(New York) Sous la chaleur et avec un œil sur la grève à Hollywood, New York lance vendredi sa Fashion week printemps-été 2024 avec les retours sur ses podiums de la marque Helmut Lang et du poids lourd Ralph Lauren.

Les festivités ont déjà démarré, hors calendrier officiel, avec un défilé sensuel nourri de matières transparentes chez Coach jeudi soir, brièvement perturbé par l’organisation de défense des animaux Peta.

Dans le décor de la bibliothèque centrale de Manhattan et sous les yeux de la papesse de la mode Anna Wintour, assise à côté de Jennifer Lopez, une militante s’est infiltrée au milieu des mannequins, le corps nu et recouvert de peinture avec l’inscription « Coach : leather kills » (« Coach : le cuir tue »), suivie d’une autre tenant un panneau avec la même inscription.

Mercredi soir, fashionistas et célébrités (Naomi Campbell, Doja Cat, Naomi Osaka, Gigi Hadid) avaient déjà pu se retrouver dans la grande salle de spectacle du Manhattan Center pour la soirée Victoria’s Secret, autour du film que la marque de lingerie diffusera fin septembre sur Amazon Prime.

Le film, intitulé Victoria’s Secret The Tour 23, et qui met en valeur le travail de créatrices et artistes de Lagos, Londres, Bogota et Tokyo, doit se substituer aux fameux défilés de la marque, accusés de véhiculer l’image caricaturale d’une femme objet, et abandonnés en 2019.

Taxi jaune

Le calendrier officiel propose, lui, une pluie de jeunes talents et de marques émergentes, au milieu de noms confirmés et d’une poignée de poids lourds (Ralph Lauren, Michael Kors, 3.1 Phillip Lim, Altuzarra, Gabriela Hearst, Carolina Herrera, Tory Burch, Luar), la recette qui permet à New York de lancer le bal des semaines de la mode, avant Londres et les plus prisées, Milan et Paris.

Pour le directeur général du Conseil des créateurs de mode américains (CFDA), Steven Kolb, le programme souligne « la force de cette ville, en termes de pensée créatrice » et montre que New York reste « une pierre angulaire » de la mode.

Sous la chaleur moite de l’été new-yorkais, le coup d’envoi d’un marathon de six jours est donné vendredi après-midi dans le Lower East Side de Manhattan avec Helmut Lang, qui a marqué les années 1990 et 2000 grâce à l’esthétique minimaliste de l’artiste autrichien.

Helmut Lang le créateur a quitté la mode en 2005, mais Helmut Lang la marque a continué d’exister, rachetée par Prada, puis par le groupe japonais Fast Retailing, également propriétaire d’Uniqlo.

Elle revient sur les podiums de la Grosse Pomme avec une collection concoctée par son nouveau directeur artistique, Peter Do, considéré comme l’un des meilleurs talents de la mode new-yorkaise.

Le défilé est annoncé avec nostalgie, à travers l’image d’un taxi jaune, clin d’œil au fondateur, premier créateur de mode à mettre son nom en publicité sur les néons de ces véhicules à la fin des années 1990.

Moins de tapis rouges

Autre marque à faire son retour vendredi, mais à Brooklyn, où ont migré beaucoup de défilés, le géant Ralph Lauren, symbole du style « preppy » (BCBG) et incarnation par excellence de la mode américaine dans le monde, avec son chiffre d’affaires annuel de plus de 6 milliards de dollars. La marque du créateur né dans le Bronx ne défilait plus à New York depuis 2019.

La saison est marquée par la double grève des scénaristes et des acteurs d’Hollywood pour de meilleures rémunérations, réduisant à la portion congrue les tapis rouges pour des avant-premières, autant d’occasions perdues pour les marques d’habiller des vedettes et de le faire savoir.

« Les tapis rouges sont certainement un moyen de s’adresser au public », relativise Steven Kolb, mais les défilés et les contenus diffusés par les marques sur les réseaux sociaux vont « contribuer à une Fashion week vraiment sonore et visible », assure-t-il.