Le succès des Eagles de Philadelphie s’est construit grâce au jeu au sol cette saison. Comme Rocky attrapant une orange à l’improviste dans le marché italien, Jalen Hurts pourrait passer à l’histoire grâce à son jeu de jambes. Contre la défense anémique des Chiefs de Kansas City, ça pourrait être la fête au nid.

Il y a ceux qui détestent les quarts-arrières comme Hurts et ceux qui les adorent. Les quarts mobiles, dont le réflexe est souvent de courir avant de lancer, polarisent l’opinion.

À sa troisième campagne dans la NFL, Hurts a épaté tout le monde : 22 passes de touché, 13 touchés par la course. Un rendement unique en 2022.

Plus important encore, Hurts a perdu un seul match.

Les Eagles joueront sur la plus grande scène du monde grâce à lui. Il est aussi la preuve que des quarts mobiles peuvent mener de grandes équipes. Le schéma offensif des Eagles n’est pas complexe ou révolutionnaire. Cependant, en raison de la force de frappe de leur jeu aérien et de leur jeu au sol, les défenses adverses sont continuellement sur le qui-vive. Il est impossible d’anticiper un jeu contre Hurts et son attaque, car tout peut arriver. L’attaque des Eagles a été la plus productive de la ligue en matière de points par match, à égalité avec les Chiefs, et pour la moyenne de touchés inscrits par rencontre.

Il reste que la course est le pain et le beurre de Nick Sirianni et il serait fou de s’en passer au Super Bowl, contre une équipe en difficulté lorsqu’elle n’a pas le ballon.

L’attaque des Eagles est celle ayant utilisé le plus de jeux au sol cette saison, avec une moyenne de plus de 33 par partie. Ce ratio était à la hausse à chaque rencontre en fin de campagne. Philadelphie trône également au sommet de la ligue pour le nombre de premiers jeux obtenus en portant le ballon et pour le pourcentage de touchés marqués au sol (57,35 %).

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Miles Sanders (26)

Par la course

En contrepartie, le rendement défensif des Chiefs laisse à désirer depuis septembre. Compte tenu de la qualité de leur ligne défensive, il y a de quoi être surpris. Ils n’ont jamais été en mesure de s’adapter.

Ce sera encore plus difficile de le faire au Super Bowl contre un jeu terrestre aussi varié. Lorsque Hurts ne prend pas ses jambes à son cou, Miles Sanders fait des flammèches. À l’instar de Josh Jacobs, des Raiders de Las Vegas, le demi offensif des Eagles est drôlement sous-estimé. En plus, les deux ont été conçus à partir du même moule. Ils grugent des verges encore et encore. Ils sont coriaces et puissants. Ils ne craignent pas le trafic et lorsqu’ils trouvent une brèche, il est presque impossible de les rattraper.

Sanders a terminé la saison avec 1269 verges par la course, bon pour le cinquième rang de la ligue. Si les Eagles veulent l’emporter, il devra faire partie intégrante du plan de match.

Le génie de l’attaque des Eagles réside également dans la capacité de tous ses joueurs à effectuer de bons blocs. L’équipe est accro aux jeux à options et même si les receveurs ou les demis offensifs ne touchent pas au ballon, ils tracent le chemin pour leur quart-arrière. Le succès de Hurts ne serait rien sans les schémas offensifs habilement dessinés et l’apport de ses coéquipiers dont la responsabilité première n’est pas d’effectuer des blocs.

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Le quart-arrière des Bengals de Cincinnati, Joe Burrow, a goûté à la médecine de Chris Jones lors de la finale de l'AFC.

Par les airs

La défense des Chiefs demeure le plus grand point d’interrogation de ce grand match.

Contre la course, elle peut bien se débrouiller. Elle a limité les dégâts jusqu’à présent, accordant seulement le quart de ses touchés par la voie terrestre.

Contre le jeu aérien, c’est une autre histoire. Les Chiefs sont 29es pour le nombre de passes allouées et bons derniers pour la quantité de touchés accordés par la passe.

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Le porteur de ballon des Seahawks de Seattle Kenneth Walker III est rabbatu au sol par Frank Clark (55) et Nick Bolton (32).

Pourtant, Chris Jones, Frank Clark et Nick Bolton sont des valeurs sûres sur la ligne de mêlée et dans les zones rapprochées. La faille se trouve dans la tertiaire.

Les Chiefs devraient s’en inquiéter, car le receveur A. J. Brown renaît de ses cendres depuis son arrivée en Pennsylvanie. Le receveur a connu une saison fantastique et il est la cible de prédilection de Hurts. Il sera le meilleur receveur éloigné sur le terrain dimanche soir. Le seul hic avec Brown, c’est qu’il peut être à la fois extraordinaire et ordinaire. Son manque de constance l’empêche d’obtenir le même statut que Davante Adams ou Stefon Diggs. Il a tout pour réussir et nous verrons avant longtemps s’il est taillé pour les grandes occasions.

Sinon, le réservé DeVonta Smith commence enfin à prendre du galon avec des attrapés à des moments clés, parfois à une main, parfois avec le sol… L’ancien lauréat du trophée Heisman souffre aussi du fait que Hurts passe peu le ballon, mais il est habitué de disputer de grands matchs.

Ultimement, le sort de cette équipe repose entre les mains de Hurts. Il est le chef d’orchestre. Ce sera à lui de battre la mesure.