(Trois-Rivières) Deux saisons auront suffi à Marc-Antoine Dequoy pour s’imposer comme l’un des meilleurs demis défensifs de la Ligue canadienne de football (LCF). Une ascension faste, mais prévisible. Le paradoxe entre sa jeunesse et sa sagesse peut étonner, mais pour lui, tout tombe à sa place en même temps.

À l’entraînement mercredi dernier, malgré la pluie et le tapis gazonné de plus en plus trempé, Dequoy ne fait jamais dans la demi-mesure. Depuis trois jours, dans les exercices de simulation de match, le numéro 24 est de tous les combats. Son intensité a même généré des flammèches avec certains membres de l’unité offensive.

Dequoy a un nouveau contrat de trois ans en poche. Et il veut l’honorer. L’athlète de 28 ans perçoit davantage cette nouvelle entente comme un vote de confiance qu’une pression additionnelle.

« Je me demandais justement comment j’allais me sentir, raconte-t-il à sa sortie du vestiaire, serviette et téléphone cellulaire en main. Je ne prends pas ça à la légère évidemment, mais je trouve que ça fait du bien de savoir que l’équipe a confiance en moi. C’est plus facile d’en donner davantage dans ce temps-là. »

Faire sa place

Parce qu’il est québécois, éloquent et sous les projecteurs depuis les rangs universitaires, Dequoy est l’ambassadeur idéal pour les Alouettes. Il est dans l’œil du public depuis plus de cinq ans et il est souvent le délégué de l’équipe pour répondre aux questions des médias dans les bons et les mauvais moments.

L’homme à la coiffe affriolante assume ce rôle. Et il l’embrasse. À sa troisième saison seulement chez les Alouettes, son influence sur le reste de l’équipe ne fait aucun doute.

Je veux prendre un rôle de vétéran cette saison, d’autant plus que je vais être ici pour les trois prochaines années. Donc j’essaie de leader positivement, à ma façon.

Marc-Antoine Dequoy

Le Montréalais n’est pas nécessairement le premier à bondir de son siège pour livrer un discours aussi inspirant qu’évocateur à la manière de Winston Churchill ou de Ray Lewis. Son leadership est perceptible davantage sur le terrain. Là où aucun coéquipier n’est laissé pour compte. Là où ses qualités de motivateur sont utilisées à bon escient. Impossible pour les autres joueurs de rester impassibles en regardant Dequoy s’agiter.

« Je parle sur le terrain. […] L’important, c’est que tout le monde s’entraide, que tu sois une recrue ou un vétéran, et que tu prennes ta place en tant que leader. Si le chapeau te fait, tu le mets. Il faut juste savoir prendre sa place au moment opportun », poursuit celui qui avait obtenu sa chance avec les Packers de Green Bay dans la NFL.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Marc-Antoine Dequoy (24) en action

Prendre du galon

Dequoy a terminé la dernière saison à égalité au quatrième rang de la LCF avec quatre interceptions. Son premier touché en carrière est d’ailleurs survenu à la veille de la Saint-Jean-Baptiste, en retournant une interception de son nouveau quart-arrière Cody Fajardo, jadis avec les Roughriders de la Saskatchewan. Cette course de 21 verges au stade Percival-Molson a donné le ton à la saison du Québécois.

En réalité, il ne cesse de répondre aux attentes placées à son égard. À une certaine époque, sa domination était telle dans le réseau universitaire québécois que les quarts adverses ne lançaient tout simplement plus en direction de l’ancien maraudeur des Carabins de l’Université de Montréal. « J’espère que ça n’arrivera pas, parce que c’était un peu plate », dit-il en rigolant.

Évidemment, le gaillard de 6 pi 3 po n’a pas atteint ce statut dans la LCF, mais manifestement, les pivots adverses le craignent davantage.

Je pense que les autres quarts-arrières commencent à me connaître. Après tout, il y en a juste neuf. Mais je souhaite qu’ils lancent en ma direction.

Marc-Antoine Dequoy

Dequoy est un mordu de football et il compte profiter amplement de la chance qui lui est offerte par les Alouettes pour briller à sa juste valeur. Néanmoins, dans un sport où l’attaque est souvent mise de l’avant, il se conforte dans un rôle plus en retrait, éloigné des projecteurs. Même si les Moineaux ont le privilège de s’appuyer sur une bonne défense, l’arrivée et le retour de certains éléments clés de l’autre côté du ballon monopolisent presque l’entièreté de l’attention.

« Mais j’aime mieux ça, plaide-t-il. Parce que s’il y a des attentes et qu’elle [l’attaque] y répond, tout le monde sera content. Et nous, à l’inverse, on peut rester dans l’ombre. Quand tu fais bien ta job, personne ne parle de toi et ça veut dire que ça va bien. »

De la même manière que même si Paul et John faisaient la manchette, les Beatles auraient été fort dépourvus sans l’apport de George et Ringo.

Malgré leurs ailes brisées, les Alouettes réapprennent à voler. Toute sa vie, Marc-Antoine Dequoy a attendu ce moment pour prendre son envol. Et le soleil est enfin arrivé.