Rien au monde ne pouvait présager une union aussi saine et fusionnelle entre Kristen Nuss et Taryn Kloth. Pourtant, les deux Américaines sont en train de se tailler une place de choix au sein de l’élite mondiale du volleyball de plage. Comme quoi, parfois, il suffit d’une étincelle pour allumer le brasier.

L’une vient de La Nouvelle-Orléans, en Louisiane, l’autre de Sioux Falls, au Dakota du Sud. L’une mesure cinq pieds et six pouces, l’autre fait six pieds et quatre pouces. L’une a les cheveux châtains, l’autre d’un blond angélique.

Même si elles ont grandi à plus de 18 heures de voiture l’une de l’autre, les destins de Nuss et de Kloth se sont croisés à l’Université Louisiana State. Elles partagent donc la même alma mater que Shaquille O’Neal et Joe Burrow.

Elles n’ont pas remporté le championnat de la NBA ou le trophée Heisman, mais les deux athlètes sont actuellement troisièmes au classement mondial de volleyball de plage.

Rencontrées après un entraînement dans le cadre du tournoi Elite16 du Beach Pro Tour, qui se terminera dimanche, les Américaines sont débarquées dans l’île Sainte-Hélène avec la ferme intention de remporter une troisième médaille d’or cette saison. « À tous les tournois, c’est l’or ou rien. Il faut que ce soit le but », évoque Nuss, portant le chandail de son équipe nationale.

Une chimie de qualité

« La magie a opéré dès le début », se souvient Kloth.

Le duo évolue ensemble depuis 2021, à sa sortie des rangs universitaires.

Deux ans plus tard, la chimie entre les deux joueuses est imperturbable. Sur un terrain, leur connexion ne fait aucun doute. En entrevue également.

La plus grande force communicationnelle d’une équipe de volleyball de plage reste justement de ne pas avoir besoin de se parler pour bien se comprendre. Et le duo est rendu à ce point charnière de sa relation.

Dès qu’elles ont partagé un terrain, « ça a marché », se rappelle Nuss. « Et c’est resté. On aime se complimenter et on est capables de se dire ce qui ne fonctionne pas. Elle est comme ma sœur. Quand tu te sers de cette proximité comme une arme sur le terrain, ça marche. On sera toujours là l’une pour l’autre. »

Kloth estime même être « en mesure de mieux calculer les attentes une envers l’autre ».

PHOTO ANTHONY ANEX, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Jusqu’à présent, tout va pour le mieux pour les Américaines. Un duo atypique, certes, mais qui a la capacité de transformer ses différences en idéal.

Elles entretiennent une relation similaire à l’extérieur du court. Même lorsqu’elles n’ont pas les deux pieds dans le sable, Nuss et Kloth sont inséparables.

« On peut voyager pendant 17 heures en avion, arriver dans un nouveau pays et le vivre presque comme des vacances pendant lesquelles on a des obligations, mais de chouettes obligations », se réjouit Nuss.

Sur la bonne voie

Jusqu’à présent, tout va pour le mieux pour les Américaines. Un duo atypique, certes, mais qui a la capacité de transformer ses différences en idéal.

Elles ont des identités divergentes lorsque le ballon est en jeu, principalement en raison de leur physionomie. Elles partagent toutefois la qualité, ou le défaut, de ne jamais être rassasiées.

« Même quand on monte sur le podium, le lendemain, on continue de s’entraîner et on travaille sur nos faiblesses. Nous ne sommes jamais satisfaites de notre niveau, même si on gagne l’or. Il y a tant à faire », estime Kloth.

Leur stratégie demeure relativement simple : rester dans le moment présent. Elles parlent du passé sur le bout de la langue et se regardent l’une et l’autre ne sachant trop quoi dire de l’avenir.

Malgré leur succès éclatant, le temps est une variable avec laquelle elles refusent de négocier pour le moment. « La saison est vraiment jeune et nous sommes encore au début du processus de qualifications olympiques », lâche Nuss.

Pour les biens de la cause, elles ont quand même tenu à revenir sur leur triomphe du début de saison, survenu à La Paz, en Bolivie. Dans la perspective de Kloth : « On savait qu’on pouvait compétitionner avec les meilleures équipes au monde, mais quand on a eu notre première victoire, ça confirmait qu’on pouvait non seulement compétitionner avec elles, mais aussi les battre. »

Ce qu’il manque maintenant pour grimper au classement, c’est un peu d’expérience, car « les autres filles jouent ensemble depuis des années », et plus de constance.

Un environnement agréable, mais hostile

Rares sont les tournois disputés en sol nord-américain. Pour l’occasion, les familles des deux athlètes viendront au parc Jean-Drapeau pour les voir de près. « C’est la première fois que nos parents vont faire le voyage pour nous voir jouer ensemble. On a juste fait un vol de trois heures et on se disait que ça ressemblait à un évènement local, mais sur le circuit international », estime Nuss. Qui, d’ailleurs, regrette légèrement de ne pas s’être inscrite à des cours de français pendant sa scolarité au cœur de sa Louisiane natale. « Mais j’y travaille ! », ajoute-t-elle.

Lors de leur premier match, jeudi soir, Nuss et Kloth affronteront les Canadiennes Sarah Pavan et Molly McBain. Ajouté au fait qu’elles sont nées au sud de la frontière, il y aura sans doute un peu d’animosité dans l’air.

« Je ne croyais pas qu’on était ennemies, je croyais que nous étions copains avec les Canadiens », lance Kloth avant d’éclater de rire lorsqu’on lui a fait la remarque.

« On sait que nous serons les mal-aimées », rappelle-t-elle néanmoins au sujet de leur premier affrontement.