Si les Tiger-Cats devaient s’incliner devant les Roughriders de la Saskatchewan, samedi après-midi à Hamilton, on présume que le propriétaire des Alouettes, Garry Stern, et les dirigeants du club ne seront pas de très bonne humeur. En laissant filer une victoire qui semblait dans la poche, vendredi soir au stade Percival-Molson, les Alouettes ont perdu tout espoir de jouer la demi-finale de l’Est devant leurs partisans.

Les Alouettes menaient 18-3 en fin de deuxième quart lorsque Khari Jones a décidé de retirer William Stanback du match. C’est la recrue canadienne Jeshrun Antwi qui a pris la place de celui qui a été nommé le joueur par excellence de l’équipe en 2021.

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Au début du troisième quart, Antwi a commis son premier échappé, et le Rouge et Noir a réduit l’avance des Als à 18-11 peu de temps après. Grâce au jeu de leur défense, les Alouettes sont parvenus à conserver cette avance… jusqu’à ce qu’Antwi perde le ballon pour la deuxième fois, alors qu’il restait 2 min 37 s à jouer au quatrième quart.

PHOTO PASCAL RATTHÉ, COLLABORATION SPÉCIALE

Jeshrun Antwi (à gauche)

Le quart Caleb Evans a mené le Rouge et Noir jusqu’à la porte des buts des Alouettes avant de lui-même inscrire son deuxième touché du match avec une course d’une verge. L’entraîneur-chef Paul Lapolice a opté pour une tentative de deux points afin de gagner le match dès lors, et c’est ce qui s’est produit. Vite comme ça, le Rouge et Noir venait de remporter sa troisième victoire de la saison, 19-18, à la stupéfaction des 11 297 spectateurs.

Les Alouettes ont donc achevé leur saison avec une décevante fiche de 7-7. Ils auraient facilement pu gagner deux ou trois matchs de plus, mais ont multiplié les erreurs dans les mauvais moments durant toute la saison, qu’il s’agisse d’interceptions de Vernon Adams fils, de pénalités stupides et inutiles de la défense, de décisions douteuses de Khari Jones ou des échappés de Jeshrun Antwi, vendredi soir.

Jones a soutenu après la partie qu’il avait choisi de retirer Stanback du match parce qu’il s’était fait mal et que l’équipe voulait s’assurer de ne pas aggraver la blessure. Il ne regrettait pas son choix.

« Pas du tout. Il s’était blessé [knicked up], et on ne voulait pas empirer la situation. Jeshrun doit protéger le ballon et il le sait », a commenté Jones, qui n’avait jamais eu l’air aussi abattu depuis qu’il dirige les Alouettes.

C’est l’une de mes défaites les plus difficiles. Je ne suis pas heureux de la façon dont on a réagi ce soir.

Khari Jones, entraîneur-chef des Alouettes

Antwi a répondu aux questions des journalistes. Le porteur de ballon originaire de Calgary veut tirer une leçon de son match cauchemardesque.

« Ce fut une partie très difficile pour moi. Même si j’ai obtenu des verges au sol et par la passe [99 verges d’attaque], mes deux échappés ont coulé l’équipe, et le blâme me revient. Je vais apprendre de cette expérience et j’en serai meilleur à l’avenir. Je ne commettrai plus jamais deux échappés au cours d’un même match. »

Bonne performance de Harris

Si le jeune Antwi n’avait pas perdu le ballon une deuxième fois, l’histoire de la rencontre aurait été le jeu de Trevor Harris. Pour un deuxième match de suite, le quart des Alouettes a démontré d’impressionnantes qualités de passeur, terminant sa soirée avec 20 passes réussies en 26 tentatives pour 259 verges, deux touchés et aucune interception. Notons qu’à première vue, les six passes incomplètes de Harris semblaient toutes précises.

Sans Eugene Lewis, qui avait obtenu une soirée de congé en raison d’une blessure mineure, Harris a bien distribué le ballon alors que Jake Wieneke, Quan Bray, Reggie White fils et Dante Absher ont totalisé 16 attrapés et ont tous réussi de beaux jeux.

Wieneke a marqué les deux touchés des siens et a ainsi devancé Eugene Lewis au sommet de la LCF avec un total de 11. Lewis occupe le deuxième rang avec neuf.

« Trevor a été très solide. Il continue de se familiariser avec ses receveurs et il prend de bonnes décisions », a analysé Jones.

PHOTO PASCAL RATTHÉ, COLLABORATION SPÉCIALE

Trevor Harris

En partie à cause des revirements, l’attaque des Alouettes a toutefois été blanchie en deuxième demie. Harris n’a cependant pas voulu lancer la pierre à Antwi.

Nous avons tous commis des erreurs ce soir. C’est un sport d’équipe, on gagne et on perd en équipe. On n’a pas perdu à cause d’un seul jeu ou d’un seul joueur. Nous avons été incapables de tirer parti de certaines de nos chances.

Trevor Harris

Harris n’a pas tort. Si David Côté n’avait pas raté une transformation d’après-touché, les Alouettes auraient eu 19 points au tableau indicateur plutôt que 18. Si Patrick Levels et Greg Reid n’étaient pas entrés en collision, Levels aurait probablement mis fin au match en interceptant une passe d’Evans au quatrième quart. Mais comme cela a trop souvent été le cas cette saison, les Alouettes ont été incapables de fermer les livres.

Au bout du compte, il reste qu’il est très probable que Jones et ses hommes l’auraient emporté si Stanback n’avait pas quitté le jeu. Jones n’a pas voulu préciser la nature de la blessure de son demi-offensif. Or, si elle n’était pas sérieuse, Stanback aurait dû jouer, certainement après le premier échappé de Jeshrun. D’autant que Jones avait indiqué qu’il dirigerait le match pour le gagner et qu’il utiliserait tous les joueurs à sa disposition pour le faire.

Direction Hamilton

C’est un cadeau inespéré que viennent de recevoir les Tiger-Cats. Puisque leur match de samedi n’aura plus aucune incidence au classement, ils pourront reposer certains de leurs joueurs clés. Les Alouettes, eux, devront s’envoler vers Hamilton, samedi prochain, en prévision de leur match du lendemain. S’ils le remportent, ils visiteront ensuite Toronto pour la finale de l’Est, le 5 décembre.

C’est la route qu’on a prise. Pour se rendre où l’on veut, il faudra emprunter le chemin le plus difficile, mais je pense encore qu’on a l’équipe pour gagner.

Khari Jones

Et le pilote a raison. Les éléments sont en place pour connaître du succès chez les Alouettes. À un tel point qu’ils auraient dû être assurés de disputer la finale de l’Est à Montréal, le 5 décembre. Le fait de ne pas jouer un match éliminatoire à domicile est un dur coup pour l’organisation, sur le plan financier notamment.

Cette équipe a sous-performé cette saison, et Jones le sait mieux que quiconque. Heureusement, elle aura l’occasion de se faire pardonner à compter de dimanche prochain au Tim Hortons Field. Si elle perd à Hamilton, la saison 2021 ne pourra être considérée autrement que comme un échec.