Le décor était dramatique et l’enjeu l’était tout autant. Avec une défaite de chaque équipe canadienne la veille, les favoris locaux n’avaient presque pas droit à l’erreur, vendredi, lors de la dernière journée de la phase de groupes du tournoi Elite16 du Beach Pro Tour présenté au parc Jean-Drapeau. Ni la pluie, ni le vent, ni les orages n’ont pu gâcher le spectacle, alors que deux des trois équipes ont survécu au couperet.

Melissa Humana-Paredes et Brandie Wilkerson ont été accueillies comme des soldats rentrant au pays après leur deuxième rencontre de la journée, près de la zone mixte réservée aux médias. Grâce à ce gain en deux manches face aux Suissesses Esmée Böbner et Zoé Vergé-Dépré, le duo canadien a confirmé sa place au tour suivant.

« Merci d’être restés », a crié Humana-Paredes en formant un porte-voix avec ses mains.

« Vous êtes les meilleurs », a ajouté Wilkerson en saluant le public des deux mains.

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Melissa Humana-Paredes et Brandie Wilkerson saluent la foule.

Si les deux joueuses étaient à ce point ravies de voir tous ces visages émerveillés, c’est que les intempéries avaient forcé les officiels à suspendre leur match pendant environ 40 minutes au terme du premier set remporté 21-13 par les favorites.

À la reprise, à 22 h 15, au moins la moitié des spectateurs avaient quitté le court central. Au moins, les plus braves ont pu être témoins d’une démonstration sans faille.

Alors que la scène rappelait le film original de Blade Runner, la pluie était si épaisse qu’elle brouillait l’horizon. À la différence près que ce genre de moment n’allait pas être oublié comme des larmes dans la pluie. Et cette fois, Ridley Scott n’y était pour rien.

« Il fallait comprendre qu’on entrait dans un tout nouveau match. Les circonstances étaient différentes et il fallait presque recommencer à zéro », a raconté Wilkerson, encore un peu à bout de souffle.

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Brandie Wilkerson

Tout au long du match, les Canadiennes ont été intraitables, s’illustrant notamment grâce à une défense aiguisée. Elles étaient partout sur le terrain.

Un peu comme à leur première rencontre de la journée, contre les Australiennes Mariafe Artacho del Solar et Taliqua Clancy, Humana-Paredes et Wilkerson ont montré pourquoi elles devaient être prises au sérieux.

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Une joueuse australienne

« Nous ne sommes pas nécessairement en quête de perfection », avait appuyé Humana-Paredes au terme de cette rencontre, mais elles s’en sont rapprochées drôlement. Et ce dans les deux parties du jour.

Il est impossible de battre la quatrième équipe au classement mondial, médaillée d’argent olympique, qui plus est, en jouant de manière approximative.

« C’est une journée incroyable pour nous. On a pu battre deux excellentes équipes. Un autre tournoi commence demain et nous sommes prêtes pour ça. C’est quand même chouette de finir après 22 h, a avoué Humana-Paredes en regardant le téléphone en train d’enregistrer sa réponse, mais ça fait une grosse journée. On espère ne pas jouer trop tôt demain ! »

Ce samedi, donc, s’amorceront les qualifications pour la phase éliminatoire. Seules les premières au classement de chaque groupe s’assuraient d’une place en quarts de finale.

Pavan et McBain passent

Sarah Pavan est arrivée trempée près des journalistes, et son non-verbal traduisait un « je vous l’avais dit ».

Le duo canadien avait perdu son premier match contre les Américaines Julia Scoles et Betsi Flint en deux manches. Leur dernier duel du jour, face à Terese Cannon et Sarah Sponcil, allait déterminer laquelle des deux équipes passerait à la prochaine étape du tournoi.

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Sarah Pavan

Les Canadiennes, portées par une foule mouillée, mais dynamique, ont été tranchantes, notamment en deuxième manche. Elles avaient réponse à tout. Elles s’en sont tirées avec la victoire, parce que Pavan nous l’avait dit.

« Nous savions que nous devions gagner pour survivre, a-t-elle souligné après sa journée de travail. Et je pense qu’on joue de mieux en mieux plus le tournoi avance. Je suis très fière de nous et surtout de la manière dont on s’est battues. »

Sa coéquipière, Molly McBain, a noté une différence entre leurs performances de jeudi et celles de vendredi : « C’est le jour et la nuit entre hier et aujourd’hui, car on a su s’ajuster. »

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Molly McBain

Solide en défense, McBain a joué avec plus d’assurance que la veille. Sa partenaire, de 11 ans son aînée, a aussi semblé plus à l’aise et moins décontenancée sur le sable de l’île Sainte-Hélène : « On a senti le rythme changer et on est restées concentrées pour garder le contrôle. »

La fin pour Dearing et Schachter

Le duo masculin, pour sa part, a été la seule équipe canadienne à devoir plier bagage au terme de la troisième journée de compétition.

« À l’entraînement, c’est une question de centimètres, ici, c’est une question de pouces », a admis Dan Dearing après sa défaite en trois manches avec son partenaire Sam Schachter face aux Qataris Cherif Younousse et Ahmed Tijan.

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Le Qatari Cherif Younousse

Eux aussi ont mieux joué que la veille. Ils étaient de tous les combats, mais leurs rivaux récupéraient tout. Avec leur athlétisme et leur dextérité au filet, les Qataris, quatrième équipe au classement, ont eu raison des favoris locaux.

« On n’abandonne jamais, c’est notre dicton. On sait qu’on peut enfiler plusieurs points de suite contre les meilleures équipes et on l’a confirmé aujourd’hui », a évoqué Sam Schachter.

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Sam Schachter

La première défaite du jour, contre Pedro Solberg et Gustavo Carvalhaes, a cependant été plus difficile à avaler. En effet, comme les Brésiliens étaient issus des qualifications, les Canadiens étaient favoris pour remporter ce duel.

Ils l’ont finalement échappé en deux manches, chaudement disputées.

« On a identifié certaines faiblesses cette semaine sur lesquelles on pourra travailler. Il y a beaucoup de travail à faire, mais on est prêts », a conclu Schachter.