La golfeuse Sarah-Ève Rhéaume aurait pu profiter de ses derniers mois d’admissibilité dans la NCAA. Elle a toutefois choisi de faire le saut chez les professionnelles plus tôt que prévu. Après deux victoires consécutives, elle ne regrette en rien sa décision.

Lorsque jointe par La Presse au téléphone, Rhéaume profitait d’une période de repos et d’entraînement en Floride, accompagnée de ses parents.

Là-bas, elle a pu profiter comme il se devait de ses deux victoires acquises au Club Morongo, à Beaumont, en Californie, sur le Cactus Tour.

« On a célébré un peu après le tournoi, mais j’avais un vol de nuit, donc ça n’a pas été très long », raconte-t-elle.

Ces deux victoires s’ajoutent à ses deux triomphes de l’été dernier, soit le Glencoe Invitational et le Championnat féminin Ororo PGA du Canada. À 22 ans, la joueuse du club Royal Québec, dans la région de la Capitale-Nationale, compte déjà quatre titres professionnels à son actif.

« Au moins, maintenant, je peux partir avec le chèque », précise-t-elle à la blague.

Elle fait référence ici aux limitations imposées aux athlètes universitaires de la NCAA. Circuit qu’elle a décidé de quitter au profit du circuit professionnel, même si elle était encore admissible à retourner à l’Université Furman, en Caroline du Sud, où elle a obtenu un diplôme en commerce. Il lui reste seulement un cours avant de pouvoir également obtenir un diplôme en économie.

PHOTO FOURNIE PAR SARAH-ÈVE RHÉAUME

Sarah-Ève Rhéaume a remporté deux victoires sur le Cactus Tour, en Californie.

Je voulais me préparer à la vie et au circuit professionnel. […] Après quatre ans et demi à l’université, oui, j’ai un peu fait le tour, même si ça m’a fait quelque chose de tout quitter. Je trouvais que j’étais allée chercher tout ce que j’avais à aller chercher.

Sarah-Ève Rhéaume

Avec la manière dont elle se comporte depuis et avec les performances offertes au cours des dernières semaines, elle sait qu’elle a « vraiment pris la bonne décision et que c’était vraiment le choix à faire ». « Je suis contente d’avoir fait la transition. »

Avec ses deux gains en Californie, elle a obtenu un droit de jeu pour le prochain tournoi du circuit Epson, le dernier circuit avant d’atteindre celui de la LPGA. Heureux hasard, le tournoi aura lieu au Club Morongo, sur le terrain sur lequel elle a gagné son premier tournoi récemment. « Ça me donne une bonne motivation. J’allais y avoir accès plus tard en saison, mais de commencer tout de suite, espérer faire un peu d’argent et s’approcher de la LPGA, ça donne un bon coup de pouce à ma saison. »

La nouvelle génération

Rhéaume, avec Brigitte Thibault et Céleste Dao, fait partie d’une nouvelle génération de golfeuses québécoises ayant brillé à l’université et tentant maintenant de se faire un nom chez les professionnelles.

Cette cuvée donne espoir, car la fleur de lys est très peu représentée sur le circuit de la LPGA et encore moins sur le PGA Tour.

D’ailleurs, les trois joueuses entretiennent déjà une belle complicité, comme le souligne Rhéaume.

On a un bon noyau. Céleste, Brigitte et moi, on a joué souvent aux mêmes tournois juniors, amateurs et universitaires. On se suit depuis un bout, on se supporte beaucoup. Céleste et moi, on est super proches. Elle est venue rester chez nous pendant le temps des Fêtes.

Sarah-Ève Rhéaume

Le golf féminin connaît globalement une belle croissance. Les meilleures joueuses au monde sont de plus en plus mises de l’avant, notamment à la télévision. Les grandes entreprises font aussi des meilleures golfeuses leurs têtes d’affiche.

Par exemple, au début de l’année, TaylorMade s’est associée à Nelly Korda et à Brooke Henderson, probablement les deux golfeuses les plus en vue de leur génération.

« J’ose espérer que ça s’en va dans la bonne direction. C’est sûr que de voir TaylorMade signer des filles comme Brooke et Nelly, surtout qu’ils ont toujours eu les gros joueurs du côté des gars comme Rory [McIlroy], Tiger [Woods] et Scottie Scheffler, ça aide. Avoir deux filles comme ça, c’est gros. En espérant que les compagnies signent de plus en plus de filles. »

Si l’avenir du golf est féminin, celui de Sarah-Ève Rhéaume est prometteur. Le prochain défi sera de traverser les différentes étapes jusqu’au meilleur circuit féminin au monde, parce que son but ultime est « d’avoir [sa] carte pour jouer à temps plein dans la LPGA ».