C’est l’été de tous les possibles pour Melissa Humana-Paredes et Brandie Wilkerson. Et le tournoi Elite 16 de Montréal tombe à point. Entre leur désir d’animer le spectacle et celui de conclure le tournoi avec l’or au cou, elles veulent également rendre ce tournoi mémorable. Pour elles-mêmes et pour les partisans.

Les Canadiennes sont débarquées dans la métropole lundi, comme c’est le cas à chaque tournoi, même si le prochain aura non seulement une saveur spéciale, mais tout à fait unique.

Rencontrées par la plateforme Zoom la semaine dernière, Humana-Paredes et Wilkerson se trouvaient toujours à Los Angeles, en préparation du tournoi Elite 16 du Beach Pro Tour organisé à Montréal.

À quelques jours de l’évènement, ce rendez-vous occupait toutes leurs pensées. Leur fébrilité « augmente un peu plus chaque jour », confie Wilkerson dans une camisole grise de son commanditaire Wilson.

« Je pourrais dire que je suis à 10 sur 10, justifie-t-elle pour quantifier son excitation, mais le tournoi n’est même pas encore commencé, donc je dois me laisser une marge. Mais je suis tellement excitée d’y être. Je suis sûre qu’en arrivant sur le site, je serai à 10 sur 10 et lorsque nous jouerons devant nos familles et nos amis, ce sera 1000 sur 10 ! »

Avec plus de retenue, Humana-Paredes tente de visualiser à quoi ressemblera leur premier duel. Pour elle, ce sera si beau qu’il est difficile de le concevoir : « J’essaie d’imaginer de quoi ça aura l’air et comment ça va sonner quand le stade sera plein. À 21 h, avec un central bondé, j’ai hâte de voir comment on va se sentir. »

Un grand moment

Ce tournoi réunira les meilleurs joueurs de volleyball de plage au monde. Le parc Jean-Drapeau deviendra momentanément la Mecque du volleyball de plage mondial. Là où tous les fidèles convergeront pour communier devant tant de somptuosité.

Au cours de la discussion, des mots comme « immense », « important », « intéressant » et « historique » ont été employés pour tenter de décrire le mieux possible le potentiel de l’évènement. Wilkerson n’a pas hésité à mettre l’accent sur le dernier : « Je crois que c’est légitime de dire que ça pourrait être un évènement historique. »

Principalement parce que ce tournoi fait partie du long processus menant à la compétition la plus prestigieuse d’entre toutes.

Nous sommes l’une des meilleures équipes au monde et nous compétitionnerons face aux meilleures équipes du monde. En plus, dans une année de qualifications olympiques. Ça donnera un avant-goût de ce à quoi ça ressemblera à Paris.

Brandie Wilkerson

Depuis l’annonce de la venue du Beach Pro Tour à Montréal, personne n’est parvenu, à travers les nombreux échanges, à se rappeler la dernière fois qu’un évènement de ce calibre et de cette envergure a été présenté au Canada. Et c’est probablement parce que ce n’est jamais arrivé.

« Je ne sais pas si les gens comprennent à quel point le calibre est relevé, lance Humana-Paredes en refaisant sa queue de cheval. Présentement, c’est le meilleur volleyball que je n’ai jamais vu. Nous sommes dans la plus belle et forte période de l’histoire du volleyball de plage. Ça n’a jamais été aussi physique, athlétique, dynamique, rapide, attirant et stratégique. Tous les matchs sont des batailles. »

Pour illustrer ce dont elle fait mention, la joueuse de 30 ans fait le comparatif suivant : « Si tu veux voir les meilleurs joueurs de basketball, tu vas voir la NBA. Si tu veux voir les meilleurs pilotes, tu vas voir la F1. Et le Beach Pro Tour, c’est l’équivalent pour le volleyball. C’est la crème de la crème. »

Ici pour gagner

Le duo canadien est présentement classé au 25e rang mondial. Il suffit toutefois de regarder quelques-uns de ses matchs pour s’apercevoir à quel point son classement n’est pas représentatif de la qualité de son jeu. Les joueuses ont disputé seulement cinq tournois sur le Beach Pro Tour depuis leur union, l’automne dernier. Chaque fois, elles ont terminé dans le top 5.

Elles ont d’ailleurs remporté le bronze à l’Elite 16 d’Ostrava, à la fin de mai, et l’or au Challenge de Jurmala, à la mi-juin. « Plus on passe de temps ensemble, plus on s’améliore », souligne Humana-Paredes.

Leur objectif cette semaine est donc très clair.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE INSTAGRAM DE BRANDIE WILKERSON

Brandie Wilkerson et Melissa Humana-Paredes ont emporté l’or au Challenge de Jurmala, à la mi-juin.

Ce qu’on veut, c’est gagner l’or à la maison. C’est ce qu’on souhaite et c’est ce pour quoi on travaille.

Melissa Humana-Paredes

Les choses se sont passées extrêmement vite depuis leur fusion au terme de la dernière saison. Même si elles n’avaient pas évolué ensemble depuis les rangs universitaires, la chimie s’est mise à opérer comme si elles ne s’étaient jamais séparées.

Il était toutefois difficile de juger à quel point elles allaient pouvoir rivaliser avec des paires jouant ensemble depuis au moins le dernier cycle olympique. Or, elles se sont senties à l’aise rapidement. Suffisamment pour estimer, en début de saison, pouvoir atteindre quelque chose comme leur plein potentiel autour de la date encerclée au crayon-feutre sur leur calendrier. Celle marquant le début du tournoi montréalais.

« On y croyait. On connaissait nos standards, mais évidemment, on en veut encore plus. Même qu’on aurait aimé arriver ici avec encore plus de médailles, si je suis franche. »

Contrairement à tous leurs tournois précédents, elles camperont un rôle différent. Celui de favorites locales. Néanmoins, la pression ne les effraie pas. Elles y carburent. Mais également « aux défis, aux attentes, aux exigences et aux plus gros objectifs », ajoute Wilkerson.

Il est néanmoins évident, pour Humana-Paredes, « que c’est toujours mieux de jouer devant une foule qui souhaite que tu réussisses ». « Ce sera comme avoir un autre coéquipier sur le terrain avec nous et c’est clair que ça nous aidera. »

Aider à quoi, ultimement ? Gagner, faire la promotion du volleyball de plage féminin au Canada ou rendre cette semaine inoubliable ?

Probablement un peu des trois.