(Trois-Rivières) Cody Fajardo n’a pas perdu de temps avant de s’imposer dans le vestiaire des Alouettes de Montréal. Il a cependant décidé de le faire avec humour, légèreté et bienveillance. Au bout du compte, c’est ce dont cette équipe a besoin pour se relancer.

L’entraînement venait à peine de se terminer. Fajardo tenait encore son casque dans une main lorsqu’il s’est appuyé contre l’un des murs du complexe sportif des Diablos du cégep de Trois-Rivières, juste à côté d’une machine distributrice de boissons énergétiques, en face du vestiaire.

La saison n’est pas encore officiellement commencée, mais le quart-arrière anticipe déjà le moment où il videra cette machine située derrière lui pour verser tout ce liquide sur la tête de son entraîneur quelque part à la fin de l’automne.

S’il s’est entendu avec les Alouettes ce printemps, c’est pour remporter la Coupe Grey. « Cette province éprouve tellement de fierté pour cette équipe. Elle a gagné plusieurs Coupes Grey et on veut être le groupe qui ramènera la prochaine. »

La route vers le triomphe commence en Mauricie. Et Fajardo est arrivé dans une forme splendide. Six mois se sont écoulés depuis ses derniers pas sur un terrain de football dans un contexte compétitif.

« On n’a pas fait les éliminatoires avec les Roughriders [de la Saskatchewan], donc j’ai eu plus de temps pour m’entraîner, lancer des ballons, prendre des répétitions. Ça m’a plu de commencer plus tôt », raconte-t-il.

L’entraîneur-chef Jason Maas a aussi constaté à quel point le joueur de 31 ans était fumant depuis le début du camp d’entraînement. Il n’a pas mâché ses mots pour complimenter le travail de son quart numéro un.

Nous avons une relation qui s’est construite dans les dernières années. Je l’ai vu à son meilleur et à son plus bas. Il a géré beaucoup d’adversité, mais il a toujours été lui-même. C’est ce que j’ai toujours apprécié le plus chez lui. Il est arrivé ici en forme, prêt à jouer et prêt à être un bon leader.

Jason Maas, entraîneur-chef des Alouettes

Fajardo priorise la rigolade à la langue de bois. Sa loquacité, sa dégaine et son sourire en coin à chaque fin de phrase font de lui un personnage idéal pour vendre le football dans la métropole. Encore faut-il que son rendement soit à la hauteur des attentes.

Néanmoins, jouer dans un marché comme celui de Montréal ne l’effraie pas outre mesure. « Venir de la Saskatchewan aide sans doute. Ça demeure La Mecque du football canadien, où tous les yeux sont rivés sur l’équipe. Je l’ai vécu pendant trois ans, donc je pense que ça aide. »

PHOTO HEYWOOD YU, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Cody Fajardo avec les Roughriders de la Saskatchewan en octobre 2022

Le rassembleur

Même s’il le connaît depuis peu, le demi-offensif William Stanback commence déjà à cerner quel genre de personnage est Cody Fajardo. « J’ai cru remarquer qu’il était drôle et taquin. C’est lui qui fait le plus de blagues dans le vestiaire. »

La conjointe du quart a récemment donné naissance à leur premier enfant. L’Américain a donc conjugué travail et famille plus que jamais depuis l’arrivée au monde de sa progéniture. « J’ai dû apprendre à négocier avec mon nouveau rôle de père. »

Presque au même moment, il est arrivé dans un nouveau vestiaire. Dans un sport où le sentiment de faire partie d’une famille est probablement plus fort que n’importe où ailleurs. Et surtout à la position la plus névralgique du monde sportif.

Fajardo se sent déjà à l’aise aux côtés de ses nouveaux frères d’armes. Notamment parce qu’ils « travaillent tellement fort ».

Le quart ne voit pas son rôle de leader comme une tâche ou une obligation, mais plutôt comme un privilège.

« C’est important pour moi de vraiment bien connaître tout le monde, la personnalité et les faiblesses de chacun. Mais rapidement, le coach Maas nous a fait sentir comme une famille. Tu vois que chaque gars serait prêt à se battre pour ses coéquipiers et c’est comme ça que tu remportes des matchs de football. On veut être soudés et c’est ce genre de détails qui fait la différence dans un match serré au quatrième quart. »

En français

Dans une publication des Alouettes sur leurs réseaux sociaux au début du camp, Fajardo a prononcé quelques mots dans la langue de Tremblay. « Miel » et « fromage », entre autres. Pour lui, et il l’avait signifié à son arrivée dans le giron des Alouettes, il est capital de pouvoir s’intégrer à la culture locale.

« J’essaie de m’imprégner de la culture. C’est probablement avec la bouffe que je suis déjà le plus familier, parce que je commande mes plats en français à la cafétéria. Le coach Maas essaie d’utiliser des mots en français dans le vestiaire, c’est presque un cours de français. On a des quiz qui sont organisés, des présentations PowerPoint. »

J’aimerais pouvoir entretenir une conversation en français et pas juste entendre, mais comprendre ce que les gens disent.

Cody Fajardo

En attendant, il maîtrise parfaitement la phrase « Je ne parle pas bien français », simplement parce que quand il essaie de le parler, « les gens ne comprennent rien au départ », conclut-il en riant, juste avant de faire dévier la conversation vers le hockey, une fois l’enregistreur éteint.

« J’avais Seattle dans mon pool, mais comme je viens du Nevada, je n’ai plus le choix de me ranger derrière Vegas ! »