La Presse décortique l’origine d’une tendance mode : d’où vient-elle et pourquoi émerge-t-elle ? Comment la porter ? Décryptage.

La tendance

Intemporel et classique, le tweed, ce tissu en laine cardée, refait surface chaque automne. Synonyme du retour de la saison froide, on le voit partout cette année : chez les fashionistas, les influenceurs et blogueurs mode, les designers… et dans les vitrines des boutiques (H & M, Château, Simons, Zara, Banana Republic, entre autres).

PHOTO TIRÉE DU SITE DE ZARA

Veste en tweed à carreaux, 99,90 $ chez Zara. 

Il est porté en total look, de la tête au pied, ou encore en petites touches, de façon plus déconstruite et plus décontractée. La version 2019 est aussi plus légère et souple que le tweed original. « Le vrai tweed est assez épais, dit Nandya Massa Pinto, styliste personnelle. Aujourd’hui, ce que l’on voit, c’est le look du tweed sans être nécessairement de la laine. Le tweed est imité : le tissu utilisé est de l’acrylique ou du polyester. Le look est le même ! »

D’où ça vient ?

Chaud et résistant, le tweed était d’abord porté par les hommes, des agriculteurs, artisans ou soldats. « On l’utilisait déjà dans les années 1800 en Écosse, explique Audrey Simard, styliste. Il était utilisé pour les uniformes. » Peu à peu, les femmes s’y sont intéressées. « En Écosse comme en Angleterre, les femmes ont commencé à piger dans la garde-robe de leurs maris, dit Louise Labrecque, styliste. C’était au tournant du XXsiècle, et les femmes voulaient s’émanciper. »

Dans ce courant, une femme, plus que toutes les autres, a osé : Coco Chanel. Elle a lancé en 1954 sa fameuse petite veste droite, à quatre poches, en tweed, qu’elle jumelle à une jupe portefeuille aussi en tweed. « Elle l’a démocratisée, précise Mme Simard, et cela est devenu la pièce iconique de Chanel. » Le succès a été instantané. Les stars de l’heure, de Brigitte Bardot à Romy Schneider, en passant par Jackie Kennedy, s’approprient la tendance et portent le tweed en toute occasion.

Au début des années 80, lorsqu’il prend la tête de la création de la maison Chanel, le designer Karl Lagerfeld va ramener le tweed à l’avant-scène. Il lui ajoute une touche avant-gardiste en optant pour un tweed coloré, allant des nuances acidulées jusqu’aux couleurs pastel. En 2015, dans sa collection printemps-été, Lagerfeld rend hommage à la pièce-phare de Chanel, mêlant cette fois streetwear et veston de tweed.

Pourquoi ?

Polyvalent, le tweed se porte à la fois de façon chic ou décontractée, en ensemble ou en pièce détachée. Bref, il fait partie de ces pièces-clés de la garde-robe, avec lesquelles on peut jouer en les assemblant à d’autres morceaux. « C’est un vêtement de caractère, un vêtement qui a une âme et une personnalité », indique Louise Labrecque, propriétaire de l’Académie Avec Style.

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À la fois chic et décontracté, le tweed fait partie de ces pièces-clés de la garde-robe.

Pour Audrey Simard, qui se définit comme une « fan finie de tweed », le tweed fait partie des basiques, tout comme le chemisier blanc, les escarpins, la robe noire, le pantalon noir classique et le jeans. « Avec ces quelques pièces, les possibilités de mix and match sont nombreuses ! », s’exclame celle qui est à la tête de l’entreprise Les Relookeuses. Elle rappelle également que les tendances actuelles relèvent beaucoup de la mode des années 90 : « On est dans une époque vintage dans laquelle on ressort beaucoup les tendances d’autrefois. »

On l’essaie ?

Pourquoi pas ? Si on souhaite y aller prudemment, on ose le tweed classique, par exemple le motif pied de poule noir et blanc, qu’on agence à un jeans foncé et un t-shirt. « On peut aussi enfiler un tailleur de couleur sur un ensemble monochrome, suggère Nandya Massa Pinto, de l’agence Raffiné. Ou encore, on opte pour une veste à carreaux noir et rose. »

La bonne idée : miser sur la déconstruction et le petit côté rebelle. « Il faut briser le code classique associé au tweed, croit Louise Labrecque, en le portant par exemple avec un jeans, des bottes de combat ou un foulard qui reprend une couleur de la veste. »