Deux ans après sa qualification surprise pour les Jeux olympiques de Tokyo, Katerine Savard a montré qu’il faudra encore compter sur elle au 100 m papillon pour les Jeux Paris, où elle visera l’an prochain une quatrième sélection inédite pour une nageuse canadienne.

Ralentie par des ennuis de santé durant l’hiver, l’athlète de 29 ans a usé de son expérience pour terminer deuxième de son épreuve de prédilection aux Essais canadiens de Toronto, mercredi soir.

Seule Maggie Mac Neil, médaillée d’or olympique en titre, a devancé la Québécoise dans cette course où les deux nageuses ont assuré leur place pour les Championnats du monde de Fukuoka, au Japon, l’été prochain.

« C’était l’objectif et je suis vraiment contente », a dit Savard au téléphone après sa nage de retour au calme et un massage.

Mine de rien, c’est quand même la 14e année que je fais l’équipe nationale. Je suis très fière de ça. Le temps est très bon aussi. La vie m’a donné quelques petits défis cette année, mais j’ai vraiment bien répondu à ça. Je suis très contente du travail qu’on a fait.

Katerine Savard

Fraîchement débarquée des Championnats de la NCAA, où elle a réalisé un record au 50 verges, Mac Neil a dominé la course en 56,54 s, un sommet mondial en 2023.

Deuxième des préliminaires, Savard a connu un excellent départ et maintenu la cadence pour franchir les deux longueurs en 57,81 s, soit une demi-seconde de mieux que le chrono minimal exigé par World Aquatics pour avoir deux représentantes du même pays dans une épreuve.

Encore mieux, elle a réussi le standard olympique déjà annoncé pour l’an prochain.

« C’est vraiment positif. C’est ce que j’avais en tête aujourd’hui. Plus je vais le faire, plus ça va me donner confiance. Là, je me le suis prouvé à moi-même. Ça ne garantit absolument rien, mais juste de me dire que je suis capable de passer sous ce standard, c’est rassurant. Surtout que je ne pense pas avoir été au sommet de ma forme ces derniers mois. »

PHOTO MICHAEL P. HALL, FOURNIE PAR NATATION CANADA

Maggie Mac Neil et Katerine Savard

Après l’épreuve, Savard et Mac Neil se sont fait une chaleureuse accolade. Manifestement, le courant passe entre les deux.

« On dirait que nager à côté d’elle, ça me rassure un peu, a acquiescé Savard. Je la connais et je sais la façon dont elle nage. Je m’entends super bien avec elle. Je suis très contente de faire l’équipe encore une fois avec elle. »

La papillonneuse du club CAMO n’avait pas été aussi rapide depuis les préliminaires des Jeux de Tokyo en juillet 2021. Son temps de 57,51 s lui avait permis d’atteindre la demi-finale.

Savard croit être en mesure de se rapprocher de ce chrono pour ses sixièmes Mondiaux en grand bassin l’été prochain au Japon.

« On parle de deux dixièmes. Deux dixièmes, ça représente quoi ? Une respiration de trop ? Honnêtement, je pense que c’est très possible. Rendu là, ce sont de petits détails techniques. Je me sens bien physiquement et mentalement. Je vais essayer de bâtir la confiance là-dessus. »

Je n’ai qu’à continuer à me battre et à répondre aux défis qui vont se présenter à moi.

Katerine Savard

L’entraîneur Greg Arkhust en a fait un objectif. « Revenir avec les meilleures, c’est ce qu’on veut, a-t-il annoncé. Mais les modalités vont forcément changer parce qu’elle n’a plus 18 ou 19 ans comme quand elle faisait ses meilleurs temps. Elle en a maintenant 29. Tu peux être meilleure en nageant un peu différemment, peut-être en partant un peu moins vite et en misant davantage sur le retour. »

Celui qui a pris le relais de Claude St-Jean après Tokyo a louangé l’engagement de l’ex-cinquième mondiale, estimant qu’elle a « amplement le niveau d’être finaliste olympique ».

« Elle a 29 ans sur sa carte d’identité, mais elle s’entraîne comme une junior. Elle arrive avec le sourire, elle s’amuse. Elle a ses petits moments de doute comme n’importe quelle athlète, mais elle est encore très fraîche. Le truc le plus cool, c’est que c’est une belle aventure humaine. C’est ce que je retiens. »

Savard replongera dès jeudi pour le 50 m libre, question de se mettre en mode vitesse en vue du 100 m du lendemain.

Après sa sixième place de la veille au 200 m brasse, Mary-Sophie Harvey a renoncé au 100 m papillon pour se reposer. Elle s’alignera au 200 QNI, sa principale épreuve, jeudi.

« Difficile, mais gratifiant »

Au 100 m papillon masculin, l’Ontarien Joshua Liendo a abaissé son propre record national pour remporter l’or en 50,36 s. Le médaillé de bronze des Mondiaux a devancé Ilya Kharun, un natif de Montréal qui a grandi à Las Vegas, lui aussi qualifié pour Fukuoka.

Eric Brown, de Pointe-Claire, y sera aussi, lui qui a réalisé le critère grâce à sa victoire et un record personnel au 800 m libre. Il l’avait raté par quatre dixièmes la veille au 400 m… Il s’était qualifié pour Budapest l’an dernier en eau libre.

« C’était difficile, mais néanmoins gratifiant, a déclaré le protégé de l’entraîneur Martin Gingras. C’est la première fois que je rencontre les critères en piscine, alors je suis très content. »

À noter la médaille d’argent de Loïc Courville-Fortin, de Repentigny, au 50 m dos.

En paranatation, Aurélie Rivard, qui n’a repris l’entraînement à temps plein qu’en janvier à Québec, s’est qualifiée pour les Mondiaux de Manchester en remportant le 400 m libre.

« Encore sous le choc »

PHOTO SCOTT GRANT, FOURNIE PAR NATATION CANADA

Summer McIntosh

Un peu moins de 24 heures après avoir réalisé un record mondial au 400 m libre, Summer McIntosh gardait son calme. La nageuse de 16 ans a profité de sa seule journée de congé des Essais pour rencontrer les médias virtuellement, une façon pour Natation Canada de l’exposer graduellement à toute l’attention qu’elle recevra dans la prochaine année et demie.

« Je ne m’attendais certainement pas à ça, a admis la Torontoise en fin d’après-midi mercredi. Je ne me concentre pas vraiment sur les records, mais honnêtement, c’est fondamentalement le rêve de tout athlète d’obtenir un record du monde et de réaliser quelque chose comme ça. Alors quand c’est arrivé… je pense que je suis encore sous le choc. C’était juste un moment tellement incroyable à partager avec tous les Canadiens dans les gradins et une partie de ma famille et mes amis. »

« Ce n’était certainement pas le plus facile de m’endormir, mais j’ai fini par y arriver », a ajouté celle qui loge à la résidence familiale pour la compétition. « Mais c’est une autre chose que j’ai vraiment essayé d’améliorer, juste de mettre mon cerveau neutre et de pouvoir récupérer complètement entre mes courses les plus importantes. »

McIntosh s’alignera jeudi au 200 m QNI, où elle revendique le meilleur temps d’inscription, devant la Québécoise Mary-Sophie Harvey.

Simon Drouin, La Presse