Les dieux du golf ont exaucé le souhait d’à peu près tous ceux ayant consacré leur fin de semaine au Tournoi des Maîtres : une ronde finale s’annonçant serrée, relevée et imprévisible.

Consultez le classement (en anglais)

Aucun golfeur participant à la troisième ronde du tournoi, samedi, n’a fait de progrès fulgurant. Avant de prendre le départ, trois golfeurs se trouvaient au sommet du classement à égalité. Scottie Scheffler, Max Homa et Bryson DeChambeau étaient à -6. Collin Morikawa et Ludvig Åberg suivaient quelques coups derrière.

Dix-huit trous plus tard, Scheffler mène seul à -7 et suivent dans l’ordre Morikawa (-6), Homa (-5), Åberg (-4) et DeChambeau (-3).

Tous les membres de ce noyau extrêmement compétitif ont une chance véritable d’enfiler le veston vert, dimanche soir.

Néanmoins, le favori demeure Scheffler. Fort d’une ronde de -1 (71), il doit être considéré comme tel, non seulement parce qu’il est le numéro un mondial, non seulement car il a gagné le tournoi en 2022, mais surtout parce qu’il est le seul parmi ses rivaux à être réellement en mesure de transformer ses erreurs en miracles. C’est devenu sa marque de commerce. Sa future autobiographie s’intitulera sans doute « Se mettre dans le trouble et toujours s’en sortir » ou quelque chose comme.

Après un début de ronde presque sans histoire, Scheffler a commis un double boguey au dixième. Un faux pas rarissime dans son cas. Immédiatement après, au 11e, il a réalisé un boguey. Son jeu court était catastrophique. À des années-lumière de son rendement habituel.

Cependant, deux trous plus tard, l’Américain a réussi un aigle au 13e trou, grâce à un très long roulé, pour reprendre la tête. Le naturel est finalement revenu au galop. Un galop qu’on ne voit habituellement que dans les Derbys. Ensuite, au 15e trou, épreuve à laquelle bien des golfeurs ont échoué, Scheffler a répondu avec un oiselet.

Il a été l’un des seuls à attaquer le fanion du 18e trou, après un bête boguey au 17e, et ça a porté ses fruits. Un oiselet sur un court roulé loin d’être acquis.

En somme, le meneur est fidèle à lui-même : maladroit, mais efficace. Le joueur de 27 ans mène après deux rondes et il paraît inébranlable. Comme en 2022. La seule personne capable de l’arrêter s’appelle Meredith Scheffler. La femme du meneur est sur le point de mettre au monde le premier enfant du couple. Et Scottie a déjà informé les organisateurs que si sa femme perdait les eaux pendant le tournoi, il sauterait quand même dans le premier avion pour aller rejoindre sa tendre moitié au Texas. Peu importe son pointage, peu importe son classement, peu importe le déroulement de la journée.

Les prétendants

Collin Morikawa est sans doute le poursuivant le plus dangereux pour Scheffler. Le double champion majeur est le seul participant à avoir ramené trois rondes sous la normale. Avec un 69, samedi, l’Américain est à un seul coup de la tête, à -6.

Grâce à sa précision habituelle, Morikawa a atteint toutes les allées du parcours. Une première pour lui en tournoi majeur.

Dans la manière, le golfeur californien a bien peu de choses à se reprocher. Il a commencé sa journée avec trois oiselets à ses trois premiers trous. Il a aussi terminé son neuf d’aller avec aplomb. Heureusement pour lui, car il a été assez linéaire dans la deuxième moitié de sa ronde. Il a notamment raté une belle occasion d’aigle au 13e. Tentative qui s’est traduite en normale.

Il fallait cependant s’attendre à un tel rendement de la part de Morikawa. Dans ce genre de tournoi, le vainqueur du championnat de la PGA en 2020 et de l’Omnium britannique en 2021 est meilleur avec le temps. Plus le tournoi progresse, plus il est redoutable et incassable. Scheffler n’aura qu’à bien se méfier.

Des conditions de tournoi majeur

Le parcours du Augusta National est évidemment reconnu pour son prestige, sa riche histoire, son cachet sans pareil et aussi pour la complexité de ses verts.

Samedi, les puristes ont été ravis de constater à quel point la fermeté et l’ondulation des verts avaient donné des maux de tête aux golfeurs.

Morikawa a même déclaré après la ronde n’avoir jamais joué dans des conditions semblables en cinq apparitions au tournoi.

La qualité et surtout la difficulté du parcours, en plus du positionnement des drapeaux, a offert un bien meilleur spectacle que la veille. À un certain moment, vers 17 h 30, cinq golfeurs étaient à égalité en haut du classement à -6. Åberg, Morikawa, Højgaard, Homa et DeChambeau luttaient pour la tête.

L’édition actuelle est la plus relevée depuis 2006.

Les golfeurs ont été en mesure de manœuvrer à travers le premier neuf. Mais chacun des neuf derniers trous a eu l’effet d’une hache dans le tableau des meneurs.

Après les deux erreurs de Scheffler au 10e et au 11e ont suivi un boguey de Homa au 12e, un boguey de DeChambeau au 12e, un boguey de Åberg au 14e et un boguey de Højgaard au 13e.

Les deux joueurs ayant été les plus amochés par le parcours ont été DeChambeau et Højgaard.

L’Américain a effectué trois bogueys et un double boguey sur le neuf de retour. Contrairement aux deux premières rondes, rien ne fonctionnait sur les verts. C’est comme s’il avait perdu son superpouvoir. Comme dirait Lance Armstrong à Oprah : la chaîne a débarqué.

Dans le cas du Danois, ses cinq bogueys de suite, du 11e au 15e trou, ont bousillé à peu près toutes ses chances. Pourtant, Højgaard tenait bon, surtout qu’avant cette fâcheuse séquence, il avait réussi trois oiselets consécutifs du 8e au 10e trou.

Toujours vivant

Avec tout ça, Tiger Woods prenait part lui aussi à la troisième ronde du tournoi, et ce, pour la 24e fois consécutive. Un autre record qui pourra s’ajouter à sa page Wikipédia.

On se demandait si sa journée de 23 trous la veille allait avoir des répercussions. Et nous avons eu notre réponse plus tôt que tard.

Les trois premiers trous se sont faits sans douleur apparente. Mais au quatrième trou, il est arrivé en enfer. Il terminait ses coups de départ avec un seul bras, se pencher sur le vert pour mettre son jeton derrière sa balle avait l’air pénible et, à chaque pas, c’est comme si ses jambes pesaient plus d’une tonne.

Il a même été surprenant de le voir continuer après le neuvième trou.

Woods est arrivé au 18e trou en sueur, comme s’il venait d’achever un Iron Man. Il a remis une carte de 82, comme quatre autres joueurs, dont le Canadien Adam Hadwin. Woods pointe désormais en 52e position à +11.