Rarement un Grand Prix sans aucun dépassement impliquant les meneurs a-t-il été aussi passionnant que celui de Monaco, remporté dimanche de mains de maître par l'Allemand Sebastian Vettel.

Le pilote de l'équipe Red Bull a devancé dans un final haletant l'Espagnol Fernando Alonso (Ferrari) et l'Anglais Jenson Button (McLaren). Les trois pilotes avaient adopté des stratégies différentes - chacun ravitaillant un nombre différent de fois - et la course a été un long suspense.

«C'est sûrement l'une des plus belles victoires de ma carrière et c'est un honneur d'inscrire mon nom à la liste des grands pilotes qui ont gagné ici, a souligné Vettel après sa victoire. J'ai pris un bon départ, mais nous avons un peu raté le premier ravitaillement et Jenson (Button), qui était sur les super tendres, en a profité pour se sauver à un rythme incroyable, 14, 15 secondes, c'était fou.

«Nous avons raté notre chance de ravitailler quand la voiture de sécurité est intervenue la première fois (au 34e tour) et j'ai ensuite pensé que je n'avais une chance de gagner qu'en allant jusqu'au bout avec mes pneus...»

La course a failli prendre une tournure tragique à dix tours de l'arrivée quand les trois meneurs ont rejoint un groupe d'attardés. Dans la cohue, un accident impliquant Paul Di Resta (Force India), Lewis Hamilton (McLaren), Jaime Alguersuari (Toro Rosso) et Vitaly Petrov (Renault). Seul ce dernier a été légèrement blessé à une cheville, mais la course a dû être interrompue pour permettre aux secouristes de l'évacuer en toute sécurité.

Vettel, qui avait résisté 56 tours avec les mêmes pneus, a parfaitement géré la reprise de la course. «Cet arrêt de la course nous a permis de changer nos vieux pneus, tout le monde l'a fait, et cela m'a facilité les choses. C'est très difficile de passer ici...»

Auteur de six victoires en sept courses, désormais détaché en tête du Championnat du monde (58 points d'avance sur son second), l'Allemand est resté prudent. «C'est un excellent départ évidemment, mais la saison est encore longue et plusieurs choses peuvent arriver, comme on l'a vu l'an dernier. Mais nous avons justement beaucoup appris depuis quelques mois et nous savons à quoi nous attendre des prochains Grands Prix.»

Alonso était prêt à tout

Fernando Alonso, qui s'est arrêté deux fois, a longtemps été dans l'aileron de Vettel, mais il n'a jamais pu trouver l'ouverture en raison de la parfaite maîtrise du Champion du monde. «La première neutralisation nous a aidés, mais la seconde nous a sans doute enlevé toutes nos chances de gagner», a estimé le pilote de l'équipe Ferrari.

«J'étais revenu tout près de Sebastian et je me préparais à l'attaquer vraiment. C'est difficile de passer ici, on a 50% des chances de réussir et 50% des chances d'aller dans le mur. Mais nous sommes loin au championnat et j'aurais pris le risque!»

Button semblait avoir fait le pari gagnant en stoppant très tôt et en profitant de ses pneus extra tendres pour creuser un écart d'une quinzaine de secondes. L'intervention de la voiture de sécurité, juste après son deuxième arrêt, a saboté ses efforts.

«Ce n'est pas un mauvais résultat, mais j'aurais facilement pu remporter cette course, a-t-il dit. Je suis surtout déçu pour l'équipe, qui avait si bien préparé la course et dont tous les efforts ont été gâchés par la malchance. À la fin, j'étais bien placé pour voir la bataille entre ces deux-là (Vettel et Alonso) et j'espérais qu'ils s'envoient dans un mur, mais ce n'est pas arrivé...»

Passionnant en tête, le Grand Prix a aussi été palpitant à l'arrière. L'Australien Mark Webber a terminé quatrième après une remontée spectaculaire de la 14e place.

L'étonnant Kamui Kobayashi a offert à l'équipe Sauber une superbe cinquième place qu'il a évidemment dédiée à son coéquipier Sergio Perez, victime la veille d'un grave accident (voir autre texte).

L'Anglais Lewis Hamilton, sixième, a été l'un des grands animateurs de la course, pas toujours pour les bonnes raisons. Il a été impliqué dans plusieurs incidents, s'est accroché avec au moins trois concurrents, et a même été pénalisé quand il a provoqué un accident avec Felipe Massa. Hamilton aurait sans doute aussi pu être puni quand il a provoqué l'abandon de l'Argentin Pastor Maldonado (Williams), privant ainsi le jeune Argentin de ses premiers points au Championnat du monde.

Adrian Sutil (Force India), Nick Heidfeld (Renault), Rubens Barichello (Williams) et Sébastien Buemi (Toro Rosso) ont complété le classement des dix premiers.

Le prochain Grand Prix sera disputé le 12 juin, sur le circuit Gilles-Villeneuve à Montréal. En fin de journée, dimanche à Monaco, les équipes achevaient déjà de ranger le matériel qu'ils devront maintenant préparer pour le voyage au Canada. Et chez Red Bull, où les mécanos prenaient quand même le temps de célébrer dignement l'exploit de leur pilote vedette, on parlait déjà des soirées sur la rue Crescent...