Pour la première fois de son histoire, le tournoi éliminatoire de la NFL, qui s’amorcera samedi à 13 h, comprendra 14 équipes. Si les Chiefs de Kansas City et les Packers de Green Bay, qui ont terminé en tête de leur conférence respective, seront au repos, les 12 autres équipes joueront ce week-end. Voici notre analyse des trois matchs du samedi.

Colts d’Indianapolis c. Bills de Buffalo

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Le receveur des Bills John Brown (15) entouré du quart-arrière Josh Allen (17) et du porteur de ballon Zack Moss

Philip Rivers et les Colts doivent leur participation aux séries éliminatoires à l’équipe qu’ils affronteront au premier tour. N’eût été la victoire des Bills contre les Dolphins de Miami, dimanche dernier, les Colts seraient déjà en vacances.

Frank Reich était le quart réserviste des Bills lorsqu’ils dominaient la Conférence américaine au cours de la première moitié des années 1990. L’entraîneur-chef sera de retour à Orchard Park à la tête de l’une des équipes les mieux équilibrées de la NFL, mais qui aura la difficile mission d’en freiner une qui n’a pas perdu depuis la mi-novembre.

Non seulement les Bills ont-ils gagné leurs six dernières rencontres, ils l’ont fait par un écart de 10 points ou plus.

Le total de points dans ces six matchs a de quoi faire peur aux adversaires des Bills : 229-110. C’est presque un écart de 20 points par match !

N’eût été la passe miraculeuse de Kyler Murray à DeAndre Hopkins qui a permis aux Cardinals de l’Arizona de vaincre les Bills in extremis en novembre, ce sont plutôt 10 victoires de suite qu’auraient remportées les hommes de Sean McDermott.

La pièce manquante

Avez-vous déjà vu un joueur s’améliorer autant en deux ans que l’a fait Josh Allen depuis 2018 ? Allen et Aaron Rodgers ont sans contredit été les deux meilleurs quarts-arrières de la ligue dans la dernière ligne droite.

On le disait depuis un bon moment : il manquait clairement un receveur numéro un chez les Bills. À sa première saison à Buffalo, Stefon Diggs a mené la NFL avec 127 attrapés et 1535 verges.

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Stefon Diggs

Le jeu aérien des Bills reçoit toutefois des contributions notables d’autres receveurs. Cole Beasley risque cependant de rater le match contre Indianapolis en raison d’une blessure à une jambe après avoir établi des marques personnelles avec 82 attrapés et 967 verges.

Mais le remplaçant de Beasley, Isaiah McKenzie, a marqué deux touchés contre les Dolphins, dimanche dernier. Quant à lui, le vétéran John Brown demeure une constante menace pour le long jeu et la recrue Gabriel Davis a connu une bonne première saison sans qu’on parle beaucoup de lui avec 35 attrapés, 599 verges et 7 touchés.

Que Beasley soit en uniforme ou non, la défense des Colts devra élever son niveau de jeu d’un autre cran, samedi, elle qui a généralement bien fait cette saison. Afin de l’emporter samedi, il sera probablement essentiel pour les Colts de gagner la fameuse bataille des revirements.

Et la défense du coordonnateur Matt Eberflus est pleinement capable de le faire. Elle a totalisé 40 sacs et 15 interceptions en 2020, en plus d’avoir provoqué 14 échappés, dont 10 ont entraîné des revirements. DeForest Buckner, Darius Leonard, Kenny Moore II, Xavier Rhodes, Justin Houston et la recrue Julian Blackmon devront tous très bien jouer.

La retraite pour Rivers ?

Rivers dispute sa 17saison et n’a signé qu’un contrat d’un an lorsqu’il s’est joint aux Colts. La possibilité qu’il prenne sa retraite au terme de la saison ne peut donc pas être écartée. Rivers, qui a joué les 16 matchs réguliers de son équipe à chacune des 15 dernières années, n’a jamais participé à un Super Bowl, doit-on le rappeler.

Puisque Reich était le coordonnateur offensif des Eagles de Philadelphie avant de devenir l’entraîneur-chef des Colts, la possible acquisition de Carson Wentz durant la saison morte est l’un des scénarios qui ont été évoqués dernièrement.

Mais Rivers est encore en poste pour le moment et a la chance de jouer derrière l’une des bonnes lignes offensives de la ligue. La preuve, c’est qu’il n’a été victime que de 19 sacs cette année, même s’il est l’un des quarts les moins mobiles du circuit.

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Philip Rivers

Les Colts ont toutefois perdu les services d’Anthony Castonzo pour le reste de la saison en raison d’une blessure à une cheville et c’est donc Chaz Green qui protégera l’angle mort de Rivers en tant que bloqueur à gauche. Le reste de la ligne reste solide avec des joueurs comme Quenton Nelson, Braden Smith et Ryan Kelly.

T. Y. Hilton a connu une saison ordinaire, mais a marqué chacun de ses cinq touchés lors des six derniers matchs. L’attaque des Colts compte également beaucoup sur deux recrues, le porteur de ballon Jonathan Taylor et l’ailier espacé Michael Pittman fils.

Taylor a gagné 253 verges et a marqué deux touchés la semaine dernière. Il a terminé au troisième rang de la NFL avec 1169 verges au sol, maintenant une impressionnante moyenne de cinq verges par course.

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Jonathan Taylor (28)

Les Colts possèdent trois bons ailiers rapprochés en Jack Doyle, Mo Alie-Cox et Trey Burton, mais seul Doyle a joué dimanche dernier. S’ils sont en uniforme, ces joueurs joueront des rôles importants samedi après-midi, autant comme bloqueurs que receveurs.

La défense des Bills a connu ses meilleurs moments en fin de saison. Le demi de coin Tre’Davious White, le secondeur Tremaine Edmunds et le demi de sûreté Jordan Poyer font partie de l’élite de la ligue à leur position respective, tandis que la première ligne se distingue par sa profondeur.

Bien dirigés par Reich et ses adjoints, les Colts devraient leur offrir une bonne opposition, mais les Bills sont sur une lancée et devraient remporter leur première victoire en séries depuis 1995.

Notre prédiction : Colts 23, Bills 27

Samedi, 13 h, au Bills Stadium à Orchard Park

Colts d’Indianapolis

Fiche : 11-5
Points marqués : 451 (28,2 par match) – 9rang de la NFL
Points accordés : 362 (22,6 par match  – 10rang de la NFL

Bills de Buffalo

Fiche : 13-3
Points marqués : 501 (31,3 par match) – 2rang de la NFL
Points accordés : 375 (23,4 par match) –16rang de la NFL

Les trois derniers affrontements

21 octobre 2018 : Bills 5, Colts 37 (à Indianapolis)
10 décembre 2017 : Colts 7, Bills 13 (en prolongation) (à Buffalo)
13 septembre 2015 : Colts 14, Bills 27 (à Buffalo)
En séries : Il s’agira du premier match éliminatoire entre les deux équipes.

Rams de Los Angeles c. Seahawks de Seattle

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Le quart-arrière des Seahawks Russell Wilson (3) est victime d’un sac d’Aaron Donald des Rams lors d’un affrontement entre les deux équipes le 27 décembre.

La participation de Jared Goff au match de samedi après-midi (16 h 40) entre les Rams et les Seahawks à Seattle demeurait incertaine au moment d’écrire ces lignes. Mais même si le quart-arrière est à son poste, son efficacité risque d’être réduite par la fracture au pouce droit qu’il a subie il y a deux semaines.

Le second de Goff, John Wolford, a livré une performance acceptable à son premier départ en carrière dimanche dernier, suffisante afin de permettre aux siens de se classer pour les éliminatoires. Cela dit, on peut certainement douter de sa capacité de vaincre une équipe aguerrie comme celle des Seahawks dans un match éliminatoire alors qu’il n’a qu’un seul match d’expérience derrière lui.

Peu importe qui sera le quart, le jeu de passe des Rams devra être productif, car leur jeu au sol en arrache dernièrement en raison des blessures aux demis offensifs Cam Akers et Darrell Henderson, qui ont tous deux subi des entorses à une cheville. De retour au jeu après une absence d’un match, Akers n’a gagné que 34 verges en 21 courses la semaine dernière. Henderson n’affrontera pas les Seahawks, de sorte que le vétéran Malcolm Brown devrait obtenir un temps de jeu significatif.

Si la défense des Seahawks n’a pas à se soucier autant du jeu aérien des Rams que normalement, elle pourra se concentrer à neutraliser le jeu au sol de Sean McVay, qui a toujours quelques tours dans son sac.

L’entraîneur-chef utilise souvent ses receveurs avec créativité derrière la ligne de mêlée, principalement Robert Woods, qui a porté le ballon à 24 occasions cette saison.

Le meilleur joueur défensif des Seahawks ne sera pas à 100 % de sa forme s’il joue. Le demi de sûreté Jamal Adams, qui a totalisé 83 plaqués et 9,5 sacs en 12 matchs à sa première saison dans le nord-ouest des États-Unis, s’est blessé à une épaule dimanche dernier et pourrait même rater la rencontre.

La défense des Seahawks s’est améliorée en deuxième moitié de saison, mais reste tout de même vulnérable. À l’inverse, Russell Wilson et l’attaque, eux, ont considérablement régressé depuis le milieu de la saison.

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Jared Goff

Après avoir marqué 274 points en première moitié de saison, une moyenne d’un peu plus que 34 points par match, les Seahawks n’en ont inscrit que 185 en deuxième moitié, une moyenne légèrement supérieure à 23 par match.

On a pu observer une baisse de régime similaire chez Wilson. Le passeur a récolté plus de 260 verges par la passe dans sept de ses huit premières parties, mais n’a surpassé ce total qu’une seule fois à ses huit suivantes, un match de 263 verges contre les Giants de New York le 6 décembre.

Metcalf versus Ramsey

En deux matchs contre les Rams cette saison, D. K. Metcalf n’a totalisé que 87 verges par la passe et n’a marqué aucun touché. La raison est fort simple : il était couvert par le demi de coin Jalen Ramsey.

Les Rams continueront d’opposer Ramsey à Metcalf, ce qui devrait leur permettre d’utiliser une couverture double contre l’autre principal ailier espacé des Seahawks, Tyler Lockett. Les Rams voudront sûrement forcer les Seahawks à les battre avec d’autres joueurs que Metcalf et Lockett.

La défense des Rams a étonnamment excellé en 2020. Elle a terminé première pour les points (18,5 par match), les verges (281,9 par match) et contre la passe (190,7 verges par match) ; deuxième pour les sacs avec 53 ; et troisième contre la course (91,3 verges par match).

Ce succès est largement attribuable au coordonnateur défensif Brandon Staley, qui occupe ce poste depuis moins d’un an. Un ancien adjoint de Vic Fangio chez les Bears de Chicago et les Broncos de Denver, Staley a la chance de diriger deux joueurs d’exception en Ramsey et Aaron Donald, mais plusieurs des autres joueurs défensifs réguliers des Rams étaient méconnus au début de la saison.

Si Goff était en santé, leurs chances de l’emporter samedi seraient bonnes. Même s’ils ont gagné leurs quatre derniers matchs, les Seahawks ont rarement été convaincants depuis leur excellent début de campagne, qui s’était amorcée avec cinq victoires consécutives. Mais on voit mal comment Wolford, ou même Goff s’il est limité dans ce qu’il peut accomplir sur le terrain, pourrait venir à bout de Wilson dans un match éliminatoire.

Notre prédiction : Rams 14, Seahawks 20

Samedi, 16 h 40, au Lumen Field à Seattle

Rams de Los Angeles

Fiche : 10-6
Points marqués : 372 (23,3 par match) – 22rang de la NFL
Points accordés : 296 (18,5 par match) – 1er rang de la NFL

Seahawks de Seattle

Fiche : 12-4
Points marqués : 459 (28,7 par match) – 8rang de la NFL
Points accordés : 371 (23,2 par match) – 15rang de la NFL

Les trois derniers affrontements

27 décembre 2020 : Rams 9, Seahawks 20 (à Seattle)
15 novembre 2020 : Seahawks 16, Rams 23 (à Los Angeles)
8 décembre 2019 : Seahawks 12, Rams 28 (à Los Angeles)
En séries : Les Rams mènent la série 1-0.

Buccaneers de Tamps Bay c. l’équipe de Washington

PHOTO KIM KLEMENT, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Le quart-arrière des Buccaneers, Tom Brady

L’équipe sans nom de Washington est devenue la troisième de l’histoire à remporter le titre de sa division malgré une fiche perdante (7-9). Les Seahawks de Seattle en 2010 et les Panthers de la Caroline en 2014 avaient également terminé au premier rang de leur section avec des fiches de 7-9 et 7-8-1.

Ce n’est rien pour se péter les bretelles, mais dans le cas de Washington, on peut presque parler d’un exploit. En plus de la controverse entourant le nom du club, le propriétaire majoritaire de l’équipe, Daniel Snyder, est dans la tourmente après avoir été mêlé à plusieurs histoires pas très édifiantes. L’entraîneur-chef Ron Rivera a quant à lui appris qu’il souffrait d’un cancer de la peau tout juste avant le début de la saison et a suivi des traitements durant celle-ci sans rater une seule partie.

Au début du calendrier régulier, les trois quarts-arrières de l’équipe étaient Kyle Allen, Dwayne Haskins et Alex Smith. Allen a raté la deuxième moitié de saison en raison d’une horrible blessure à une jambe ; Haskins a récemment été libéré après plusieurs écarts de conduite à l’extérieur du terrain et pour son inefficacité sur celui-ci – moins de deux ans après avoir été un choix de premier tour ; et de retour au jeu après sa blessure à une jambe qui a nécessité 17 interventions chirurgicales il y a deux ans, Alex Smith a cette fois subi une blessure à un mollet qui a presque gâché la saison de l’équipe.

Smith a effectué un retour au jeu, dimanche dernier à Philadelphie, mais n’était visiblement pas à l’aise. On l’a vu grimacer de douleur à quelques reprises et il a lancé deux interceptions contre les Eagles.

PHOTO DERIK HAMILTON, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Alex Smith (11)

Rivera a d’ailleurs dit qu’il n’écartait pas la possibilité d’utiliser deux quarts contre les Buccaneers, samedi soir. Le réserviste de Smith est Taylor Heinicke, un quart de 27 ans qui n’a tenté que 77 passes depuis le début de sa carrière en 2017.

On ne donnerait pas cher de la peau de Washington si c’est Heinicke qui devait affronter Tom Brady.

Après trois mois de jeu inégal, Brady a été sensationnel dans le dernier quart de la saison, lançant 12 passes de touché contre une seule interception lors de ses quatre derniers matchs.

La présence de Mike Evans contre Washington est incertaine en raison d’une blessure à un genou, mais le groupe de receveurs à la disposition de Brady reste une force avec notamment Chris Godwin, Rob Gronkowski et Antonio Brown. Ce dernier a de loin connu son meilleur match dans l’uniforme des Bucs avec 11 attrapés pour 138 verges et 2 touchés le week-end dernier.

Il sera toutefois important que le jeu au sol des Bucs produise. La clé pour battre Brady a toujours été d’être en mesure de le presser sans avoir à utiliser le blitz trop souvent, et les Bucs seront opposés à l’un des bons fronts défensifs de la NFL. Si les Buccaneers lancent trop souvent le ballon, Chase Young et compagnie pourraient changer l’allure de la partie à eux seuls avec leur intensité et leur immense talent.

L’équipe de Washington devra obtenir un bon rendement de son jeu au sol, elle aussi. Le secondeur intérieur Devin White risque de devoir rater le rendez-vous en raison d’une infection à la COVID-19, ce qui pourrait permettre aux demis offensifs Antonio Gibson et J. D. McKissic de s’illustrer. La ligne offensive de Washington est solide, mais subira un bon test contre Jason Pierre-Paul, Ndamukong Suh et Shaquil Barrett, qui ont totalisé 23,5 sacs cette saison.

La formation de Rivera est plus talentueuse qu’on semble le croire et elle aurait pu donner de sérieux ennuis aux Buccaneers si Smith avait été guéri de sa blessure à un mollet. Mais au final, l’attaque de Washington sera incapable de tenir le rythme contre Brady et son arsenal.

Notre prédiction : Buccaneers 27, Washington 16

Samedi, 20 h 15, au FedExField à Landover

Buccaneers de Tampa Bay

Fiche : 11-5
Points marqués : 492 (30,8 par match) – 3rang de la NFL
Points accordés : 355 (22,2 par match) – 8rang de la NFL

L’équipe de Washington

Fiche : 7-9
Points marqués : 335 (20,9 par match) – 26rang de la NFL
Points accordés : 329 (20,6 par match) – 4rang de la NFL

Les trois derniers affrontements

11 novembre 2018 : Washington 16, Buccaneers 3 (à Tampa Bay)
25 octobre 2015 : Buccaneers 30, Washington 31 (à Washington)
16 novembre 2014 : Buccaneers 27, Washington 7 (à Washington)
En séries : Les deux équipes sont à égalité 1-1 l’une contre l’autre.