Au bout du compte, Johnny Manziel a probablement eu ce qu'il souhaitait. En signant un contrat avec l'Express de Memphis, de l'Alliance of American Football (AAF), au cours du week-end dernier, le quart-arrière poursuivra sa carrière aux États-Unis.

La fin en queue de poisson du passage de Manziel chez les Alouettes et dans la LCF n'aurait dû surprendre personne. Manziel semblait sincère lorsqu'il a soutenu qu'il voulait disputer une deuxième saison à Montréal, en novembre dernier. Mais les choses ont selon toute vraisemblance changé au cours de l'hiver.

En ne respectant pas les conditions auxquelles il était soumis afin de pouvoir jouer dans la LCF, Manziel a forcé la main de la ligue, qui n'a ultimement eu d'autre choix que de lui montrer la porte de sortie.

Les Alouettes ont offert la possibilité de changer le cours des choses à Manziel. En se pliant à certaines de leurs exigences, il aurait eu l'occasion de rester dans la Ligue canadienne et avec les Alouettes. Sa réponse: non, merci.

Le commissaire de la LCF, Randy Ambrosie, et le directeur général des Alouettes, Kavis Reed, n'ont pas voulu préciser la nature de ce qui avait mené au départ de Manziel lorsqu'ils ont annoncé qu'il était banni du circuit. Mais il faut croire que ce n'était rien de majeur, puisque l'AAF lui a donné le feu vert pour jouer dans son circuit quelques semaines après la décision de la LCF.

«Nous sommes heureux d'accueillir Johnny Manziel dans l'Alliance of American Football, que l'on a toujours décrite comme une ligue qui donne des occasions à des joueurs talentueux qui veulent amorcer ou relancer leur carrière professionnelle», a commenté le cofondateur de l'AAF, Bill Polian, dans un communiqué de presse.

«Nous avons mené des recherches approfondies afin de déterminer s'il était approprié que Johhny joue cette saison, et après avoir discuté avec plusieurs personnes bien informées, nous avons conclu que ce serait bon pour lui de poursuivre sa carrière dans l'Alliance.»

Puisque Manziel est un Texan et qu'il a joué son football universitaire avec Texas A&M, ce sont les Commanders de San Antonio qui avaient les droits sur lui dans l'AAF. Les Commanders ont toutefois choisi de ne pas l'embaucher. Manziel est donc en quelque sorte passé par un système de «ballottage». Puisque l'Express était l'équipe avec la pire fiche du circuit, ils ont obtenu Manziel.

Sous les ordres de Singletary

L'Express a récemment perdu les services de son quart-arrière partant, Zach Mettenberger, ce qui devrait ouvrir la porte à Manziel, qui s'est déjà entraîné avec sa nouvelle équipe. La marge de manoeuvre de «Johnny Football» risque cependant d'être très petite, pour ne pas dire nulle.

Mike Sherman a été très patient avec Manziel chez les Alouettes. On pourrait même dire qu'il l'a protégé. L'entraîneur-chef avait lui-même recruté Manziel à l'Université Texas A&M et souhaitait manifestement le voir connaître du succès à Montréal.

Manziel n'aura probablement pas la même chance à Memphis. L'entraîneur-chef de l'Express, Mike Singletary, est d'abord et avant tout reconnu pour son intensité. L'ancien secondeur des Bears de Chicago et pilote des 49ers de San Francisco est particulièrement exigeant et n'acceptera pas de demi-mesures. Ce petit moment d'anthologie est là pour nous rappeler que Singletary ne souffre pas les joueurs individualistes et égoïstes.



Compensation pour les Als?

On a profité de la visite d'Ambrosie à Montréal, la semaine dernière, pour lui demander si les Alouettes allaient obtenir un choix compensatoire pour la perte de Manziel. Après tout, l'organisation a sacrifié deux premiers choix (en 2020 et en 2021) dans la transaction qui l'a amené à Montréal et n'a obtenu qu'une demi-saison de ses services en retour.

On a posé la question deux fois plutôt qu'une au commissaire, mais Ambrosie a répondu dans des termes vagues et ne s'est finalement pas prononcé.

Les Alouettes ne veulent provoquer aucune vague et soutiennent qu'ils comprenaient très bien les risques avant de faire l'acquisition de Manziel. Il n'en demeure pas moins qu'il est plutôt rare de voir un commissaire forcer l'une de ses équipes à se départir d'un joueur... sans qu'on sache trop pourquoi, en plus.

En ce sens, plutôt que de dire qu'ils comprenaient les risques rattachés à l'acquisition de Manziel, les Alouettes devraient insister pour recevoir une forme de dédommagement de la part de la LCF. Une ligue peut évidemment suspendre un joueur, mais forcer l'une de ses organisations de se défaire d'un joueur sur lequel elle mise comme c'était le cas pour les Alouettes avec Manziel? Très étrange, toute cette histoire.