Couteau suisse. Carte cachée. Héros obscur. On peut décrire le rôle de Christophe Normand au sein des Alouettes de plusieurs façons. Une autre est « pilier ».

Ça peut paraître un brin exagéré de qualifier un centre-arrière qui totalise 11 courses et 19 attrapés en 6 saisons dans la LCF de pilier. Or, ce ne l’est pas du tout.

Normand est une pièce importante de l’attaque, un joueur clé des unités spéciales et l’un des meneurs des Alouettes. Ce n’est d’ailleurs probablement pas un hasard si son arrivée à Montréal en 2019, après trois saisons à Winnipeg et une à Edmonton, a coïncidé avec la première saison victorieuse des Als en cinq ans.

« Il est formidable. Il exécute ce qu’on lui demande et il accomplit toutes les petites choses que les gens ne voient pas toujours. Il s’assure toujours que nos joueurs soient bien positionnés, il bloque, il attrape des passes. Il est un élément important de notre attaque et je suis très choyé de pouvoir compter sur lui », a résumé l’entraîneur-chef, Khari Jones.

Les Alouettes disputeront leur deuxième match de la saison, jeudi soir à Toronto (19 h 30), et ils le feront sans leur as porteur de ballon William Stanback, blessé à une cheville. La présence de Normand dans le champ arrière sera donc doublement importante au côté d’un jeune demi comme Jeshrun Antwi.

« Le style de jeu de Jeshrun est similaire à celui de Stanback, alors je ne pense pas que nos entraîneurs vont dévier beaucoup de leur plan de match », a estimé Normand.

« Notre groupe de demis offensifs est très physique et on a nos propres stratégies chez les Alouettes afin de bien bloquer pour nos quarts. Je ne m’attends donc pas à ce que les choses changent beaucoup sans Stan [Stanback]. »

Comme leur entraîneur-chef, les joueurs des Alouettes savent tous que Normand joue un rôle essentiel dans le club, même s’il est effacé. Stanback et Vernon Adams fils ont notamment souvent eu des éloges pour l’ancien du Rouge et Or de l’Université Laval.

« J’aime ça, jouer ici, entre autres parce que j’ai effectivement la confiance de Khari, d’André [Bolduc], l’entraîneur des demis offensifs, et de mes coéquipiers. »

J’essaie d’être un bon leader, même si je ne suis pas le plus volubile, et je suis satisfait de mon rôle dans l’équipe.

Christophe Normand

En plus de participer à environ 50 % des jeux offensifs, Normand est l’un des joueurs clés des unités spéciales, un rôle qu’il affectionne particulièrement.

« J’aime jouer en attaque, mais je ressens toujours une petite fierté supplémentaire au sein des unités spéciales. La grande majorité des joueurs sont des Canadiens et des Québécois et notre entraîneur est un Québécois [Byron Archambault]. Les unités spéciales comptent pour beaucoup, même si elles sont dans l’ombre. »

Constructeur, enseignant et militaire

Comme la plupart des joueurs de la LCF, Normand a vécu beaucoup d’incertitude durant la pandémie. La saison de 2020 a été annulée et celle de 2021 a été écourtée. L’athlète originaire de Bromont a toutefois fait bon usage du temps à sa disposition.

« Je me suis bâti une maison à Eastman [en Estrie], j’ai été prof et je me suis enrôlé dans l’armée ! Honnêtement, je me cherchais un petit peu. Comme bien d’autres joueurs, je n’étais pas très optimiste par rapport au football, j’en ai donc profité pour mener d’autres projets.

« J’ai commencé ma qualification de base dans l’armée l’hiver dernier. J’ai un contrat de deux ans avec les Alouettes, mais on est disponibles à temps plein durant la saison morte, alors j’aimerais pouvoir travailler avec l’armée l’hiver prochain. »

C’est à l’école secondaire Wilfrid-Léger, à Waterloo, que Normand a enseigné à des enfants qui ont un trouble du spectre de l’autisme.

« C’était vraiment une belle expérience. J’ai pu obtenir un contrat en raison de la pénurie d’enseignants et j’ai adoré ça. Je n’avais que 3 élèves dans ma classe, alors je pouvais presque personnaliser leurs cours d’histoire et de géographie. Je n’avais pas 32 élèves à gérer. »

Normand n’exclut d’ailleurs pas de faire carrière en enseignement après sa carrière au football. Pour le moment, il se concentre toutefois sur les Argonauts de Toronto.

« Ils n’ont pas joué la semaine dernière et on ne sait même pas encore qui seront les partants à certaines positions. Il y a beaucoup d’incertitude.

« Ça pourrait changer, mais on s’attend à ce que les quatre équipes de l’Est soient bonnes cette année. Les matchs intradivision, comme celui de jeudi soir, seront donc vraiment importants. »

Alouettes c. Argonauts, jeudi (19 h 30), à Toronto