Attendons quelques heures de plus, si vous le voulez bien, avant de replonger dans les malheurs de l'avantage numérique du Canadien.

Pourquoi pas une note plus légère en ce lundi matin?

Tiens, par exemple, vous vous souvenez du film Slap Shot?

«Two minutes by yourself and you feel shame.»

C'est de cette façon savoureuse que le gardien Denis Lemieux résumait l'effet de se retrouver au banc des punitions.

À quoi exactement pense un joueur lorsqu'il se retrouve au cachot?

Qu'est-ce qu'il fait lorsqu'il est emprisonné là pendant 120 secondes... ou plus?

Son niveau de concentration est-il moins élevé que lorsqu'il regarde le match depuis le banc de son équipe?

Graves questions.

«C'est sûr qu'au banc des joueurs, tu es plus attentif à cause des encouragements et des changements de trios», explique Georges Laraque, qui a passé presque 18 heures au banc des punitions depuis le début de sa carrière.

«Quand je suis au banc des pénalités, je ne fais que regarder le match. Mais je fais toujours des blagues avec l'annonceur-maison!

«Plus tôt cette saison, en arrivant au banc des punitions après m'être battu, je lui ai dit: «la ministre (Michelle Courchesne) ne va pas aimer ça!»

«On a beaucoup ri avec ça, et on s'en reparle chaque fois que je retourne au banc de punitions...»

Maxim Lapierre n'est pas surpris que Laraque ait développé ce genre de complicité avec les habitués de l'endroit.

«Il passe sa vie là, lui. Il est bien mieux de se faire des amis!» s'exclame Lapierre, qui assure garder toute sa concentration lorsqu'il échoue au banc des punitions.

Bonbons et rêvasserie

Tom Kostopoulos préfère laisser l'annonceur-maison tranquille. C'est qu'il s'est trouvé d'autres gens avec qui converser.

«Dans certains amphithéâtres, ça m'arrive souvent de parler avec le préposé de la Ligue nationale qui ouvre la porte du banc, raconte-t-il.

«Il y a des endroits où ils vous attendent avec des bonbons. Je crois que c'est à Los Angeles où le gars donne des jujubes.

«En général, ces préposés-là sont très gentils!»

L'attitude d'un joueur au banc des punitions ne sera pas nécessairement la même selon qu'il passe deux, cinq ou dix minutes en pénitence.

«Quand tu écopes d'une pénalité mineure, ce n'est pas assez long pour être distrait, admet Kostopoulos. Tu es aux premières loges pour regarder le match et tu espères toujours qu'il va y avoir une chance d'échappée à ta sortie du banc.

«Mais quand il s'agit d'un cinq minutes en raison d'une bagarre, ça peut devenir long, surtout qu'il faut attendre un sifflet pour sortir du cachot. Parfois, tu vas passer sept minutes au banc au lieu de cinq!»

Lui arrive-t-il de tomber dans la lune, de se mettre à penser à sa liste d'épicerie ou à l'évier qu'il faut réparer?

«On peut parfois rêvasser quelque peu, mais ça n'arrive jamais au Centre Bell, assure Kostopoulos.

«Avec l'ambiance qu'il y a à Montréal, tu restes toujours dans la partie. Au mieux, je vais faire un signe de la main à un enfant qui me regarde.»

La principale préoccupation

«Les choses auxquelles on pense dépendent de plusieurs facteurs comme le pointage, ou si l'on est en séries éliminatoires», mentionne Guillaume Latendresse.

«C'est sûr que si tu prends une mauvaise pénalité et que l'entraîneur est en colère contre toi, c'est à cela que tu vas penser.

«Ça dépend vraiment de la situation. Si ton équipe mène 2-1 et que tu écopes d'une pénalité avec trois minutes à faire, tu espères juste que ton équipe ne se fera pas scorer!»

Là-dessus, tous les joueurs du Canadien s'entendent. Il y a l'embarras que créent certaines pénalités, mais il y a surtout les doigts qui se croisent pour que l'équipe tienne le coup en infériorité numérique.

«La principale chose à laquelle je pense? J'espère d'abord et avant tout que les gars réussissent à écouler la punition», convient Steve Bégin.

«Autrement, ça dépend beaucoup du genre d'infraction que tu reçois. Des fois, je reste frustré quand je juge qu'elle n'est pas méritée.

«Mais disons que je ne me mets pas à penser à ma femme! Je reste concentré sur le match...»