L’engouement qu’a suscité l’arrivée d’Urban Meyer et de Trevor Lawrence à Jacksonville n’aura pas duré très longtemps. Rossés à leurs deux premiers matchs par les Texans de Houston et les Broncos de Denver, dont la fiche cumulative en 2020 a été de 9-23, les Jaguars semblent déjà se préparer pour une saison à oublier.

Meyer a pris les devants en sollicitant la patience et l’indulgence des partisans de l’équipe avec un message sur les réseaux sociaux. En gros, il a soutenu que l’équipe s’améliorerait et qu’il y aura des jours plus heureux à Duval, principal comté de Jacksonville.

Pourtant, le propriétaire des Jaguars, Shad Khan, avait indiqué qu’il n’y aurait pas de reconstruction et que son équipe gagnerait rapidement. Les rêves se concrétisent parfois, mais ça prend généralement plus qu’une ou deux personnes et une paire de lunettes roses pour gagner dans la NFL.

Meyer a connu la gloire dans le nord de la Floride en menant les Gators à deux titres nationaux (2006 et 2008) dans les rangs universitaires. Il a dirigé les Gators durant six saisons (2005 à 2010), puis les Buckeyes d’Ohio State durant sept saisons (2012 à 2018), remportant un autre championnat de la NCAA en 2014.

Étant adulé dans la région de Jacksonville, Meyer était à première vue le candidat tout désigné pour sortir les tristes Jaguars de leur marasme. Il tentera donc de changer la perception selon laquelle la très vaste majorité des entraîneurs-chefs qui passent de la NCAA à la NFL se cassent les dents.

Les plus perspicaces savent bien que c’est beaucoup plus qu’une perception. Steve Spurrier, Bobby Petrino et Nick Saban ne sont que trois des nombreux entraîneurs qui sont repartis au football scolaire la queue entre les jambes. Saban a gagné la finale de la NCAA six fois depuis qu’il dirige le Crimson Tide d’Alabama, mais les Dolphins de Miami n’ont même pas joué pour une moyenne de ,500 sous ses ordres (15-17).

La réalité, c’est qu’il y a la moitié des entraîneurs-chefs actuels de la NFL qui obtiendraient autant de succès que Saban avec un alignement comme celui d’Alabama. Bon an, mal an, le Crimson Tide envoie au moins une dizaine de ses joueurs dans la NFL et il y en a presque toujours cinq qui sont choisis au premier tour du repêchage. Facile d’écraser les rivaux…

Lorsqu’on gagne, le recrutement se fait presque tout seul. C’est simple, les jeunes qui doivent choisir leur université veulent gagner et s’amuser. On voit d’ailleurs le même phénomène chez nous avec le Rouge et Or et les Carabins.

Deuxio, l’argent n’est jamais un problème dans les plus gros programmes de football universitaire américains. On ne manque de rien. C’est très différent pour d’autres universités, qui sont parfois loin d’avoir les mêmes ressources.

Mais le facteur le plus important pour expliquer que certains entraîneurs soient incapables d’obtenir les mêmes résultats dans les rangs professionnels, c’est la différence quant à la relation avec les joueurs. Au lieu de donner des discours devant des jeunes qui n’ont rien à perdre et qui sont encore nourris d’une belle naïveté, on doit maintenant s’adresser à des hommes, multimillionnaires pour la plupart, qui veulent être traités en professionnels. Ils savent ce qu’ils doivent faire, ils n’ont plus besoin d’être pris par la main.

Selon des rumeurs qui ont circulé la semaine dernière, certains vétérans des Jaguars n’aimeraient d’ailleurs pas beaucoup jouer sous les ordres de Meyer. Dre’Mont Jones n’en est pas surpris.

« Je le [Meyer] connais bien. Je ne vais pas entrer dans les détails, mais je ne suis pas surpris », a lancé le joueur de ligne défensive des Broncos de Denver, qui a joué pour Meyer à Ohio State.

PHOTO SAM CRAFT, ARCHIVES SSOCIATED PRESS

Trevor Lawrence, quart-arrière des Jaguars de Jacksonville

Combien de temps ?

Comme il l’a lui-même dit, les Jaguars et leurs partisans devront s’armer de patience. Lawrence devrait devenir l’un des bons quarts-arrières de la NFL, mais il n’y a pas grand-chose d’autre dans cette équipe.

Mais Meyer a connu du succès avec plusieurs équipes différentes et est un bon entraîneur. Personne ne dira le contraire. Et certains entraîneurs ont été aussi bons dans la NFL que dans la NCAA, le plus bel exemple étant Jimmy Johhson, qui a été l’architecte de la dynastie des Cowboys de Dallas au début des années 1990.

Il n’est donc pas impossible que Meyer parvienne à élever les Jaguars. La question est peut-être plus de savoir s’il sera assez patient et tenace pour le faire.

Certaines personnes semblent en douter. Même s’il n’avait dirigé qu’un seul match des Jags, un journaliste a demandé à Meyer s’il deviendrait le prochain pilote des Trojans de l’USC, l’une des plus prestigieuses équipes de la NCAA qui est à la recherche de son prochain entraîneur-chef.

« Il n’y a aucune chance. Je suis ici et je me consacre à tenter de construire une bonne organisation », a répondu Meyer.

Peut-être. Mais on a déjà entendu ce genre de réponse à ce genre de question souvent. Après un certain temps, parfois très bref, il arrive que des entraîneurs préfèrent prendre la poudre d’escampette avant que leur belle réputation ne soit trop abîmée.

Parce qu’il est pas mal plus complexe de gagner lorsqu’il y a un plafond salarial, un repêchage et que les meilleures têtes de football du monde sont de l’autre côté du terrain.

Les prédictions de Miguel Bujold

  • Washington à Buffalo : Buffalo
  • Chicago à Cleveland : Cleveland
  • Baltimore à Detroit : Baltimore
  • Indianapolis au Tennessee : Tennessee
  • Chargers de L. A. à Kansas City : Kansas City
  • La Nouvelle-Orléans en Nouvelle-Angleterre : Nouvelle-Angleterre
  • Atlanta aux Giants de N. Y. : Giants de N. Y.
  • Cincinnati à Pittsburgh : Cincinnati
  • Arizona à Jacksonville : Arizona
  • Jets de N. Y. à Denver : Denver
  • Miami à Las Vegas : Las Vegas
  • Seattle au Minnesota : Minnesota
  • Tampa Bay aux Rams de L. A. : Rams de L. A.
  • Green Bay à San Francisco : San Francisco
  • Philadelphie à Dallas : Dallas
  • La semaine dernière : 10-5
  • Total de la saison : 16-14

Trois matchs à ne pas rater

Nouvelle-Orléans c. la Nouvelle-Angleterre, dimanche, 13 h

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Sean Payton, entraîneur-chef des Saints de La Nouvelle-Orléans

Drew Brees et Tom Brady ne sont plus avec les Saints et les Patriots, mais Sean Payton et Bill Belichick, si. Ces deux grandes têtes de football sont actuellement les deux entraîneurs-chefs ayant le plus d’ancienneté avec la même équipe. Après leur étonnante performance en lever de rideau, Jameis Winston et l’attaque des Saints ont été ramenés sur Terre par la jeune défense des Panthers, dimanche dernier. Marquez Callaway a été le seul ailier espacé de l’équipe à capter plus qu’une passe, lui qui en a saisi deux. Mais le plus inquiétant a été l’incapacité des Saints à gagner des verges au sol. Alvin Kamara a fini la partie avec cinq verges en huit courses. Vu la maigreur de leur groupe de receveurs, les Saints devront absolument être productifs au sol pour avoir du succès cette saison.

Tampa Bay c. Rams de Los Angeles, dimanche, 16 h 25

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Aaron Donald, des Rams de Los Angeles

C’est le match de la semaine et il sera encore plus intéressant si Antonio Brown ne le joue pas, lui qui a été déclaré positif à la COVID-19 en début de semaine. Grâce à l’excellent demi de coin Jalen Ramsey, la défense des Rams pourrait gagner sa bataille contre Tom Brady et sa collection de receveurs si Brown doit s’absenter. Encore plus si Aaron Donald est en mesure d’exercer de la pression sur Brady à l’intérieur. De l’autre côté du ballon, Matthew Stafford aura une première occasion de prouver qu’il peut vaincre des quarts-arrière de l’élite. L’ancien des Lions de Detroit connaît un très bon départ avec les Rams. Son coefficient d’efficacité de 127,0 est le troisième de la ligue derrière ceux de Russell Wilson (146,9) et de Patrick Mahomes (131,4).

Green Bay c. San Francisco, dimanche, 20 h 20

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Aaron Rodgers, quart-arrière des Packers de Green Bay

Aaron Rodgers et les Packers se sont mis en marche dans la deuxième demie de leur victoire contre les Lions, lundi soir, mais voyons voir ce que ça donnera contre une équipe de talent. L’absence du bloqueur à gauche David Bakhtiari pourrait être un problème contre Nick Bosa et le front défensif des 49ers, surtout que le deuxième joueur parmi les meilleurs de la ligne offensive, Elgton Jenkins, n’est pas certain de jouer également. Ça ne fera certainement pas verser des larmes aux Niners, qui doivent encore composer avec de nombreux joueurs à l’infirmerie. Au moment d’écrire ces lignes, les plaqueurs Arik Armstead et Javon Kinlaw, le demi de coin Emmanuel Moseley et les demis offensifs Elijah Mitchell et Trey Sermon étaient tous incertains de jouer.