Si certains athlètes refusent de se projeter, de regarder trop loin en avant et de se fier au fameux « processus », Sara Hughes et Kelly Cheng refusent de cacher leur réelle ambition : une médaille d’or aux Jeux olympiques de Paris.

Les deux Californiennes n’étaient ni dépaysées ni effrayées par le climat caniculaire s’abattant sur Montréal pour le tournoi Elite16 du Beach Pro Tour.

Après des péripéties à l’aéroport et un horaire d’entraînement bousculé, Hughes et Cheng sont finalement parées pour poursuivre leur lancée aux abords du circuit Gilles-Villeneuve.

Le duo pointe au deuxième rang du classement mondial. Avec une victoire, deux podiums et six top cinq en six tournois sur le circuit, elles sont pleinement satisfaites de leur rendement depuis le début de la campagne, mais surtout de la manière avec laquelle elles ont acquis ces précieux points en cette année de qualification olympique.

« Notre but est de gagner chaque tournoi », explique Hughes.

Mais comme le rappelle Cheng rapidement, « notre but ultime est une médaille d’or à Paris. Notre objectif en ce moment est de construire les fondations pour pouvoir se rendre là. Les résultats viennent donc naturellement grâce à ça. »

Affirmer qu’elles ont complètement la tête en France, à un an des Jeux, serait faux. Entre-temps, elles doivent se qualifier et continuer de bien performer dans des tournois comme celui-ci de Montréal.

Hughes rappelle cependant « que d’avoir un but à long terme nous aide. »

Faire la paire

Hughes et Cheng ont été réunis en 2022, après cinq ans à avoir arpenté les terrains du monde entier avec d’autres partenaires.

La magie a opéré immédiatement. « Effectivement, c’est magique. Je ne pourrais pas dire d’où ça vient », souligne Cheng.

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Sara Hughes et Kelly Cheng

En fait, les deux partenaires avaient évolué ensemble à l’université South California, l’une des écoles les mieux réputées en volleyball de plage, jusqu’en 2017. Elles ont marqué l’histoire du programme avec une fiche de 147 victoires et quatre défaites dans l’uniforme bourgogne et jaune.

« La chimie était là à cette époque et je crois qu’elle n’est juste jamais disparue. C’était tellement chouette de pouvoir revenir ensemble. On a en commun l’amour du jeu, le désir de tout donner et un respect mutuel », poursuit l’athlète de 27 ans.

Pour Hughes, leur bonne entente tient principalement grâce à la passion qu’elle partage : « On aime tellement ce sport. Et on veut tellement gagner. Quand on saute sur le terrain, on va tout faire, à chaque point. »

Juste une statistique

Les Américaines semblent à peine réaliser à quel point leur rendement est exceptionnel. Après tout, elles occupent le deuxième rang du circuit le plus compétitif au monde.

« Je ne savais même pas qu’on était deuxièmes ! », avoue Cheng.

Pour Hughes, « c’est juste un chiffre. Une autre statistique. »

Par crainte de se créer des attentes inutiles, elles ne s’attardent jamais au classement. « Arriver dans un tournoi en tant que deuxième tête de série ne nous garantit aucun succès étant donné que le niveau est si relevé. On veut se concentrer davantage sur nos victoires que sur le classement que ça nous procure », précise Hughes.

Si elles n’en ont que faire des statistiques, élément qu’elles laissent à leur entraîneur, elles se soucient davantage des médailles.

Elles sont restées sur leur faim au dernier tournoi, à Gstaad, à la suite d’une défaite en finale, et elle souhaite retrouver le chemin de la victoire à Montréal. Mais pas à tout prix. Ce n’est pas parce que le casino est à proximité qu’elles veulent y aller all in.

« On veut une médaille d’or, bien sûr, mais on travaille à chaque tournoi surtout pour Paris. On doit prendre les victoires et les défaites, comme à Gstaad, et apprendre. C’est surtout ça », pense Hughes.

C’est donc dire qu’en attendant le coup de circuit, elles pensent au grand chelem. L’analogie sort des cadres du volleyball de plage, mais dans tous les cas, ça se conclue en triomphe sur du sable chaud et saccagé.