C’était un message dans sa boîte de courriels. Un parmi tant d’autres. Celui-là, exceptionnellement, provenait de l’Augusta National. En l’ouvrant comme un coffre trouvé sur l’épave d’un navire, la golfeuse Monet Chun venait de trouver son trésor.

Elle était sur le campus de l’Université du Michigan, à Ann Harbor, lorsqu’elle a reçu une alerte sur son téléphone. Ce courriel lui signalait qu’elle faisait partie de la présélection d’invitées pour disputer le tournoi amateur féminin de l’Augusta National. Le pendant féminin du Tournoi des Maîtres.

L’invitation officielle est arrivée par colis quelques semaines plus tard, à l’université.

Pour tous ceux et celles s’étant déjà agenouillés pour lire un roulé ou planter leur tee sur un tertre de départ, fouler le sol du club de golf le plus célèbre au monde est un rêve. Un fantasme, en fait, pour le commun des mortels. Mais pas pour Monet Chun. Pour elle, ce sera bientôt réalité.

La golfeuse de Richmond Hills, en Ontario, visitera donc le temple du golf américain pour la première fois. « Ça veut dire beaucoup. Ils sélectionnent peu de joueuses parmi les meilleures joueuses amateurs au monde. Donc d’avoir été choisie pour y jouer, c’est assez phénoménal », raconte l’étudiante en kinésiologie par téléphone à la sortie d’un cours.

Une année renversante

L’athlète de 22 ans, dont la date de naissance est un palindrome, le 1er janvier 2001, se présentera dans « l’un des tournois amateurs les plus prestigieux » pour épater la galerie. Elle refuse de jouer les figurantes et de se laisser impressionner par l’ampleur de l’évènement.

Monet Chun a l’habitude de répondre aux attentes sous la pression. C’est pourquoi elle représente l’un des plus beaux projets du golf canadien. Son année 2022 a été renversante. Assez pour faire pencher la balance et la propulser au sommet plus tôt que prévu, confie-t-elle.

J’ai toujours voulu faire carrière dans le monde du golf. Depuis que je suis junior, je sais que je peux croire en une carrière professionnelle. Je ne m’attendais peut-être pas à connaître autant de succès si rapidement, cependant.

Monet Chun, golfeuse

L’année dernière, elle a remporté le championnat universitaire du Big Ten, la division dans laquelle évolue son équipe, les Wolverines du Michigan. Elle a aussi triomphé au Championnat féminin amateur du Canada, en plus de terminer deuxième aux Internationaux des États-Unis amateurs. Un an plus tôt, elle avait été choisie pour faire partie de la première équipe d’étoiles du Big Ten et elle avait aussi été élue recrue de l’année de la division. Cette saison, en cinq tournois, elle maintient un pointage moyen de 73,40 par ronde.

« Je pense que je gère bien le fait de jouer dans de gros tournois. Ça m’a aidée dans les dernières années. Je vais essayer de garder la même routine. Ce sera un environnement différent évidemment, mais il faudra profiter de chaque moment pour en ressortir grandie », explique-t-elle concernant ses appréhensions face au tournoi disputé en Géorgie du 29 mars au 1er avril.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE TWITTER DE GOLF CANADA

Monet Chun a remporté le Championnat féminin amateur du Canada, l’été dernier.

L’expérience américaine

L’Ontarienne a atterri à l’Université du Michigan parce qu’elle a été séduite par sa culture. « C’est un tout », précise-t-elle.

L’université est reconnue pour son excellence sportive. Sa réputation la précède. Par le passé, les Wolverines se sont démarqués au hockey, en natation, en gymnastique et, évidemment, au football, une religion sur le campus. Chaque match disputé dans le Michigan Stadium, le plus gros stade des États-Unis, prend les allures d’une messe réunissant 107 601 fidèles.

« C’est phénoménal ! Je vais à tous les matchs lorsque je suis disponible. C’est une expérience complètement folle. Ça fait partie de la culture ici et il y a tellement de monde que ça réchauffe quand il fait froid. Tu ne peux pas comprendre tant que tu ne le vis pas », évoque Chun.

Toujours à propos de cette culture unique, la golfeuse parle d’un « programme de qualité ».

Elle est fière d’arborer le gros « M » jaune sur ses polos, car elle sait que derrière cette lettre majuscule se trouve une histoire riche et glorieuse.

« C’est inspirant de voir qu’il y a eu des athlètes dans la même position que moi et qui ont connu du succès. C’est bon pour la confiance et ça m’impressionne de savoir que nous aussi, on peut rêver à connaître autant de succès. C’est une expérience complète et nourrissante. »

C’est maintenant à elle de créer sa propre histoire pour faire à son tour partie de la légende de ce programme sportif. Le fait de pouvoir traîner son sac de golf sur le terrain le plus emblématique de tous est sans doute un bon début. Pour qu’un jour ce soit le « M » de Monet qui s’écrive en or et en majuscule.