qui s'est passé avec Don Sanderson est une tragédie, mais les médias ont réagi de façon excessive. C'est notre travail de mener cette ligue correctement et de ne pas réagir de façon excessive.» Sanderson, un Ontarien de 21 ans qui évoluait dans une ligue senior, est décédé le 2 janvier, trois semaines après qu'un traumatisme crânien l'eut plongé dans le coma.

Tout comme dans le cas de Klotz, le fait qu'il n'avait plus de casque et que sa tête ait heurté la glace de plein fouet est au coeur de l'enjeu.

Le commissaire Gary Bettman a suggéré que la ligue devait se pencher sur les «règles d'engagement» qui entourent les bagarres: de quelle façon elles démarrent, s'il faut ou non retirer son casque, et quoi faire à propos des joueurs qui sont renversés et qui se cognent la tête sur la patinoire.

Le statu quo

Mais à écouter les gouverneurs, on n'est pas près d'assister à un changement de politique.

«Comme au football, le hockey a une dimension physique et c'est inévitable qu'une forme de violence s'exprime», a estimé John Davidson, président des Blues de St-Louis.

«Avant d'agir, on doit avoir une bonne idée de l'impact qu'auront les nouvelles mesures», a ajouté Don Waddell, le DG des Thrashers d'Atlanta.

L'abolition des bagarres pourrait entraîner une augmentation des gestes posés avec le bâton, et ce ne serait certainement pas une bonne chose pour le hockey.» Le commissaire Bettman a lui-même donné son appui au statu quo. «Les batailles font grimper le thermostat d'un match, a-t-il expliqué. La plupart des amateurs les apprécient. Ce n'est certainement pas le but du jeu au hockey, mais ç'en est une composante.

«Et puis, n'importe quel règlement voté en milieu de saison exigerait l'unanimité des gouverneurs, et il est loin d'y en avoir une», a rappelé Bettman, en ajoutant ce que tout le monde avait au bout des lèvres: «Peu importe la direction que l'on prend, il faut s'assurer que ça se passe de façon sécuritaire.» Un journaliste a rappelé à Bettman qu'en 1993, lors de son premier match des Étoiles en tant que commissaire - ça se passait aussi à Montréal - il avait dit à propos des bagarres : «Nous devons avoir un débat pour qu'il n'y ait plus de débat».

Et nous voilà au même point 16 ans plus tard...

Au même point? Un instant, réplique Colin Campbell.

«Il y a 20 ans, les joueurs craignaient pour leur vie certains soirs, a souligné le préfet de discipline de la LNH. Il y avait de graves inégalités. Des joueurs se blessaient lors de bagarres générales.»

«Aujourd'hui, on ne voit plus ça. On a réussi à enrayer le troisième homme dans une bagarre. Et les multiples batailles de fin de match, qui étiraient les trois dernières minutes sur une demi-heure, sont aussi soumises à un règlement.

«À mesure qu'il y a de plus en plus de mouvements de personnel, les joueurs se parlent beaucoup plus et fraternisent plus qu'autrefois. L'idée selon laquelle il n'y a plus de respect dans le hockey, c'est de la foutaise...»