Les négociations en vue du renouvellement de la convention de travail sont amorcées depuis quelques semaines dans la Ligue canadienne de football (LCF). L'un des éléments qui auraient été abordés est le fameux ratio de joueurs nationaux partants, un point délicat pour les joueurs originaires du Canada.

Chacune des neuf équipes de la LCF doit compter sur sept partants canadiens lors des matchs. Selon Justin Dunk, du site spécialisé 3downnation.com, la Ligue et l'Association des joueurs discuteraient de la possibilité de diminuer ce nombre à cinq joueurs partants.

Comme vous l'aurez deviné, c'est un scénario qui ne plaît pas aux joueurs et hommes de football canadiens.

«Je trouve ça un peu intense. On est dans la Ligue canadienne, et ils veulent diminuer le nombre de joueurs canadiens - 7 joueurs sur 24 partants, ce n'est vraiment pas tant que ça», estime Martin Bédard, le spécialiste des longues remises des Alouettes, qui disputera sa 11e saison en 2019.

«Je suis totalement contre ça. À ce que je sache, c'est pour ça que ça s'appelle la Ligue canadienne», a commenté l'homme de football Jacques Dussault, qui a toujours défendu les joueurs de la province et du pays.

Aux yeux de Danny Maciocia, le ratio de joueurs canadiens que doivent respecter les équipes de la LCF permet à beaucoup de jeunes athlètes de viser une carrière professionnelle. Ce ne serait probablement pas le cas sans le ratio.

«Je ne sais pas tout ce qui se déroule dans les négociations actuellement, mais, personnellement, j'aime beaucoup le ratio. Ça donne de l'espoir aux étudiants-athlètes. Je ne sais pas si le nombre de joueurs canadiens obligatoires doit changer, mais, selon moi, le ratio est essentiel pour la Ligue canadienne», estime l'entraîneur-chef des Carabins de l'Université de Montréal.

«Est-ce que le bon nombre est cinq, six, sept ou huit, je ne le sais pas. Mais je pense qu'il est essentiel de protéger le contenu canadien, comme on l'appelle», a poursuivi Maciocia, qui aimerait par ailleurs voir un ratio similaire être instauré à l'extérieur de la surface de jeu.

«Je pense qu'il devrait y en avoir un pour les entraîneurs et les membres des opérations football dans la LCF, aussi.»

Inégalité salariale?

À la base, la grande majorité des joueurs américains comprennent l'importance d'avoir un mécanisme en place afin d'assurer une bonne représentation canadienne sur le terrain. Ce qui dérange un peu plus certains joueurs américains est l'inégalité salariale.

Certains joueurs réservistes canadiens font plus d'argent que des joueurs partants américains, ce qui s'explique par le fait qu'il est généralement plus facile de trouver des joueurs de talent américains.

«Qu'il y ait un ratio de joueurs canadiens, ça m'est égal. Vous pouvez avoir autant de Canadiens que vous le souhaitez, mais si l'un d'eux est mon réserviste, il ne devrait pas gagner plus d'argent que moi. Point final. On ne voit ça dans aucune autre ligue», a commenté Anthony Orange, un demi défensif américain, sur Twitter.

«J'ai vu la réaction de certains joueurs américains, et ça me déplaît. S'ils ne sont pas contents, il y a deux nouvelles ligues dans lesquelles ils pourront jouer aux États-Unis», a lancé Dussault.

Il est indéniable que les joueurs canadiens ont de façon générale de meilleurs salaires que les Américains. Et si la LCF veut garder ses meilleurs joueurs américains, les choses devront probablement changer avec l'arrivée de l'Alliance of American Football et la XFL, deuxième version.

Il est bien connu que les joueurs de ligne offensive canadiens sont particulièrement bien rémunérés. Parmi leurs sept partants canadiens, la plupart des équipes en comptent au moins quatre sur la ligne offensive.

«À l'exception des quarts-arrière et de quelques autres joueurs, ceux qui font le plus d'argent sont les joueurs de ligne offensive canadiens», a reconnu Maciocia, qui a eu à négocier des centaines de contrats lorsqu'il était le directeur général des Eskimos d'Edmonton.

C'est une question d'offre et de demande. Le nombre de joueurs de qualité étant moins élevé au Canada qu'aux États-Unis, les formations du circuit Ambrosie s'arrachent les meilleurs joueurs nationaux et doivent donc leur offrir des salaires attrayants.

«Généralement, plus le groupe de joueurs canadiens d'une équipe est fort dans la LCF, plus l'équipe sera forte», résume Martin Bédard.

La réaction des Canadiens qui défendent l'importance du ratio dans la LCF est compréhensible. Mais, en fin de compte, le ratio ne nuit-il pas au calibre du jeu? Est-ce que ce sont les amateurs qui y perdent au change?

Dussault ne croit pas qu'une diminution du ratio aurait un impact important sur la qualité du spectacle.

«Il n'y aurait pas une grosse différence [sur le plan] du calibre de jeu si on passait de sept partants canadiens à six ou cinq. Mais ça nuirait beaucoup aux joueurs universitaires qui rêvent de jouer professionnellement, par contre.»