(Versailles) Le styliste français Jacquemus a investi lundi le parc du château de Versailles pour présenter sa collection inspirée de Lady Di et Marie-Antoinette, au bord de l’eau, devant des célébrités observant le défilé dans des barques.

Un long podium rouge est installé sur l’herbe, au bord du canal. Comme dans un tableau impressionniste, un effet voulu par le créateur.

Un site encore « plus radical » pour raconter une nouvelle histoire, explique Simon Porte Jacquemus, originaire de Provence, qui avait déjà organisé ses défilés dans un champ de blé ou de lavande ou sous une pluie de raphia.

Tout en restant « très Jacquemus » : on est « dans le vert, dans le paysage et pas dans les ors ».

Monica Bellucci, Eva Longoria, Adèle Exarchopoulos, Laetitia Casta, le couple Victoria et David Beckham et la mannequin Tina Kunakey arrivent sur le site et embarquent pour être amenés au « premier rang », côté eau.

« Un rêve »

PHOTO JULIEN DE ROSA, AGENCE FRANCE-PRESSE

Adèle Exarchopoulos (à gauche) en compagnie de la mannequin Tina Kunakey

« Quel lieu ! », s’exclame Monica Bellucci en tailleur-pantalon brun. « Un talent incroyable, un artiste ». 

« C’est un rêve » offert par le créateur « libre, indépendant et audacieux », résume Laetitia Casta, en robe blanche satinée.

La mannequin Gigi Hadid, juchée sur des talons, présente une tenue légère et transparente, en dentelle. Après le défilé, elle fait le tour du lac au volant d’une voiturette, provoquant des acclamations de fashionistas qui observent le défilé derrière les barrières.

Les robes bleu, blanc, rouge, courtes et transparentes sur le devant et ornées de longues traînes clôturent le défilé. « J’adore mon pays et j’en suis fier », dit le trentenaire aux 5,6 millions d’abonnés sur Instagram.

Comme depuis plusieurs saisons, le défilé mixte se déroule en dehors du calendrier officiel, au lendemain de la Fashion week masculine.

On y voit toutefois la principale tendance repérée à cette dernière : l’omniprésence de la peau, aussi bien pour les hommes que pour les femmes, avec des découpes, mini-jupes et transparences. La collection est pratiquement tout en blanc avec un peu de noir et de rose.

Elle est baptisée Le chouchou en référence aux volumes. Initialement elle devait s’appeler La culotte, mais « c’était moche » pour Versailles, s’amuse le styliste.

Des collants ajourés ou des bas aux genoux blancs avec une rose accessoirisent les looks féminins, plus théâtraux que d’habitude, décor oblige.

L’idée de la collection était de « mixer Lady Diana et Marie-Antoinette » et de faire quelque chose de moderne de « cette association bizarre », explique Jacquemus après le défilé, devant son tableau d’inspiration avec des photos de Lady Di.

« J’ai toujours été obsédé par Lady Di et j’ai commencé à collectionner les magazines des années 90, des couvertures de Vogue », raconte-t-il.

Une robe blanche à pois noirs ainsi que des silhouettes des années 80 de tailleurs et de bombers sont des « clins d’œil » à sa « princesse moderne préférée ».

L’abondance de tutus évoque la passion de Marie-Antoinette pour le ballet.

« Pas autorisé à tout le monde »

PHOTO JULIEN DE ROSA, AGENCE FRANCE-PRESSE

L’actrice et mannequin Laetitia Casta

« Je voulais quelque chose de très élégant, inspiré de ballet, même pour les hommes » qui portent des tutus avec des costumes ou des looks plus « casual » de pull et pantalon ample.

Il y a aussi des éléments de vêtements de travail comme des gilets à poches en tissu transparent, portés par le styliste lui-même.

« Il y a toujours de la magie avec Simon », commente à l’AFP Serge Carreira, maître de conférences à Sciences Po Paris, spécialiste du luxe et de la mode.

La musique de Michel Legrand pour le film Peau d’âne de 1970, qui accompagne le défilé, renforce le « côté fantastique et fantaisiste ».

« Il y a du rêve et du réel aussi, ce ne sont pas des vêtements déconnectés », estime Serge Carreira.

Jacquemus a commencé à créer la collection sans avoir l’autorisation de la présenter à Versailles. « C’était dur. Ce n’est pas autorisé à tout le monde de faire quelque chose à Versailles. Lors du premier rendez-vous on m’a dit que cela ne serait pas possible. Aujourd’hui, c’est fou, j’ai un an de contrat », confie Jacquemus en promettant « quelque chose de spécial » à venir.