Tiger Woods collectionne les records comme Roch Voisine accumulait les numéros un dans les années 1990. Lors de la deuxième journée du Tournoi des Maîtres, vendredi, le quintuple vainqueur de la compétition a encore trouvé le moyen de faire parler de lui, sans même figurer parmi les meneurs.
Le golfeur de 48 ans s’est qualifié pour les rondes de la fin de semaine pour la 24e fois d’affilée, grâce à un pointage cumulatif de +1.
Consultez le tableau des meneursDepuis 1997, Woods n’a jamais quitté l’Augusta National sans devoir se préparer à jouer le samedi. Il a ainsi éclipsé la marque de 23 établie par Gary Player et Fred Couples.
Il s’agit d’un tour de force pour Woods. Surtout compte tenu de son parcours orageux depuis le début du tournoi.
Incommodé par des ennuis à une cheville, au bas du dos et à un genou, parcourir le sinueux terrain conçu par Bobby Jones est un défi majeur pour lui. Mais en plus de survivre à la marche de 7555 verges, Woods devait jouer les cinq trous n’ayant pas été complétés la veille.
En raison des retards provoqués par la pluie jeudi matin, certains golfeurs, dont Woods, ont été freinés par l’obscurité géorgienne.
Woods a donc commencé la journée avec un boguey et a fini sa première ronde de la même manière. Il pointait alors à +1.
Moins d’une demi-heure plus tard, son trio complété par Max Homa et Jason Day reprenait le collier. Le retour au jeu de Woods a été tumultueux. Sur son premier neuf, il a enregistré trois oiselets, trois normales et trois bogueys. Son jeu sur les verts l’a ralenti, trop souvent à court.
Néanmoins, comme un caméléon à l’approche d’un prédateur, il s’est transformé drastiquement pour survivre au neuf de retour. Sa moyenne de coups roulés par trou est passée de 1,75 à 1,50. Jamais on n’aurait cru en début de journée que Woods pourrait s’appuyer sur son fer droit pour rester dans le coup.
Sa frappe de balle, sur les coups de départ plus particulièrement, ne laissait aucun doute. Et lorsque le jeu court s’est mis à fonctionner, Woods était lancé, presque comme à la belle époque. Il a joué une ronde égale à la normale, conservant son cumulatif de +1, bon pour la 22e place.
Pour la première fois du tournoi, Woods a affiché un large sourire en serrant la main de Day à la fin de sa deuxième ronde. Et un Tiger satisfait est un Tiger qui sait qu’il peut faire encore mieux.
Son corps a tenu le coup et même s’il avait joué seulement une ronde de golf avant le tournoi, il a tout de même devancé des golfeurs comme Brooks Koepka, Corey Conners et Patrick Cantlay.
Retour à la case départ
En début de journée, les conditions étaient favorables. Suffisamment, du moins, pour anticiper une percée des meneurs Bryson DeChambeau et Scottie Scheffler.
Mais le vent s’est levé comme si une tornade approchait. Avec tous ces grains de sable qui virevoltaient, on se serait cru dans le dernier long métrage de Denis Villeneuve. Les deux golfeurs du Texas ont somme toute bien manœuvré, sans pour autant pouvoir s’exprimer pleinement. Le vent était tel que les joueurs mettaient un temps disproportionné à jouer. Sur les tertres de départ, ils reprenaient leur routine plus d’une fois, déstabilisés par les rafales. Sur les verts, les golfeurs s’efforçaient de déplacer les brindilles et les débris s’interposant entre leur balle et le trou.
Le groupe composé de Scheffler, Rory McIlroy et Xander Schauffele, l’un des derniers à prendre le départ, s’est approché d’une moyenne de 20 minutes par trou sur le neuf de retour.
DeChambeau avait entamé la journée avec un coup d’avance. Même s’ils n’étaient pas jumelés, c’est comme si DeChambeau et Scheffler se lançaient la patate chaude.
Au 11e, DeChambeau a commis un boguey. Scheffler prenait la tête à -7, mais il a connu le même sort quelques secondes après au cinquième. Sauvetage de Scheffler au sixième, oiselet de DeChambeau au 12e pour reprendre la tête.
Boguey de Scheffler au septième, nouvel oiselet de DeChambeau dans l’Amen Corner au 13e pour prendre une avance de trois coups. Oiselet de Scheffler au long huitième et boguey de DeChambeau au 14e. Seulement un coup d’écart. Bref, ils se sont chamaillés ainsi tout au long de la ronde.
Le vent a freiné de manière considérable l’élan des deux joueurs, incapables de provoquer un quelconque coup d’éclat. Scheffler a finalement joué la normale et DeChambeau a remis une carte de +1, pour un total de -6.
D’ailleurs, avec les conditions plus clémentes de la matinée, un autre golfeur a pu se faufiler jusqu’au sommet.
Max Homa, partenaire de Woods, a été épatant avec deux oiselets en fin de première ronde. Il a eu une journée sans tache. L’Américain a aussi pointé en tête avec des cartes de 67 et 71.
Une tenue un peu surprenante de la part du 11e joueur mondial, habituellement plus tiède en tournoi majeur. Son seul top 10 en 11 ans de carrière a été enregistré l’an passé à l’Omnium britannique.
Néanmoins, Homa semblait être dans ses pantoufles en cette journée ensoleillée. Il a été intraitable avec ses fers, lui qui a atteint 15 des 18 verts en régulation malgré des coups de départ un peu moins spectaculaires.
Rien ne se joue le vendredi au Tournoi des Maîtres, mais il serait périlleux d’estimer où pourrait s’arrêter Homa, visiblement porté par la frénésie d’avoir été jumelé au joueur le plus suivi du parcours.
À suivre
Le trio est suivi de près par deux Scandinaves. Le Danois Nicolai Højgaard à -4 et le Suédois Ludvig Åberg à -2, sans doute les deux poursuivants les plus dangereux de la journée.
Åberg, neuvième joueur mondial, a remis la meilleure carte du jour avec un 69.
Puis, le très discret Collin Morikawa figure également à -3. Champion de deux tournois majeurs, il était à plus de trois coups de la tête après deux rondes lorsqu’il a triomphé au Championnat de la PGA en 2020.
La coupure s’est finalement faite à +6, alors que 60 golfeurs seront de retour pour la troisième ronde.
La journée a été longue à Augusta. Elle a commencé à l’aube et s’est terminée au crépuscule. Les reflets orange du soleil sont passés d’est en ouest en attendant le rouge du tigre. Entre-temps, la tempête a sévi, mais jamais autant que celle provoquée par une fin de semaine qui s’annonce agitée.