Pardonnez le titre trompeur. Ceci n’est pas un texte de recettes. Encore moins de trucs et astuces. Mais plutôt de réflexions. De nuances. Ah oui : et de bienveillance, surtout.

Bref, un manuel de survie, oui, mais différent.

C’est la conclusion qui nous vient spontanément à l’esprit à la lecture du très drôle, éclairant et déculpabilisant Survivre à l’adolescence et plus encore…, publié ces jours-ci chez Parfum d’encre. Un énième titre sur le sujet, certes, mais loin des ouvrages d’experts habituels. Notamment en raison du ton complice, établi d’emblée par l’autrice, Julie Champagne, journaliste et rédactrice en chef du magazine Curium, par ailleurs mère de deux enfants (un adolescent et une autre « en formation »), sans oublier la touche d’humour apportée par les dessins sentis de Sylvain Cabot, habile illustrateur qui vous décrochera plusieurs fous rires, garanti.

ILLUSTRATION SYLVAIN CABOT

Tiré de Survivre à l’adolescence et plus encore…

« Je les aime, les adolescents », lance d’entrée de jeu l’autrice, rencontrée dans un skatepark de son quartier. « J’aime leur énergie […], leurs émotions exacerbées, ils ne sont pas cyniques, pas blasés, ils veulent changer le monde ! Et puis je me retrouve aussi dans leurs maladresses… », dit en souriant celle à qui l’on doit déjà Survivre à la grossesse et Survivre à la parentalité.

Si elle a voulu écrire ce nouveau guide, c’est que « le public lui plaît », elle le connaît (et lui parle mensuellement par l’entremise de son magazine), mais aussi parce qu’elle avait envie de proposer autre chose.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Julie Champagne

J’avais envie de proposer un discours plus nuancé, dans la bienveillance, dans l’humour, aussi, parce qu’il est important de dédramatiser.

Julie Champagne, journaliste et autrice

Et contrairement à la panoplie d’ouvrages déjà publiés sur le sujet, Julie Champagne avait envie ici d’être connectée à la réalité. Sa réalité. Et la nôtre au passage.

Réflexions, questionnements

Un exemple ? Probablement le plus parlant : le chapitre sur la génération numérique. On connaît tous, en effet, les recommandations en matière du fameux et sacro-saint « temps d’écran ». On sait par ailleurs tous qu’elles sont aussi irréalistes qu’impraticables. Quotidiennement et honteusement transgressées. Pour cause : « c’est la première génération qui a grandi avec un écran dans les mains, explique Julie Champagne. Mais il y a des questions qui nous dépassent. Oui, il faut mettre des limites, mettre un cadre, mais cela ne repose pas que sur nos épaules. Il y a quelque chose de plus grand qui se passe ». Bref, limiter le « temps d’écran » ne veut pas dire grand-chose quand on sait que ce temps implique dans les faits un tas de trucs variés : des devoirs aux jeux en passant par la recherche et la communication avec les amis. Et l’information, aussi !

Une fois cela dit, on fait quoi ? Julie Champagne prend ici un temps d’arrêt : « Ce sont des réflexions, surtout, des questionnements. C’est dur ! » Quand on parlait du ton complice, ce n’était pas qu’à l’écrit…

Entre autres « solutions », ou pistes à explorer (et ce sont les pistes qui reviennent d’ailleurs tout au long de l’ouvrage, des premiers signes de puberté au départ du nid familial en passant par la sexualité), elle suggère ceci : échanger, discuter, trouver un compromis.

ILLUSTRATION SYLVAIN CABOT

Tiré de Survivre à l’adolescence et plus encore…

L’évidence même ? Sans doute, mais qu’on a tendance à oublier.

Si tu veux que ton adolescent te parle des grandes choses, il faut que tu écoutes quand il te parle aussi des petites choses.

Julie Champagne, journaliste et autrice

« Si chaque fois qu’il vient me parler de la dernière vidéo sur TikTok, je lève les yeux au ciel, illustre l’autrice, ça se peut que quand il vit de réels défis, il ne se tourne pas vers moi… » Touché.

Entre autres sujets « connectés », on trouve notamment un top 10 des phrases qui rebutent un ado, un guide du savoir-boire, mais aussi tout un chapitre de « coaching parental », pour aider les parents à guider leurs ados vers l’autonomie, la gestion des conflits et, bien sûr, la gestion des émotions (!).

Parlant d’émotions, Julie Champagne n’en peut plus du discours ambiant, « diabolisant » les adolescents. On les dit téméraires, insolents, paresseux, « mais on oublie qu’ils vivent les plus gros bouleversements de leur vie ! », rappelle-t-elle. À noter que cet éclairage scientifique des « coulisses » du cerveau des ados n’est pas innocent. Il permet de dédramatiser bien des situations. Tenez : « ces sautes d’humeur, ces décisions irréfléchies, ce n’est pas contre nous ! Leur cerveau est formaté comme ça ! » Noté ?

Survivre à l’adolescence et plus encore...

Survivre à l’adolescence et plus encore...

Parfum d’encre

184 pages