Personne ne devrait être surpris de voir l’équipe de Bill Belichick recommencer à gagner régulièrement. Cela dit, même les plus optimistes sont sûrement un peu étonnés d’un retour en force aussi rapide des Patriots de la Nouvelle-Angleterre.

Comme bien des gens, je m’attendais à ce que ça prenne au moins une année de plus avant que les Pats redeviennent un adversaire redoutable. Le temps que Mac Jones se familiarise avec les rangs professionnels et que la cuvée de joueurs autonomes embauchés l’hiver dernier trouve ses repères au sein d’une organisation différente de la plupart des autres. Une autre saison morte pour ajouter quelques joueurs autonomes de plus, puis des recrues au repêchage de 2022. Pas besoin.

Oui, les « méchants » Patriots sont déjà de retour. Grâce à leur actuelle série de cinq victoires, ils sont détenteurs d’une fiche de 7-4, la même que les Bills de Buffalo au premier rang de l’Est de l’Américaine. Les Bills ont démontré qu’ils demeuraient l’une des puissances du circuit avec leur domination de 31-6 des Saints, jeudi soir à La Nouvelle-Orléans, mais leur route vers un deuxième championnat de division consécutif sera plus difficile qu’on l’anticipait.

Les Pats et les Bills se retrouveront pour leurs deux affrontements annuels, le 6 décembre à Orchard Park, puis le 26 décembre à Foxborough. Deux rencontres qui promettent il va sans dire, et qui décideront vraisemblablement du champion de division si l’une des deux équipes parvenait à signer un doublé. L’équipe qui terminera au deuxième rang devrait malgré tout participer aux éliminatoires à titre de meilleure deuxième.

Mike Vrabel, entraîneur-chef des Titans du Tennessee, qui seront au Gillette Stadium dimanche pour y affronter les Patriots, a dit plus tôt cette semaine que l’édition actuelle des Pats lui rappelait drôlement celle d’il y a 20 ans. Vrabel est bien placé pour en savoir quelque chose puisqu’il faisait lui-même partie du club de 2001, qui a surpris l’Amérique entière en passant d’une équipe moribonde à des champions du Super Bowl en quelques mois. Très peu de gens connaissaient Tom Brady lorsqu’il a remplacé Drew Bledsoe en raison d’une blessure après quelques matchs au début de la saison de 2001, devons-nous rappeler.

Et c’est bien vrai qu’il y a des similitudes entre les deux éditions, à commencer par le quart-arrière. Loin de moi l’idée de comparer un quart ayant 11 départs derrière la cravate au grand Brady, mais si on  parle strictement de style de jeu, Jones est le quart-arrière sorti de la NCAA qui me faisait le plus penser à Brady au cours des deux dernières décennies.

À défaut d’être un grand athlète, Jones prend des décisions rapides, est un passeur précis, il commet peu d’erreurs et semble grandement motivé à constamment s’améliorer. Les recrues qui réussissent plus de 70 % de leurs passes comme le fait Jones sont extrêmement rares.

La ligne offensive des Pats est solide, l’équipe possède deux bons porteurs de ballon qui sont particulièrement difficiles à mettre au sol en Damien Harris et la recrue Rhamondre Stevenson, et le groupe de receveurs a été renfloué grâce aux acquisitions des ailiers rapprochés Hunter Henry et Jonnu Smith et des ailiers espacés Nelson Agholor et Kendrick Bourne.

Il ne manque plus grand-chose à l’attaque du coordonnateur Josh McDaniels. Peut-être un receveur numéro un ? Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que les Pats faisaient partie des équipes intéressées par Odell Beckham fils il y a quelques semaines.

Trois nouvelles étoiles en défense

Jones et l’attaque jouent bien, mais comme c’était le cas lorsqu’ils ont remporté leurs trois premières victoires au Super Bowl entre 2001 et 2004, la plus grande force des Patriots, c’est leur défense. L’unité devra poursuivre son bon boulot pour un certain temps avant de pouvoir être comparée à celle que formaient Vrabel, Ty Law, Richard Seymour, Willie McGinest, Rodney Harrison, Tedy Bruschi et Vince Wilfork, notamment. Mais elle joue extrêmement bien depuis le début de la saison.

Il y a quelques vétérans de longue date dans le groupe, comme Devin McCourty et Dont’a Hightower. Les nouveaux piliers sont toutefois trois joueurs qui font maintenant partie de l’élite de la NFL à leur position. J.C. Jackson occupe le deuxième rang de la ligue avec six interceptions et l’opportuniste demi de coin en totalise déjà 23 en trois saisons et demie ! À sa deuxième saison, Kyle Dugger se démarque quant à lui par son intelligence et sa robustesse et est déjà l’un des demis de sûreté les plus polyvalents du football américain.

Mais la pièce la plus importante est probablement Matthew Judon. Le secondeur extérieur était très bon chez les Ravens de Baltimore, mais on comprend mieux pourquoi Belichick et les Patriots ont choisi de lui accorder un contrat de quatre ans d’une valeur approximative de 55 millions en mars dernier. Avec les enseignements de Belichick, on le devine, Judon brille, et il a déjà établi un sommet personnel avec 10,5 sacs. Son nom devrait revenir dans les conversations pour le titre du meilleur joueur défensif.

Les deux fils de Belichick, Steve et Brian, sont respectivement les responsables des secondeurs extérieurs et des demis de sûreté. Celui avec la coupe Longueuil, c’est Steve… Officiellement, il n’y a pas de coordonnateur défensif, mais on soupçonne que c’est le bon vieux Bill qui a le dernier mot de ce côté du ballon, tandis que McDaniels est le grand responsable en attaque.

Après quelques années désastreuses comme entraîneur-chef des Lions de Detroit, Matt Patricia est de retour en Nouvelle-Angleterre, son titre officiel étant celui de conseiller football principal. Patricia exécute probablement les mêmes tâches qu’accomplissait Ernie Adams. Grand ami de Belichick et son bras droit depuis leurs années chez les Browns de Cleveland, Adams a pris sa retraite après la saison dernière.

Tom Brady a remporté son septième titre du Super Bowl en février dernier et pourrait en ajouter un huitième dans quelques mois. Ce succès rapide a incité certains petits rigolos à douter du gigantesque impact qu’a eu Belichick sur les succès des Patriots. Or, au cours de la prochaine décennie, il y a de très fortes chances que Belichick prouvera à son tour qu’il est capable de gagner sans Brady.

Les prédictions de Miguel Bujold

  • Pittsburgh c. Cincinnati : Pittsburgh
  • Tennessee c. Nouvelle-Angleterre : Nouvelle-Angleterre
  • Tampa Bay c. Indianapolis : Indianapolis
  • Caroline c. Miami : Caroline
  • Atlanta c. Jacksonville : Atlanta
  • Jets de New York c. Houston : Houston
  • Philadelphie c. Giants de New York : Giants de New York
  • Chargers de Los Angeles c. Denver : Denver
  • Rams de Los Angeles c. Green Bay : Rams de Los Angeles
  • Minnesota c. San Francisco : San Francisco
  • Cleveland c. Baltimore : Baltimore
  • Seattle c. Washington : Seattle
  • La semaine dernière : 9-5
  • Total de la saison : 91-62

Trois matchs à regarder

Tampa Bay c. Indianapolis, dimanche, 13 h

PHOTO ADRIAN KRAUS, ASSOCIATED PRESS

Jonathan Taylor, demi offensif des Colts d’Indianapolis

Il y a quelques matchs qui promettent, dimanche à 13 h, dont ceux opposant les Titans aux Patriots et les Steelers aux Bengals. La partie à Indianapolis devrait toutefois être un régal pour les amateurs. Après deux défaites de suite, Tom Brady et les Buccaneers ont ressemblé davantage à l’équipe dominante de la dernière année, lundi, mais c’était contre les Giants. Forts de leur écrasante victoire à Buffalo, Jonathan Taylor et les Colts représenteront un plus gros défi. Avec ses cinq touchés contre les Bills, Taylor s’est clairement positionné parmi les favoris au titre du joueur offensif par excellence. La confrontation entre l’excellente ligne offensive des Colts et le front défensif des Buccaneers sera intéressante, surtout si l’imposant Vita Vea (genou) est en uniforme.

Rams de Los Angeles c. Green Bay, dimanche, 16 h 25

PHOTO BRACE HEMMELGARN, USA TODAY SPORTS

Davante Adams, receveur de passes des Packers de Green Bay

Ces deux formations ont perdu à leur dernière sortie, ce qui rend cet affrontement encore plus important. Ultimement, celui-ci pourrait servir de bris d’égalité au sommet de la Nationale au terme du calendrier régulier. On présume que la défense des Rams offrira une meilleure performance qu’elle ne l’a fait lors de son dernier match face à San Francisco… Jalen Ramsey aura probablement la mission de contenir Davante Adams, alors qu’Aaron Donald et Von Miller tenteront de gêner Aaron Rodgers, qui joue en dépit d’une blessure à un orteil. Miller et Odell Beckham fils devraient contribuer un peu plus à leur deuxième match dans l’uniforme des Rams.

Cleveland c. Baltimore, dimanche, 20 h 20

PHOTO RON SCHWANE, ASSOCIATED PRESS

Baker Mayfield, quart-arrière des Browns de Cleveland

Lamar Jackson s’est dit parfaitement rétabli de la maladie qui lui a fait rater le match de la semaine dernière à Chicago. Quant à lui, Baker Mayfield, qui continue de jouer en dépit d’une blessure à l’épaule gauche, est de plus en plus critiqué à Cleveland. Rappelons que Mayfield et Jackson ont été le premier et le dernier choix du premier tour lors du repêchage de 2018. Si c’était à refaire, l’ordre serait inversé… Si les Browns nourrissent toujours l’espoir de terminer au premier rang du Nord de l’Américaine, ils devront probablement gagner leurs deux prochains matchs, qui sont tous deux curieusement contre Baltimore. Les Ravens seront à Cleveland dans deux semaines.