D’un œil extérieur, le volleyball de plage américain se porte plutôt bien. Maintenant, vu de l’intérieur, il y a des raisons d’être optimiste, tout en demeurant réaliste vis-à-vis le fait qu’il reste encore beaucoup de travail à faire avant qu’il ne devienne un sport d’envergue.

En réalité, la qualité de jeu ne régresse jamais. Au contraire, chez les femmes, quatre des sept dernières médailles d’or olympiques ont été remportées par des représentantes du pays de Jill et Joe Biden.

En 2023, deux des trois meilleures équipes du Beach Pro Tour sont Américaines. En cinq évènements Elite16, les équipes des États-Unis ont gagné cinq médailles. Bref, les choses tournent plutôt bien pour le programme américain de volleyball de plage.

Rencontrées à Montréal dans le cadre de l’arrêt du Beach Pro Tour au parc Jean-Drapeau, les duos Hughes/Cheng et Kloth/Nuss ont été partantes pour brosser le portrait du programme duquel elles sont issues.

Le meilleur s’en vient

Selon Sara Hughes, la plus âgée des joueuses rencontrées, à 28 ans, « le volleyball de manière générale grandit très rapidement aux États-Unis. »

Le point tournant, selon elle et sa coéquipière Kelly Cheng, d’un an sa cadette, a été la création d’une ligue universitaire de qualité, au sein de la NCAA, en 2016. « On était dans les premières à jouer dans le programme universitaire. C’est très spécial pour nous, parce qu’on toujours voulu avoir un impact sur notre communauté », raconte Hughes, une ancienne de l’université South California.

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Sara Hughes et Kelly Cheng

Cheng appuie sans détour les dires de sa partenaire : « Le développement de la NCAA a eu un impact énorme. On a été dans un tournoi junior la semaine dernière et le niveau de jeu de ces joueuses est phénoménal. Je crois que les États-Unis auront des athlètes très talentueuses pendant encore très longtemps. »

Au Brésil, là où le volleyball de plage est une seconde nature, les équipes compétitives se comptent par dizaines sur la scène internationale. Tant chez les hommes que chez les femmes. En plus d’être nombreuses, elles sont talentueuses. Cheng est convaincue que les États-Unis peuvent aspirer à devenir une puissance similaire.

Il faut d’abord faire grandir le sport à l’intérieur même de la frontière, rappelle Hughes : « Ce sera extrêmement compétitif à l’intérieur même des États-Unis. Et ça nous poussera et forcera à devenir meilleures. »

Selon cette dernière, une seule chose pourrait servir de catapulte pour leur sport : une autre médaille d’or olympique. « Ça changerait tout. »

Tournant olympique

Le duo composé de Taryn Kloth et Kristen Nuss pose la même réflexion sur le sort du volleyball de plage américain : « Maintenant, il faut performer aux Olympiques, parce que c’est là que tout le monde nous regarde. C’est pourquoi on se bat pour une place là-bas », explique Kloth.

Leur sport est naturellement éclipsé par l’offre sportive délirante déjà en place au sud de la frontière.

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Kristen Nuss et Taryn Kloth

« Chez nous, ce sont les sports masculins qui dominent, comme le football et le baseball, et c’est ce qui attire le plus d’attention, donc le volleyball est presque invisible, poursuit l’athlète de 26 ans, avant d’entrevoir un peu de lumière. Aux Olympiques, c’est l’un des sports les plus regardés. Donc on croit qu’il y a là une occasion ! »

Avec une médaille d’or viendraient intérêt, visibilité et crédibilité, résume Nuss. « Ça fait aussi partie de notre but, de continuer à pousser notre sport après les olympiques. »

Pour le moment, comme l’ont expliqué leurs rivales et compatriotes, la NCAA sert de fondation nécessaire à l’expansion d’un sport dans lequel la qualité du spectacle et l’intérêt du public ne sont pas en corrélation.

« Avec la NCAA, le volleyball se développe de manière exponentielle », maintient Nuss.

Cela étant, la mission est de former des paires compétitives et de trouver des pépites un peu partout au pays pour permettre à des joueuses de progresser ensemble dès la sortie des rangs universitaires. Comme ce fut le cas pour Kloth et elle.

« Il y a tant de joueuses de talents. […] C’est l’un des ingrédients principaux. Plein de joueuses ont le potentiel de réussir, mais elles ne trouvent pas de partenaire. C’est un autre enjeu présentement. »

Un enjeu, donc, qui ne se réglera pas à Montréal cette semaine. Néanmoins, un potentiel triomphe pourrait consolider le fait que les États-Unis sont probablement le pays avec le plus grand potentiel d’ici les Jeux de Paris.