La Presse vous propose chaque semaine un témoignage qui vise à illustrer ce qui se passe réellement derrière la porte de la chambre à coucher, dans l’intimité, loin, bien loin des statistiques et des normes. Aujourd’hui : Bianca*, 42 ans

Bianca a passé 15 ans avec le père de ses enfants. Une petite éternité de « monotonie », avant de se séparer pour explorer, et plonger à pieds joints dans le libertinage avec un nouveau copain. Mais attention, pas forcément pour adopter ce mode de vie à tout jamais. Portrait d’une sexualité évolutive.

Commençons par le commencement. Bianca, 42 ans, nous a écrit cet été pour nous raconter sa « belle histoire », et puisqu’on aime ça, ici, les belles histoires, on a voulu la rencontrer, d’autant plus que son récit détonne par sa non-linéarité, vous verrez.

« J’ai rencontré le papa de mes enfants à 17 ans », débute la quadragénaire aux yeux verts et à la chevelure écarlate, attablée à la terrasse ensoleillée d’un Starbucks de Chambly. « Et puis je me suis mariée jeune. » C’était son deuxième partenaire sexuel et, non, ce n’était pas fameux. « C’était la monotonie au lit, confirme-t-elle. Poche. Sans piment, sans entrain. » Et pas qu’à cause de lui, puisqu’elle nous dit avoir à l’époque très peu de libido.

Contrairement aux idées reçues, c’est après l’arrivée des enfants que le vent tourne. Elle vient d’avoir 30 ans et une copine lui conseille de lire un certain Fifty Shades of Grey. « Oh mon Dieu ! Là, ma libido est revenue ! Oublie ça ! » D’ailleurs, son chum de l’époque ne la reconnaît carrément pas.

Et là je me suis dit : “Ce n’est pas vrai que je vais baiser tout le temps le même homme, dans la même position, dans ma chambre à coucher !”

Bianca, 42 ans

Elle se met en tête de se trouver un amant. « Je ne voulais pas briser le noyau familial », justifie-t-elle, même si, à ce jour, elle le sait : « C’est la pire chose que j’ai faite de ma vie. Je ne me le pardonnerai jamais ; en même temps, c’est incontrôlable… »

Parce que ce qui devait arriver arrive. En résumé, elle rencontre un type par le biais des activités des enfants, apprend que son couple bat de l’aile, bref, elle se laisse rapidement « charmer ». Quelques échanges de textos plus tard, elle finit dans son lit. Et puis ? « On est comme deux amants en manque, sourit-elle de plus belle. Je ne peux même pas le décrire ! » Quelques jours d’extase plus tard, son mari les surprend.

On vous épargne ici la crise et le divorce qui s’en suit, tout comme la séparation du type en question. Toujours est-il que nos deux amants se retrouvent rapidement en couple, une histoire de feu et de chimie sexuelle qui va durer six ans. « On tripe ! On baise matin, midi et soir ! »

Rapidement, ils cheminent en duo : « J’ai des fantasmes à vivre, poursuit-elle, lui aussi, alors on se dit : “On va les vivre ensemble !” »

À la question : « est-ce qu’on naît libertine ? », notre interlocutrice rougit et pouffe de rire. « Non, mais on apprend ! », répond-elle, d’un air entendu.

Et c’est exactement ce qu’ils font. Tranquillement, Bianca, qui était jusqu’ici du genre « pudique », à se couvrir après l’acte (ou à se mettre un sac de papier sur la tête dans un sex shop !), finit par s’inscrire avec son copain sur un site de libertinage. « Et on est all in ! » Coup de chance, ils rencontrent un couple qui les « initie » tranquillement, et les invite à poursuivre l’initiation dans des évènements coquins, ici et là dans des soirées privées organisées dans différentes villes en région. Et puis ? « On s’amuse ! », répond sommairement Bianca, qui ne s’épanchera pas sur les détails graphiques de leurs ébats.

Ensemble, son couple établit quelques règles du jeu : toujours dans la même pièce, jamais séparés, « on veut se voir ! » Question de se rassurer, comprend-on, et surtout de s’allumer ! « Quand je baise avec mon chum, je ne le vois pas, mais quand je le vois baiser une autre fille ? Je le trouve beau ! »

Bilan ? Positif.

Les gens qui manquent ça manquent vraiment quelque chose ! […] Charmer, être sur son trente-six, toujours dans le respect avec ton chum ! C’est sensuel et sexuel !

Bianca, 42 ans

Quand elle repense à ses années de disette, elle n’en revient toujours pas : « Ça n’a pas de bon sang ! J’ai rattrapé les années perdues ! »

Sauf que l’aventure fait son temps. Monsieur développe en parallèle un certain problème de consommation – pensez drogues et alcool, en quantité et en cachette –, et notre Bianca déchante, tranquillement, mais sûrement.

Ce qui devait arriver arrive (à nouveau !). Un soir, elle rencontre un énième type, appelons-le Roméo, qui la « charme » à son tour, comme elle dit, et surtout pas à moitié. « C’est le coup de foudre ! », sourit Bianca. Ils se mettent à échanger, il a en outre une plume « extraordinaire », et de fil en aiguille, elle finit dans son lit. Surprise : « Entre toi et moi, dit-elle tout bas, c’est poche ! » Avec le recul, elle comprend pourquoi : « C’est bizarre, mais avec les autres hommes que j’ai baisés, j’avais le contrôle. Lui ? Il veut contrôler ! »

N’empêche que ça ne refroidit pas ses ardeurs. Tout le contraire. En résumé : elle quitte ici son conjoint, et malgré ses débuts plutôt tièdes, elle s’embarque avec cette nouvelle flamme. Trois ans plus tard, elle est toujours en amour par-dessus la tête. « Ce type de personne, rayonne-t-elle, on rencontre ça une fois dans une vie. […] C’est le dernier homme de ma vie ! […] Il me comprend mieux que moi je me comprends. C’est extraordinaire ! » Oui, même au lit, confirme-t-elle.

On a appris à se connaître et maintenant… c’est extraordinaire !

Bianca, 42 ans

Ils communiquent comme jamais elle n’a communiqué, ont plein de trucs en commun, font des tas d’activités ensemble. « Et on se comprend sans se parler ! », insiste-t-elle.

Ce n’est pas tout : ils ont en outre décidé de mettre le libertinage en veilleuse. C’est que son Roméo est moins porté sur la chose, et surtout moins chaud à l’idée de la voir dans les bras d’un autre. Mais non, Bianca ne s’en fait pas. Nous y voilà. En fait, elle s’en fout. L’essentiel est ailleurs, devine-t-on. Et on devine juste. « Je suis prête à mettre une croix là-dessus, conclut-elle d’un vaste et convaincant sourire. J’ai en masse tripé. […] Et notre couple est super important. » Ils viennent d’ailleurs de se fiancer.

* Nom fictif, pour préserver son anonymat