Après une année 2007 prometteuse mais achevée de manière cauchemardesque, McLaren veut vite passer à autre chose pour redorer son blason et tenter de faire oublier les affres d'une saison qui a ébranlé la vénérable écurie britannique de Formule 1 jusque dans ses fondements.

Ron Dennis, le patron de l'écurie depuis 25 ans, devrait bien être aux commandes pour le Grand Prix d'Australie à Melbourne, le 16 mars, mais jamais il n'avait dû traverser pareille tempête. Des rumeurs insistantes sur son départ ont longtemps circulé.

Celui-ci a conduit son équipe à sept titres constructeur et neuf titres pilote mais il a été sérieusement affaibli par la regrettable affaire d'espionnage au détriment de Ferrari la saison passée. Pour une équipe qui souhaite renvoyer une image de fair-play et de distinction toute britannique, le scandale a été durement ressenti.

Déclassée du Championnat du monde constructeurs, qu'elle dominait largement, McLaren a ensuite vu ses deux pilotes lâcher le titre pour un petit point au soir de la dernière course. Un scénario des plus cruels !

Controverses

«Sur la piste, 2007 a été une année relativement bonne pour nous, tente pourtant de relativiser Ron Dennis. Au-delà des controverses qui ont fait les gros titres, du fait que ni Lewis Hamilton ni Fernando Alonso n'ont remporté le titre, ils ont quand même gagné beaucoup de courses et marqué beaucoup de points. Mais bon, il va sans dire qu'on espère faire mieux en 2008.»

Le président de McLaren a en tout cas fait amende honorable durant l'hiver et l'écurie britannique a promis de ne pas développer les pièces de la voiture nées de l'espionnage de Ferrari.

«Ce n'est pas grave, on trouvera d'autres moyens d'améliorer la voiture et d'avancer, estime Lewis Hamilton. L'équipe a toujours autant de détermination et si à la fin on arrive à gagner ce sera encore meilleur.»

En contrepartie, McLaren disposera cette saison d'un léger avantage sur la concurrence: c'est en effet le groupe McLaren Eletronic Systems qui produit les boîtiers électroniques standards («Secu») qui équipent toutes les voitures du plateau. L'écurie britannique connaît parfaitement ses systèmes alors que toutes ses concurrentes ont dû apprendre à s'en servir.

Un gain de temps appréciable pour les «flèches d'argent» qui ont mené une solide campagne d'essais cet hiver. La MP4-23 semble rapide et fiable, tout comme sa devancière, et McLaren devrait de nouveau lutter pour la victoire.

«Confiance»

«Les tests hivernaux se sont bien passés, on a une bonne voiture, très fiable, reprend Lewis Hamilton. On a facilement réussi à couvrir le kilométrage qu'on souhaitait (plus de 14 000 kilomètres en essais) et on a pris confiance en la voiture.»

La fiabilité a justement été un point fort pour les flèches d'argent la saison passée: elles n'ont abandonné aucune course sur problème mécanique. Les deux seuls retraits sont survenus après des sorties de piste, d'Alonso au Japon et d'Hamilton en Chine.

Les problèmes internes, notamment entre les deux pilotes, semblent également n'être plus qu'un mauvais souvenir depuis le départ de Fernando Alonso. L'Espagnol a été remplacé par le Finlandais Heikki Kovalainen, qui forme avec Hamilton un duo jeune et complémentaire.

«Il va me falloir démarrer la saison mieux que l'an dernier, je n'étais pas prêt, ni mentalement ni physiquement, avoue humblement Kovalainen. Cette saison je dois réussir ma première pole position, remporter ma première course avant de commencer à penser devenir champion du monde.»

L'écurie britannique ne semble en tout cas pas perturbée par le fait que son duo de pilotes est l'un des moins expérimentés du plateau. Hamilton et Kovalainen ne comptent que 34 courses de F1 à eux deux et seul le tandem de Toro Rosso compte moins de départs en Grand Prix (0 pour Sébastien Bourdais, 8 pour Sebastian Vettel).

Chez McLaren on la joue donc profil bas tout en espérant faire les gros titres. Uniquement grâce aux résultats sportifs cette fois.