La comparaison avec Michael Phelps peut commencer. Summer McIntosh s’est montrée largement à la hauteur de l’engouement qui l’a précédée à la première journée des Essais canadiens de natation de Toronto, mardi soir.

À sa première finale, la nageuse de 16 ans a réalisé un record du monde au 400 m libre.

Dans une remarquable démonstration de maîtrise, de puissance et de vitesse, la vice-championne mondiale a franchi les huit longueurs dans un temps de 3 min 56 s 08.

L’Ontarienne d’Etobicoke a ainsi effacé des tablettes la marque détenue par la médaillée d’or olympique Ariarne Titmus, qui avait réussi un chrono de 3 min 56 s 40 aux Championnats australiens en mai 2022.

« Honnêtement, ce soir, je ne pensais pas que le record du monde était une possibilité, mais on ne sait jamais », a-t-elle réagi au micro de Natation Canada en reprenant son souffle quelques secondes après son exploit.

Je suis tellement reconnaissante envers mon entraîneur et tous ceux qui m’ont aidée tout au long du chemin pour arriver là où je suis aujourd’hui.

Summer McIntosh

McIntosh répondait aux questions de Britanny MacLean, dont elle avait battu le record national en préliminaires des Jeux olympiques de Tokyo en 2021.

« Chaque fois que vous avez la chance de compétitionner dans l’une de mes piscines locales, où je me suis entraînée pendant deux ans, et de concourir au Canada, il m’en reste toujours un peu plus pour terminer mes courses et les rendre fiers », a-t-elle ajouté avant de remercier ses parents qui la suivaient des gradins.

Habituellement très contenue, l’adolescente a ensuite fondu en larmes.

« C’est absolument incroyable », a-t-elle ajouté en zone mixte devant les journalistes présents. « Je ne suis pas une personne émotive. Mais j’ai été frappée par tellement d’émotions. C’est de la pure euphorie en ce moment. Je suis tellement reconnaissante envers tous ceux qui m’ont amenée à ce point. »

McIntosh est la fille de Jill Horstead, une nageuse qui a représenté le Canada aux Jeux de Los Angeles en 1984. Ses parents revenaient du Japon, où sa sœur aînée Brooke, 18 ans, a terminé 11e en couple avec Benjamin Mimar aux Championnats du monde de patinage artistique.

Le rapprochement avec Michael Phelps n’est pas tiré par les cheveux. Athlète olympique le plus médaillé de tous les temps, l’Américain avait pris le cinquième rang du 200 m aux Jeux de Sydney en 2000, alors qu’il n’avait que 15 ans.

Avec son entraîneur Bob Bowman, il avait fait le pari de battre le record du monde l’année suivante, ce qu’il a réussi.

« Cela m’époustoufle »

McIntosh, plus jeune membre de toute la délégation canadienne aux derniers Jeux de Tokyo, a fini quatrième en finale du 400 m à l’été 2021. Elle avait alors 14 ans. Son coach de l’époque, Ben Titley, n’avait pas sourcillé quand le nom de Phelps avait été évoqué dans une conversation avec La Presse.

Moins de deux ans plus tard, la voilà déjà la plus rapide de tous les temps sur 400 m. Avant mardi soir, son record personnel était de 3 min 59 s 32, ce qui lui avait valu la médaille d’argent derrière Titmus aux Jeux du Commonwealth.

PHOTO MICHAEL P. HALL, FOURNIE PAR NATATION CANADA

Summer McIntosh en action mardi

En mai 2022, Titmus a fait tomber le record mondial de l’Américaine Katie Ledecky (3 min 56 s 46), la meilleure crawleuse de tous les temps, que McIntosh a battue sur 200 m au début du mois à Fort Lauderdale.

En plus de sa médaille d’argent aux 400 m, McIntosh a également remporté l’or au 200 m papillon et au 400 m quatre nages individuel ainsi que le bronze au relais 4 x 200 m.

En entrevue avec La Presse la semaine dernière, Summer McIntosh ne semblait pas obsédée par l’idée de marquer l'histoire à l’image de Phelps. « Je n’ai pas vraiment de tels objectifs », avait-elle indiqué.

« Évidemment, j’ai toujours rêvé d’obtenir un record du monde, probablement davantage quand j’étais plus jeune. Maintenant, c’est plutôt : qu’est-ce que je peux faire au quotidien qui me fasse nager le plus vite possible ? Si c’est un record du monde, c’est un record du monde, et si ce ne l’est pas, ce ne l’est pas. »

La prestation historique de McIntosh est d’autant plus renversante qu’elle a été réussie alors qu’elle nageait seule en tête. Sa plus proche poursuivante, la jeune Ella Jansen, a terminé deuxième à plus de 12 secondes. Son excellent temps de 4 min 8 s 81 lui permet de se qualifier pour les Mondiaux de Fukuoka, au Japon, l’été prochain.

Après un séjour de deux ans au centre de haute de performance de Toronto, où elle s’est exécutée mardi, McIntosh est partie s’entraîner l’automne dernier à Sarasota, en Floride. Son entraîneur Brent Arckey l’accompagne pour les Essais.

Partie en 27 s 34, McIntosh a terminé tous ses 50 mètres en moins de 30 secondes, sauf les sixième et septième, où elle est passée deux dixièmes au-dessus. Elle a conclu en 29 s 98.

« Au cours des dernières années, j’ai mis ma vie là-dedans, a souligné celle qui détient maintenant cinq records mondiaux juniors. Pour être la meilleure possible. Réaliser quelque chose comme ça, c’était très inattendu. Ce n’était jamais dans mes rêves de faire ça ce soir ou même il y a quelques années. Cela m’époustoufle. »

Mary-Sophie Harvey a entamé les Essais en se classant sixième au 200 m brasse avec un record personnel de 2 min 27 s 67. La finaliste des derniers Championnats du monde de Budapest vise surtout le 200 m QNI disputé jeudi. Elle s’alignera au 100 m papillon mercredi, comme sa coéquipière Katerine Savard, semée deuxième derrière la championne olympique Maggie Mac Neil. Loïc Courville Fortin, de CAMO, a terminé sixième du 100 m dos après avoir établi un sommet personnel en préliminaires.