Chaque année, le match du Super Bowl est l’évènement le plus regardé et le plus attendu au Réseau des sports (RDS). La qualité du spectacle, l’immensité de l’enjeu et l’idée de se rassembler y sont pour quelque chose, mais si plus d’un million de personnes regardent le match sur les ondes de RDS, c’est aussi grâce à la mission que s'est donnée toute l’équipe de télédiffusion.

Ce n’est pas un hasard si cette diffusion phare de la chaîne sportive attire autant de gens. La qualité de reportage et d’analyse est même reconnue par le milieu. Il y a deux ans, l’équipe de RDS a remporté le prix Gémeaux de la meilleure animation pour la présentation du Super Bowl LV mettant aux prises les Buccaneers de Tampa Bay et les Chiefs de Kansas City.

Cette année, l’équipe de description retournera sur place pour la septième fois.

« C’est Noël. C’est notre cadeau. C’est extrêmement motivant », raconte avec enthousiasme le descripteur David Arsenault par Zoom, quelques heures avant de s’envoler. « Il n’y a absolument rien qui peut se comparer à l’adrénaline ressentie lorsque tu te retrouves dans un stade avec 75 000 personnes qui crient. C’est une drogue, vraiment. »

Pour le producteur des 140 matchs diffusés cette saison, Marc Prévost, il s’agit également d’un immense privilège. « Préparer un show comme ça, c’est le fun ! Je suis entouré de gars talentueux. C’est fatigant et éreintant, mais c’est comme l’ultime récompense. On veut tous être à notre maximum. C’était un rêve d’y aller. »

PHOTO FOURNIE PAR RDS

L’équipe de description du Super Bowl du Réseau des sports (RDS), de gauche à droite : le descripteur David Arsenault, l’analyste Pierre Vercheval, le producteur Marc Prévost et le reporter sur le terrain Didier Orméjuste

Ne rien laisser au hasard

Même si la partie est diffusée dimanche, Prévost insiste sur tout le travail effectué pour mettre la table en vue de l’affrontement ultime. Toute la semaine, il doit coordonner les apparitions en direct de ses analystes dans les différentes émissions de la grille et faire le point sur les sujets abordés lors du match.

Pour Arsenault, la préparation passe majoritairement par la lecture. « J’essaie de lire à peu près tout ce qui s’écrit. »

PHOTO BILL STREICHER, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Jalen Hurts est rabattu au sol par Nick Bosa lors de la finale d’association entre les Eagles de Philadelphie et les 49ers de San Francisco le 29 janvier dernier.

Ensuite, il couche sur une immense charte toutes les informations recueillies. Preuve à l’appui, il se retourne pour prendre derrière lui son panneau utilisé lors de la finale d’association entre les Eagles de Philadelphie et les 49ers de San Francisco. Sur cette charte figure le nom de tous les joueurs et des informations écrites en pattes de mouche en dessous de chacun d’entre eux.

J’écris des statistiques, des petites anecdotes, des choses dont je veux me souvenir durant le match. […] Les gens à la maison veulent qu’on décrive l’action, mais s’il y a des temps morts, j’aime agrémenter ma description d’histoires à raconter.

David Arsenault, descripteur des matchs à RDS

Grâce au travail effectué en amont, Marc Prévost ne ressent aucune pression malgré l’importance du moment. « On essaie juste de faire un bon show, de A à Z. Je sais que tous les gars seront sur la coche cette journée-là. »

Pour David Arsenault, la seule pression est celle qu’il se met lui-même sur les épaules. « Je veux que les gens soient contents de mon travail, poursuit-il. Je me prépare toujours, peut-être trop, toujours trop en fait, même pour le plus obscur des joueurs sur les unités spéciales, qui va peut-être réussir le gros jeu. Alors je veux savoir d’où il vient, comment s’appellent ses parents et avec qui il a déjà joué. »

La valeur ajoutée

L’une des plus grandes fiertés de l’équipe de RDS est d’avoir rallié de plus en plus de gens et de les avoir convaincus de regarder le football en français au cours des 15 dernières années.

« Longtemps, l’habitude des gens a été de dire qu’ils regardaient ça en anglais, parce que c’est meilleur, ils sont sur place, ils sont bons, et je le comprends aussi, je ne veux pas juger les gens, ils ont leurs habitudes télévisuelles », fait remarquer Arsenault.

Ses collègues et lui ont toutefois inventé une certaine manière de faire comparable à celle des Américains et digeste pour les téléspectateurs québécois.

Ce n’est pas cul-cul. Oui, il y a des expressions en français qui sonnent drôle, mais on a un travail à faire pour franciser le plus possible.

David Arsenault, descripteur des matchs à RDS

Il était important également pour Arsenault de souligner le travail de ses collègues. Pendant trois heures, ils travaillent sans relâche pour informer et divertir les téléspectateurs. L’ambiance sur le plateau est aussi l’un des facteurs expliquant le succès de la bande.

Selon Arsenault, tout le monde est à sa place et cela favorise la complicité entre les membres du plateau.

Pierre Vercheval est « un excellent vulgarisateur ». « Il est un monsieur extrêmement sympathique, il est drôle, et j’accepte d’être le straight man, le second. C’est Pierre la vedette, c’est Pierre l’expert. »

Matthieu Proulx est « l’un des très bons animateurs, tous sports confondus. Il gère son plateau de main de maître. Il est connaisseur, drôle et rigoureux ».

Bruno Heppell est « [son] ami, c’est l’ancien Alouette qui est un peu Roger Bontemps ». Didier Orméjuste « connaît les coulisses, il suit la nouvelle ». Danny Desriveaux « apporte quelque chose qu’on n’avait pas, c’est-à-dire une analyse encore plus en profondeur du jeu ».

« Ce sont tous des professionnels », ajoute Marc Prévost.

À ce titre, David Arsenault est choyé de pouvoir vivre ce genre de moments entre amis et d’être la voix décrivant chaque fois des matchs historiques, dans la langue de Molière : « On aime profondément notre travail et on est contents de partager cette passion en français. C’est notre valeur ajoutée. »