L’East Coast Pro Tour (ECPT) a innové, l’année dernière, en mettant sur pied « My Golf Fund », une campagne de sociofinancement permettant aux joueurs professionnels d’alléger leurs dépenses dans la poursuite de leur rêve. À quelques semaines du début de la saison, le circuit veut maintenant venir en aide aux équipes universitaires.

Grâce à ce procédé, des joueurs du circuit se sont fait financer leur saison entière sur l’ECPT. Selon les données du circuit, 272 donateurs ont offert près de 30 000 $ à leurs golfeurs favoris pour les aider à réussir à jouer au golf à temps plein.

« On connaît le pouvoir du sociofinancement », raconte Massimo Roch en entrevue sur Zoom.

Le président et cofondateur du circuit et son bras droit Luca Greco ont donc réfléchi à la manière d’aider le plus de jeunes joueurs possible. Même s’ils n’évoluent pas nécessairement sur le circuit.

Lui-même un ancien joueur des Carabins de l’Université de Montréal, Roch sait « qu’il y a certains coûts associés au fait de jouer au golf. Quand tu n’es pas professionnel, ou même lorsque tu l’es, ça coûte très cher ».

C’est pourquoi il sera possible pour les équipes de golf universitaires, et même collégiales, de profiter de la plateforme de sociofinancement offerte et bâtie par l’ECPT.

L’Université Laval a été la première à lever la main.

On veut que le plus d’équipes en profitent, donc on monte des plateformes pour toutes les équipes.

Massimo Roch, président et cofondateur de l’East Coast Pro Tour

L’Université de Sherbrooke, l’Université de Montréal, l’Université McGill et même le cégep André-Laurendeau feront eux aussi partie du programme.

Pour la relève

L’objectif est simple : « Aider à promouvoir et surtout aider la prochaine génération de joueurs à devenir des golfeurs élites et professionnels ». La mission du circuit est la même depuis sa fondation en 2019.

Ce sera aux entraîneurs de chaque formation à décider où les dons seront investis. Il pourrait s’agir d’augmenter le volume d’entraînement, de se procurer du meilleur équipement, de financer un camp d’entraînement ou de payer les déplacements et l’hébergement en cas de besoin.

« Ce n’est pas juste que c’est mieux pour les joueurs, mais aussi pour le groupe d’entraîneurs. »

S’ils le veulent, les donateurs pourront également aider des joueurs de manière individuelle, sans nécessairement envoyer leurs dons dans la cagnotte de l’équipe.

Ainsi, les athlètes-étudiants devront aussi faire leur autopromotion, justement, pour attirer les faveurs de leurs admirateurs. C’est du moins sur quoi repose le modèle, estime Massimo Roch : « Ce n’est pas une idée qui aurait aussi bien fonctionné il y a 20 ans. Avec les réseaux sociaux, tout le monde est connecté. Tout le monde est sur Instagram, tout le monde est sur Facebook. Donc, chaque joueur, à travers sa propre communauté, son propre réseau et même à travers son club de golf, pourra inviter les gens à l’aider. »

Les fondateurs ont même des universités ontariennes et américaines dans le viseur, puisque le circuit est allé au-delà des frontières québécoises la saison dernière.

Sur la bonne voie

Roch refuse de jouer à l’autruche  : « Les meilleurs joueurs comme Laurent Desmarchais ou William Duquette vont continuer à aller là-bas [universités américaines]. C’est normal et ce n’est pas ça qu’il faut changer nécessairement. »

Le golf québécois et canadien est sur une belle erre d’aller, surtout du côté féminin, et c’est là-dessus que veut miser le circuit.

Ce n’est pas parce que quelque chose part dans la bonne direction qu’il ne faut pas continuer de pousser.

Massimo Roch, président et cofondateur de l’East Coast Pro tour

Même si la population vieillit et que le golf est encore perçu par plusieurs comme un sport vieux jeu, Roch assure, sans détour, que « la relève est là ».

Maintenant, « il faut juste s’assurer qu’elle prospère dans le monde du golf et qu’il y ait plus de compétiteurs sérieux et la seule façon de durer, c’est d’avoir les fonds pour payer », explique le Montréalais.

Chaque joueur est à la merci de son propre développement, surtout au golf. Certains percent tôt, d’autres plus tard. Ainsi, jouer sur le circuit universitaire québécois ou canadien n’est pas un prix de consolation. Au contraire, c’est l’occasion pour certains de développer leurs habiletés dans un milieu sain et compétitif.

« Le golf est un sport étrange parce que ça prend de la persévérance. Parfois, tu sens que tu es le pire joueur au monde, parfois que tu es le meilleur. Je sais exactement ce qu’est ce feeling. Tout le monde atteint son sommet à des moments différents. »

Les circuits professionnels représentent le rêve ultime pour plusieurs golfeurs. Pour y accéder, toutefois, ils doivent jouer. Et pour la plupart des talents locaux, ça doit nécessairement passer par les universités québécoises. De là l’importance, pour l’ECPT, de mettre son grain de sel.