Après une victoire d’étape au Tour de France et une récente deuxième place à la Course arctique de Norvège, Hugo Houle aurait pu surfer sur ses succès durant le reste de ce qui est déjà la meilleure saison de sa carrière. Mais il n’y aura pas de repos pour le guerrier.

Primo, les Grands Prix cyclistes de Québec et de Montréal de la semaine prochaine lui tiennent à cœur, d’autant qu’ils reprennent l’affiche après deux annulations dues au contexte sanitaire.

Secundo, son équipe, Israel-Premier Tech (IPT), a désespérément besoin de points pour éviter une relégation en deuxième division après une année de poisse et de petite misère.

« Il faut performer à Montréal, sinon on va être dans la marde », a convenu le cycliste québécois au milieu d’une entrevue jeudi midi dans un resto du Vieux-Montréal.

« C’est clair, net et précis. Si on ne marque pas de points ici, ça devient compliqué. On est à la maison, on a des commanditaires d’ici. L’équipe qui a la pression, c’est assurément nous. Il n’y a pas photo. Il faut livrer. Le temps file. »

La formation canado-israélienne débarque au Québec avec un effectif A+dont Houle fait partie. Sur le plan personnel, la pression est relative. À sa première saison sous les couleurs bleu et blanc, l’ex-membre d’Astana a surpassé les attentes.

D’abord considéré comme un équipier exemplaire, l’athlète de 31 ans s’est révélé un « marqueur » de premier plan. Il arrive d’ailleurs au cinquième rang d’IPT pour les points UCI amassés cette année derrière son ami Jakob Fuglsang, son compatriote Michael Woods, le finisseur italien Giacomo Nizzolo et le vétéran australien Simon Clarke, vainqueur de l’étape des pavés sur le dernier Tour.

À l’exception de Woods, victime d’une autre chute à la Vuelta il y a une dizaine de jours, ce sont toutes des recrues pour Israel-Premier Tech.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Portrait de Hugo Houle

De mon côté, j’ai fait ce que j’avais à faire. Je ne peux pas en faire plus. J’essaie de rester concentré, de faire le maximum. Mais c’est clair que l’équipe est sous une grosse pression actuellement.

Hugo Houle

Profitant de l’élan de son succès d’étape historique à Foix, le 19 juillet, le résident de Monaco a mis à profit sa forme exceptionnelle en se hissant sur la deuxième marche du podium en Norvège, à la mi-août. Il a raté le maillot jaune par une poignée de secondes à l’issue des quatre étapes.

Repos forcé avant les Grands Prix

Après une période de repos, Houle pensait redémarrer la machine à la Bretagne Classic-Ouest France, dimanche, mais une gastro-entérite l’avant-veille du départ l’a plutôt cloué à la maison.

« Ce n’était pas prévu que j’y sois, c’est moi qui avais demandé d’y aller. Dans les circonstances, j’ai pris la meilleure décision parce que j’avais besoin de récupérer. C’est sûr que j’aurais aimé faire cette course à Plouay pour me donner quelques références et me shaker un peu le body. Peut-être que je n’aurai pas été au top, mais à deux semaines des Grands Prix, ça m’aurait donné le petit “oumpf” dont j’ai besoin. »

En théorie, il aurait pu renouer avec la compétition à la nouvelle Classique cycliste du Maryland, dimanche, mais l’équipe a accepté qu’il fasse l’impasse pour mieux se reposer.

Houle s’adonnera plutôt à quelques séances derrière une moto avec son père pour recommencer les efforts plus soutenus cette fin de semaine.

Revenu au Québec lundi, une première en un an, il s’est installé chez ses parents à Drummondville. À l’entraînement, le natif de Sainte-Perpétue, village situé à une trentaine de kilomètres, redécouvre les « rangs sans fin de 15 kilomètres avec un bon vent de face ».

C’est le fun d’être sur mes parcours, plus relaxe, au Québec. J’en profite. Je n’ai pas la chance d’être là souvent. C’est un privilège de pouvoir passer quelques jours ici.

Hugo Houle

Houle n’a pas encore trop senti les effets de sa nouvelle notoriété, assurant passer « incognito à l’aéroport et à l’épicerie ». « Parfois, les gens me crient bravo [sur la route], mais sans plus. »

Il a évidemment des ambitions pour les classiques de Québec (9 septembre) et de Montréal (11 septembre), où il s’est respectivement classé 15e et 28e, des sommets personnels, à son dernier passage en 2019.

« Je suis prêt, en confiance, j’espère juste avoir les jambes que j’avais il y a trois semaines. On verra si le repos a porté ses fruits. L’entraînement a été fait et je suis plus curieux de voir ce que je peux faire, surtout à Montréal. La montée est un peu plus longue et je performe mieux qu’avant en montée. J’ai quand même progressé dans les trois dernières années. »

Chasse aux points

Houle ne s’éternisera pas dans la province. Moins de trois heures après la fin de l’épreuve montréalaise, il montera dans un avion pour Bruxelles, où l’attend une série de « petites courses » d’un jour la semaine suivante, dont le Grand Prix de Wallonie dès le mercredi.

En toute franchise, le cycliste n’en est pas très heureux, estimant que ce retour express en Europe pour chasser des points, « c’est un peu jouer au poker ».

Faire toutes ces courses en fin de saison, c’est lourd pour tout le monde. Je fais de mon mieux, mais je ne peux pas changer la situation de l’équipe à moi seul. Chacun doit être à un niveau attendu pour qu’on puisse tous ensemble faire la différence.

Hugo Houle

Houle devra même conclure sa saison à la Japan Cup, à la mi-octobre.

« Normalement, rendu là, quand tu as eu une belle saison comme la mienne, tu peux relaxer et on te laisse tranquille. Le scénario est différent. C’est vrai pour toutes les équipes qui sont en danger. Je le fais de bon gré, mais il y a une limite à ce que tu peux faire. Tu dois arriver frais et dispos aux courses. À un moment donné, comme tout le monde, je vais être fatigué moi aussi… »

En espérant que ce coup de pompe redouté ne survienne pas avant la tombée de la soirée le dimanche 11 sur le mont Royal.

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