(Montréal) Il est possible de soulager des problèmes de santé mentale comme l’anxiété et la dépression à l’aide d’interventions numériques, démontre une nouvelle revue de littérature publiée par des chercheurs de l’Université Laval.

Les interventions à l’aide de messages électroniques seraient les plus efficaces. Elles auraient un effet positif sur la dépression et l’anxiété, tout comme les interventions qui utilisent des sites web, la télésanté/télémédecine et des logiciels.

« Il y avait plusieurs formes d’intervention […], mais tout échange de messages avec son professionnel de la santé […] avait un effet sur la personne qui vit avec des problèmes de santé mentale », a dit Maxime Sasseville du VITAM, le Centre de recherche en santé durable de l’Université Laval.

M. Sasseville et ses collègues tirent leurs conclusions de l’analyse de 84 études regroupant un peu plus de 11 000 participants.

Ils ont constaté que les interventions qui combinent l’utilisation de la technologie et l’assistance d’un professionnel de la santé ont le plus grand effet sur les symptômes d’anxiété et de dépression.

Plus précisément, les interventions numériques qui étaient partiellement supportées par un professionnel de la santé ont eu plus d’effets bénéfiques que les interventions autoadministrées (sans le soutien d’un professionnel) pour l’anxiété et la dépression.

Toutefois, les interventions numériques entièrement guidées par un professionnel de la santé ont eu des effets bénéfiques pour l’anxiété, mais n’ont pas démontré d’effet pour la dépression. Les chercheurs notent en revanche le faible nombre d’études réalisées sur cet aspect.

« Ça nous a paru excessivement intéressant parce que ça nous montrait à la fois qu’on peut utiliser des technologies, mais on voyait un effet vraiment potentialisateur d’avoir un professionnel de la santé pour accompagner les patients qui utilisaient ces applications et ces technologies-là », a dit M. Sasseville.

L’un des principaux défis des interventions numériques autoadministrées en matière de santé mentale est de maintenir l’engagement et de réduire les abandons, rappellent les auteurs. Les interventions partiellement prises en charge atténuent ces difficultés, disent-ils, en améliorant l’interactivité et la personnalisation.

Le recours aux interventions numériques pour élargir l’accès aux soins de santé mentale a pris beaucoup d’ampleur pendant la pandémie de COVID-19, a rappelé M. Sasseville, puisqu’il a alors fallu trouver des réponses et des solutions rapides à plusieurs problèmes.

Mais maintenant que cette « boîte de Pandore » a été ouverte, et que des technologies ont été intégrées rapidement au système de santé, le moment est venu de faire le point, a dit M. Sasseville.

« Prenons par exemple un ministère ou un centre de santé qui voudrait intégrer une nouvelle technologie, qui fait affaire avec l’industrie, puis qui déciderait d’inclure une de ces solutions-là dans son offre de services, a illustré le chercheur. Ce type d’étude là peut réconforter et solidifier certains choix. Ça nous donne de bonnes indications d’efficacité avant d’intégrer une intervention dans le système de santé. »

L’utilisation de telles technologies peut être « très intéressante » pour la société, a-t-il ajouté, puisque cela pourrait permettre d’élargir la gamme de services à laquelle ont accès, par exemple, les résidents des régions éloignées ou encore les gens qui ont des problèmes de mobilité.

« Ce n’est pas une réponse à tout, a dit M. Sasseville. Mais en revenant à une certaine normalité post-pandémique, on peut voir une plus grande applicabilité à certains endroits. On commence à trouver un équilibre entre les contextes où on peut utiliser la technologie, alors que dans d’autres on peut rester à des interventions en personne. »

Il ne faut toutefois pas perdre de vue que tous n’ont pas un accès égal aux technologies nécessaires pour éventuellement profiter de services virtuels, a-t-il souligné en terminant.

Les conclusions de cette étude ont été publiées par la revue scientifique Systematic Reviews.