Les éliminatoires de la NFL s’amorcent ce samedi, et pour la deuxième année de suite, il y aura six matchs au premier tour. Pour mettre la table, voici nos analyses en vue des deux affrontements d’aujourd’hui, qui seront disputés à Cincinnati et à Buffalo.

Raiders c. Bengals

Les éliminatoires de 2021 (oui, même si on est en 2022) débuteront avec un affrontement entre deux équipes qui ont appris à gagner cette année. Si ce n’était, en toute probabilité, qu’une question de temps dans le cas de Joe Burrow et des Bengals de Cincinnati, ce n’était pas vraiment attendu dans celui des Raiders de Las Vegas.

Très peu d’observateurs avaient prédit une place dans les éliminatoires aux Raiders. Compte tenu de toute l’adversité à laquelle ils ont fait face au cours de l’automne, l’exploit de participer au tournoi est notable en soi. Rappelons les faits.

Leur entraîneur-chef Jon Gruden a été congédié dans la disgrâce après la découverte de courriels empreints de racisme, de misogynie et d’homophobie qu’il avait envoyés il y a une dizaine d’années. Le receveur Henry Ruggs III a causé la mort d’une jeune femme alors qu’il roulait à 250 km/h avec les facultés affaiblies. Le premier choix de 2020 a donc été congédié, lui aussi, tout comme l’autre sélection de premier tour des Raiders d’il y a deux ans, Damon Arnette, qui a quant à lui diffusé une vidéo dans laquelle il menaçait quelqu’un en brandissant une arme à feu. Tout ça en l’espace d’environ un mois…

Les Raiders auraient très bien pu s’écraser après toutes ces histoires et c’est exactement ce qu’ils semblaient faire. Du 7 novembre au 12 décembre, ils ont perdu cinq de leurs six matchs, mais l’équipe fondée par le légendaire Al Davis s’est ressaisie et a gagné ses quatre dernières rencontres, dont cette spectaculaire victoire contre les Chargers de Los Angeles, dimanche soir.

Il y a eu trois grands responsables dans les succès inattendus des Raiders : Rich Bisaccia, Maxx Crosby et, bien sûr, Derek Carr.

Coordonnateur des unités spéciales jusqu’à ce point, Bisaccia a gardé le train sur les rails après avoir remplacé Gruden de façon intérimaire. Il mérite d’ailleurs pleinement d’obtenir sa chance comme entraîneur-chef de façon définitive.

PHOTO ORLANDO RAMIREZ, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Maxx Crosby

Souffrant de problèmes de consommation, Crosby s’est pris en main et a émergé comme l’un des meilleurs ailiers défensifs de la NFL. Crosby, grand meneur de la défense, a raconté que l’ailier rapproché partant du club, Darren Waller, qui mène le même combat que lui à l’extérieur du terrain, l’avait inspiré à changer le cours de sa vie.

Carr, lui, a franchi une nouvelle étape dans sa carrière, surtout au cours du dernier mois. Jouant avec énormément de conviction et d’assurance, il a été au sommet de sa forme dans les moments les plus importants. Le quart-arrière de 30 ans pourra enfin disputer le premier match éliminatoire de sa carrière, ce samedi. Il avait mené les Raiders en séries il y a cinq ans, mais avait été forcé de rater le match éliminatoire des siens, une défaite à Houston, en raison d’une fracture à une cheville.

Le début d’une grande carrière

Carr et les Raiders auront besoin d’une bonne performance de tous leurs joueurs à Cincinnati. En particulier de Crosby, de Waller, du porteur de ballon Josh Jacobs et d’un groupe d’ailiers espacés qui compte sur un effort collectif afin d’être productif. Ils auront besoin de tout leur monde parce que suivre le rythme contre Burrow et l’attaque des Bengals n’est jamais de tout repos.

S’il évite les blessures, Burrow, qui dispute sa deuxième saison, sera un quart de l’élite pour les 10 ou 15 prochaines années, ça ne fait aucun doute. Son coefficient d’efficacité de 108,3 a été le deuxième du circuit derrière celui d’Aaron Rodgers. Il a réussi 70,4 % de ses passes, un sommet de la ligue, et sa moyenne de 8,9 verges par passe a été un autre sommet. Et l’ancien des Tigers de LSU l’a fait derrière une ligne qui a continué d’en arracher et qui a permis à l’adversaire de totaliser 51 sacs à ses dépens.

PHOTO KATIE STRATMAN, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Ja'Marr Chase

Les Bengals auraient justement très bien pu choisir d’améliorer leur ligne avec leur première sélection de 2021, mais ont plutôt opté pour le receveur Ja’Marr Chase, qui avait été le coéquipier de Burrow à LSU. Une très bonne décision, comme on le sait : 81 attrapés, 1455 verges, 13 touchés et presque assurément le titre de recrue par excellence en attaque de l’année.

Mais il n’y a pas que Burrow et Chase chez les Bengals. Tee Higgins et Tyler Boyd ont terminé la saison avec 1091 et 828 verges aériennes et formeraient une bonne paire d’ailiers espacés sans Chase. Joe Mixon est l’un des demis offensifs les plus robustes de la ligue, mais a tout de même saisi 42 passes en plus d’avoir récolté 1205 verges au sol.

On savait que l’attaque des Bengals serait très bonne, mais la défense a fait du bon boulot dans la majorité de ses matchs, elle aussi. Obtenu sur le marché des joueurs autonomes, Trey Hendrickson a réussi 14 sacs tandis que l’autre ailier défensif partant, Sam Hubbard, en a ajouté 7,5. Ces deux joueurs représentent la principale force de la défense.

Les Raiders ont le vent en poupe et jouent avec beaucoup de confiance. On a toutefois vu qu’ils étaient vulnérables aux longues passes, dimanche dernier. Justin Herbert et les Chargers en ont réussi plusieurs en deuxième moitié de match. Contre Burrow et ses receveurs, ça risque d’être un problème.

À son premier match éliminatoire en carrière, Burrow devrait permettre aux Bengals de mettre fin à une gênante série de sept défaites en séries. Cincinnati n’a pas gagné un match éliminatoire depuis 31 ans.

Raiders de Las Vegas (10-7) c. Bengals de Cincinnati (10-7), ce samedi à 16 h 30

NOTRE PRÉDICTION : RAIDERS 23, BENGALS 28

Patriots c. Bills

Déjà de retour au sommet de leur division ?

PHOTO SAM NAVARRO, USA TODAY SPORTS

Mac Jones a connu une baisse de régime en fin de saison.

Moins de deux ans après le départ de Tom Brady, les Patriots de la Nouvelle-Angleterre sont de retour dans les éliminatoires. L’ajout de plusieurs bons vétérans sur le marché des joueurs autonomes, en mars dernier, jumelé à la sélection du quart-arrière Mac Jones au 15e rang du repêchage le mois suivant, n’a pas tardé à rapporter.

Les Pats seront-ils en mesure de redevenir les rois de l’Est de l’Américaine dès ce samedi ? Ils ont dominé la division durant deux décennies et pourraient reprendre leur trône après une absence d’un an en l’emportant à Buffalo.

Ils avaient été un tantinet chanceux d’y parvenir, avouons-le, mais les Patriots ont tout de même gagné à leur plus récente visite à Orchard Park, le 6 décembre. On se rappellera que le vent avait été un facteur majeur toute la soirée. L’équipe de Bill Belichick n’avait d’ailleurs opté que pour un total de trois passes dans sa victoire de 14-10.

Il faut dire que les Bills de Buffalo avaient été incapables d’arrêter le jeu de course des Pats. Les demis Damien Harris, Rhamondre Stevenson et Brandon Bolden avaient totalisé 217 verges au sol et réussi plusieurs longues courses.

Les Patriots auront vraisemblablement besoin d’un autre bon match de leur jeu au sol, ce samedi soir. Harris est l’as du groupe de demis, lui qui a inscrit 15 touchés cette saison. Harris et Stevenson sont des porteurs physiques, de sorte qu’il sera essentiel pour les Bills que leurs secondeurs Tremaine Edmunds et Matt Milano soient à la hauteur.

On s’attendait à de belles choses d’Edmunds, qui a été choisi au 16e rang du repêchage de 2018, mais jusqu’à maintenant, son jeu a été couci-couça et semble avoir plafonné. À sa quatrième saison, Edmunds n’a réussi aucun sac et a réussi seulement sept plaqués pour des pertes, ce qui est trop peu pour un joueur qui possède ses qualités athlétiques. Le moment serait bien choisi de se mettre en évidence.

PHOTO LYNNE SLADKY, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Damien Harris et Brandon Bolden

La tertiaire des Bills a perdu un très gros morceau lorsque Tre’Davious White a subi une déchirure ligamentaire à un genou en novembre. L’un des cinq meilleurs demis de coin du circuit, White est aussi le meilleur joueur défensif des Bills. La tertiaire reste bonne malgré l’absence de White, surtout grâce à la présence des demis de sûreté chevronnés Micah Hyde et Jordan Poyer, qui représentent la colonne vertébrale de l’unité.

Les Patriots possèdent un groupe de receveurs respectable avec les ailiers espacés Jakobi Meyers, qui a continué de s’améliorer cette saison, Kendrick Bourne et Nelson Agholor, de même que l’ailier rapproché Hunter Henry. Cela dit, la présence d’un receveur étoile aurait certainement rapporté en l’absence de White.

Baisse de régime

Mac Jones a été très dur envers lui-même après la défaite des Patriots à Miami, la semaine dernière. Il a essentiellement dit que sa performance avait été inacceptable et a assumé la responsabilité du revers aux mains des Dolphins.

Il est toutefois loin d’être anormal pour une recrue de connaître une baisse de régime en fin de saison, et c’est ce qui s’est produit dans le cas de Jones. À ses quatre dernières parties, il n’a réussi que 59,8 % de ses passes et a lancé pour six touchés contre cinq interceptions.

L’avenir est prometteur pour Jones, qui n’a pas fini de s’améliorer si l’on considère son éthique de travail et le sérieux qu’il démontre. Cela dit, il reste un jeune quart en apprentissage, et ce ne sera pas à lui d’aller éliminer les Bills en terre ennemie. En ce sens, le jeu au sol et, peut-être encore plus, la défense des Patriots devront exceller.

PHOTO RICH BARNES, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Josh Allen

La situation est fort différente du côté des Bills. Josh Allen a maintenant quatre saisons et quatre matchs éliminatoires derrière la cravate. C’est de toute évidence par lui que passe le succès des Bills, d’autant que le demi-offensif Devin Singletary et le jeu au sol de l’équipe sont inconstants.

Si Stefon Diggs, Cole Beasley, Emmanuel Sanders et Dawson Knox ne gagnent pas leur confrontation individuelle, les chances de l’emporter des Bills seront considérablement affaiblies. On peut présumer que Belichick et les Pats garderont deux demis de sûreté dans les zones profondes afin de tirer profit d’erreurs que pourrait commettre Allen. Mais si c’est trop souvent le cas, Allen pourrait en profiter pour obtenir des gains importants au sol. Il sera très intéressant de voir le plan de match défensif des Patriots.

Un peu comme Jones du côté de l’attaque, la défense des Patriots a été un peu moins bonne dans le sprint final. Elle devra probablement réussir quelques jeux clés afin de l’emporter, ce samedi soir. Matt Judon, J.C. Jackson, Devin McCourty, Kyle Dugger et Kyle Van Noy sont tous capables de changer l’allure d’un match à l’aide d’un « gros » jeu.

Belichick et Sean McDermott commencent à bien se connaître, eux qui s’affrontent deux fois par an (trois cette fois). McDermott est un très bon entraîneur, mais Belichick est le meilleur de l’histoire et il aura trouvé des façons de ralentir Allen et l’attaque des Bills.

De l’autre côté du ballon, la ligne offensive des Patriots gagnera sa bataille contre le front défensif des Bills, et le coordonnateur offensif Josh McDaniels aura dessiné quelques jeux qui étonneront l’adversaire comme c’est presque toujours le cas. Un match dont le suspense devrait demeurer jusqu’au dernier coup de sifflet.

Patriots de La Nouvelle-Angleterre (10-7) c. Bills de Buffalo (11-6), ce samedi à 20 h 15

NOTRE PRÉDICTION : PATRIOTS 26, BILLS 24